qui s allonge dans le sens de la vallée de la Somme, du faubourg de
Saint-Acheul au faubourg de Montières, sur une distance de plus de
6 kilomètres. C’est en effet la direction des courants vitaux qui animent
la ville. Si on l’aborde par l’Est, on'traverse, avant de pénétrer dans
les vieux quartiers.du centre, tout le faubourg de Saint-Acheul et de
Noyon avec la gare et ses ateliers ; en suivant la ligne du tramway
qui forme comme 1 artère de toute l’agglomération, on traverse
ensuite les quartiers du centre dont la partie méridionale esthabitée
par le commerce et dont la partie septentrionale est occupée par la
vieille cité amiénoise, ses canaux, ses moulins, ses usines hydrauliques ;
en sortant de la ville vers 1 Ouest, on débouche au milieu des faubourgs
ouvriers et manufacturiers qui se poursuivent jusqu’à Montières sans
quitter la vallée. Tandis que l’axe vital delà ville s’oriente de l’Est à
1 Ouest, on ne trouve au Nord et au Sud que des quartiers morts : au
Nord, la vieille citadelle, souvenir des luttes d’autrefois, termine la
ville au bord escarpé de la vallée; au Sud, sur des pentes plus douces
et plus ménagées, des quartiers neufs ont gravi jusqu’au plateau;
c’est Henriville, la résidence des bourgeois et des fonctionnaires aisés;
jusqu’à présent les tramways l’ignorent : mépris tout pratique d’une
ville d’affaires pour les quartiers où l’on ne travaille pas. Ainsi, fidèle
aux lois du développement des agglomérations modernes, Amiens
s accroît sans cesse de parties suburbaines où circule son action ;
mais cet accroissement lui-même obéit ici aux indications delà nature;
il se poursuit sur le parcours des routes et des voies ferrées le long
de la large vallée dont il évite le milieu; c’est ainsi que le rayonnement
d’Amiens gagne de proche en proche, en suivant les vallées,
Ailly-sur-Somme vers l’aval, Longueau vers l’amont, Pont-de-Metz
et Saleux dans la vallée de la Selle. La population municipale se
chiffre par 90.000 habitants, mais toute l’agglomération dépasse
100.000 âmes.
CHAPITRE XVI
LA POPU LATI ON
I. La ré p a rtitio n de la p o p u la tio n . F o rte p o p u la tio n ru ra le . Influence de la fe rtilité
de la te rre e t du tra v a il in d u s trie l. — II. L a d ép o p u la tio n des camp ag n es.
La v ra ie cause : l’ab a n d o n des m é tie rs d ’h iv e r. La d im in u tio n de la n a ta lité
e t l ’exode des je u n e s .¡¡¡ ¡fu i. Les co u ra n ts h um a in s. Mig ratio n s jo u rn a liè re s .
Migrations saisonnales : les Camberlots. L’ém ig ra tio n . L im m ig ra tio n flamande.
I
LA RÉPARTI TI ON DE LA POPULATION
La Picardie, l’Artois, le Cambrésis, le Beauvaisis comptent parmi
les contrées les plus peuplées de la France. Pour nous en tenir dès
l ’abord à une répartition par arrondissements, nous y observons, à
côté de densités moyennes qui sont déjà fort élevées pour des campagnes
(Doullens 72, Montreuil 69, Saint-Pol6o, Montdidier, Beauvais
et Laon 64, Clermont 62), des densités considérables que n’explique
pas toujours la présence d’une grande ville ou d’une grosse
agglomération industrielle : Péronne 82, Abbeville 83, Amiens 110,
Arras 131, Saint-Quentin 134, Cambrai 220 l. C’est un trait original
de ces campagnes fertiles et travailleuses de ne jamais descendre aux
faibles densités constatées dans d’autres pays agricoles et de ne point
atteindre la pléthore des régions d’intense exploitation industrielle 2.
Les villes ne s’y pressent pas sur un étroit espace comme sur la
lisière flamande depuis Saint-Omer jusqu’à Valenciennes. Dans la
Somme et dans l’Oise, on ne compte que deux communes dont la
population dépasse 10.000 âmes; dans l’Aisne, 4 ; dans l’arrondissement
de Cambrai, 2, alors que le reste du département du Nord en
' D’après le dénombrement de 1901.
* Chàteau-Thierry, 47 ; Soissons, 57 ; Les Andelys, 54 ; Neuchâtel, 47 ; Béthune, 332 ;
Douai, 308 ; Lille, 928.