coles du Cambrésis et de l’Artois, une riche bordure de contrastes
géographiques : le Pays Minier, le Bas-Pays Flamand, la « Fosse »
Boulonnaise.
Les plaines d’Arras et de Cambrai passent au pays minier de Lens,
de Douai et de Denain sans contraste physique violent. Au Nord de
la Sensée, la craie se continue pour aller plus loin s’enfoncer sous
les sables et les argiles du Bassin d’Orchies ; les plaines se fondent
insensiblement dans les plaines (Pl. I), doucement inclinées vers le
Nord-Est, lentement drainées par la Scarpe et l’Escaut. Seule, une analyse
minutieuse du pays permet d’isoler des nuances. Au Nord et au
Sud de la Sensée, entre Douai et Bouchain comme entre Arras et
Cambrai, la surface ,de la craie porte quelques collines sablonneuses
aux contours aplatis qui dépassent peu le niveau de la plaine ; au Sud
de la Scarpe, presque toutes ces buttes sont couronnées par des bouquets
de bois ; au Nord, près de Douai, elles se montrent dépourvues
d arbres : cette circonstance accroît encore l’impression triste de
ces étendues sans mouvement, sans eau, couvertes de champs de
betteraves au milieu desquelles émergent çà et là les cheminées
d’usines. Entre Arras et Lens, la nuance est tout aussi délicate;
jadis elle fut plus énergique; car, naguère encore, tout ce territoire
de craie nue, boueux en hiver et rocailleux en, été, tour à tour
détrempé par les pluies et brûlé par le soleil, qu’on appelait la
Gohelle1, contrastait avec les plaines limoneuses d’Arras couvertes
de riches récoltés ; mais depuis cinquante ans, le travail humain l’a
transformé; ses récoltes ne le cèdent pas aux plus belles ; et, n ’était
la craie que parfois la charrue met au jour, on aurait peine à croire
qu autrefois la nature du sol avait créé un autre aspect des lieux ; de
1 ancien état de choses, il reste seulement une platitude de relief
absolue, sans un creux, sans une vallée; une faiblesse de pente telle
qu il a suffi d un canal de moulin pour détourner la Scarpe de son
chemin naturel qui la portait vers Bouchain et la dériver vers Douai.
Mais ces différences légères seraient incapables de créer un contraste
réel entre les plaines de Lens et de Douai et les campagnes d’Arras
et de Cambrai.
L’élément décisif de la différenciation, c’est lamine, c’est l’usine.
1. La Gohelle paraît être comme « l’Arrouaise et la Thelle » un ancien territoire
forestier qui s étendait sur Acheville, Aix, Arleux, Bois-Bernard, Bouvignies, Boyeffles,
Builly, Drocourt, Fresnoy, Gavrelle, Givenchy, Gouy, Servins, Hersin, Noulette, Rou-
vroy, Sains, Wimy. On trouve des lieux dits «. en le gohelle » jusqu’à Thélus et Bailleul
Sire Berthoud. Cf. Courtois, 392, p. 91-92. Selon Ricouart, Mêm. Acad, Arras, XX, 1889,
p. 165-166, la Gohelle ne serait pas un « essart », mais un « riez » c’est-à-dire une éten-
ue crayeuse, sans arbres, sans eau. L’origine du mot paraît celtique. On le retrouve*
dans un lieu dit à Cagny, près d’Amiens (Roux, 586, p. 343).
ü, ENTRE WESTREHEM ET ACCHY-AU-RolS, AU NoRD-EsT DE F ruG