qualité de ses terres argileuses et profondes et réputé pour ses belles
cultures ; nous avons ailleurs l’exemple du même fait dans le Yimeu,
le Vexin, la France.
Il n en est pas de même du Ponthieu1. Son nom ne vient pas
comme Artois ou bien Amiénois du nom d’une ville qui permettrait
au moins d en localiser le centre ; il paraît avoir désigné la région
maritime de la cité d’Amiens, comme l’Ostrevent constituait la
marche orientale de la cité d’Arras : il viendrait d’un adjectif bas latin
s appliquant à la région littorale. Son extension primitive s’accorde
avec cette désignation imprécise ; à l’époque de Clovis un grand
duché englobait la région côtière comprise entre l’Escaut et la Seine
sous le nom de Francia maritima seu Pontica; une autre preuve de
cette étendue ancienne, c’est que Charlemagne crut devoir en donner
le gouvernement à son gendre Angilbert. AJne grande partie de cette
France maritime fut usurpée par les comtes de Flandre. A ce duché
de Ponthieu qui remonte aux vi° et vne siècles, succéda vers le ixe ou
le Xe siècle le comté de Ponthieu qui s’étendait entre la Bresle, la
Canche et l’Amiénois dont le sépara longtemps la forêt de Vicogne.
Ainsi limite, le Ponthieu correspondait exactement à l’archidiaconé
de Ponthieu, du diocèse d Amiens : nouvelle preuve que les divisions
civiles du Moyen Age coïncident avec les divisions ecclésiastiques.
Mais il s etendait aussi bien sur le fertile plateau du Yimeu entre la
Somme et la Bresle que sur les alluvions des Bas-Champs et sur les
massifs boisés qui séparaient la Somme et la Canche. Formé de tant
d’éléments hétérogènes, il ne pouvait pas survivre à l’assemblage
féodal ou administratif ; on ne le connaît plus aujourd’hui que par
des noms de lieux pourvus du suffixe « en Ponthieu » '(Crécy,
Domart, Maison, Millencourt). La partie méridionale du Ponthieu
comprenait un petit canton qui dès lepoque franque se détachait de
la partie septentrionale ou pagus Pontivus proprement dit, sous le
nom de pagus Viminaus ou Vimeu.
Le Vimeu- semble avoir été nommé par les populations germaniques
qui s’y établirent au ve siècle ; comme la Haisne pour le Hai-
naut, c est la Yisme, petit affluent droit de la Bresle qui servit à le -
désigner. De nombreux villages, présentant le suffixe « en Yimeu »,
nous aident à le localiser : Mons, Méricourt, Tours, Feuquières,
_ 1 Sur le Ponthieu, voyez Brandt, 383, p. 165-179 ; Fernel, 403. fil p. 263 ; do Wilasse,
470, p. 133 et s sq ; Louandre. 564, I, p. 1-2, 107; Prarond, 580, I, p. XLVI, L-LXY ;
Desnoyers, 399, p. 549-555.
5 Sur le Vimeu, voyez Longnon, 435, p. 128; Prarond, 580, I, XLVIII; Desnovers,
399, p. 551-553.
Acheux. Comme le Santerre, le Yimeu n a jamais constitue ni de
circonscription féodale, ni de circonscription ecclesiastique ; toujours
dépendance du Ponthieu, il fut divisé entre trois doyennes, Gamaches,
Oisemont, Airaines, dont le premier seul figurait tout entier dans
le Vimeu. Comme le Santerre, il conserve une valeur concrète dans
le langage courant. Très anciennement habite, cultive bien avant
les défrichements monastiques, ce petit canton rural dont le sol
privilégié opposait ses terres profondes et fertiles aux étendues boisées
de Crécy et d’Eu et aux surfaces crayeuses qui s’étalent au
Sud-Est d’Airaines, forma très tôt l’une de ces unités économiques
fondées sur la nature du sol pour lesquelles l’esprit des hommes crée
une véritable personnalité ; la multiplicité des voies de communication,
qui rapprochent et uniformisent, n’a pas détruit cette originale
physionomie ; par ses aptitudes agricoles et par l’ensemble de son
, activité, par la continuité de son fertile terroir, par les traditions
industrieuses de ses habitants, le Vimeu est un véritable pays dont
l’emplacement dessiné sur la carte par des conditions naturelles ne
peut pas être le résultat d’un règlement ou d’une convention.
Vermandois.
Au contraire, le Vermandois1 n’est plus qu’une expression historique.
Il faut pour en trouver l’origine se reporter aux divisions gallo-
romaines et ecclésiastiques, à la cité des Viromandui et au diocèse
de Noyon (l’évêché fut transporté en 531 de Saint-Quentin à Noyon).
A l’époque Carolingienne, nous en trouvons le territoire réparti
entre deux pagi, le pagus Yiromandensis et le pagus Noviomensis
qui étaient en même temps des comtés. Le Vermandois correspond
* au pagus Viromandensis qui s’étendait sur les doyennés d’Athies, de
Curchy, de Ilam, de Nesle, de Péronne, de Saint-Quentin, de Yen-
deuil. Mais les événements amenèrent la formation d’autres Vermandois
issus de la féodalité et de l’administration. On eut le grand
comté de Vermandois qui, outre le Noyonnais, embrassait quelques
portions des diocèses d’Amiens, de Laon, de Soissons, de Senlis, du
Tardenois, de la Thiérache, du Valois ; cet agroupement féodal
subsista depuis le ix° siècle jusque sous Philippe-Auguste (818-1215).
Puis, au début du xme siècle, le Vermandois fut l’un des quatre
grands bailliages de France, circonscription administrative et judiciaire
dont le chef-lieu était Laon et dont l’étendue ne coïncidait ni