l’on sème même avant d’avoir rentré. Si l’on veut des arbres fruitiers,
il faut les planter à l’abri ; encore les fruits tardent-ils à mûrir ■
parfois, au lieu de mûrir, ils tombent, et, s’ils ne tombent pas ils
se rident après la cueillette et conservent cette fade saveur des fruits
que la chaleur n’a pas nourris. Le climat suffirait presque seul à
caractériser cette haute terre battue par les vents, où la vie des champs
porte la rude empreinte d’une nature difficile.
L humidité. La pluie.
Le voisinage de la mer, la prédominance des vents d’Ouest
1 existence de larges vallées à fond plat où l’eau dormante des tourbières
s étale en vrais bassins d’évaporation, telles sont les causes
¡ u n M f j ^ s e z brumeux et humide. Pendant tous les mois de
1 annee, 1 atmosphère d’Amiens est plus humide que celle de Paris.
a moyenne mensuelle des degrés hygrométriques est de 80,8 à
P an s et de 84,o a Amiens l . P ar l’état de son ciel souvent brumeux,
,1 2 ! „ Î T . ? ? ? . . 4! davantage j i . a L ^ u u v a i i t t t g c Udteî Ilcai pUlladminee
flamande que des environs de Paris. La nébulosité moyenne qufe st
de 60 a P an s et de 61 àKouen, atteint 66,5 à Albert, 67 à Dunkerque,
69 a Bruxelles . A Amiens, le soleil reste en général caché deux , . * ^ g c j n o i a i O dU l l t î U B U X
heures sur trois. Ce phénomène, si important pour la maturité des
fruits, est surtout remarquable pendant la saison chaude. Même en
été, les contours des choses s’estompent souvent d’un léger brouillard
vaporeux qui rappelle les plaines mouillées de la Flandre. Le contraste
est déjà très marqué entre Amiens et Paris dont le ciel plus.
clair se brouille plus rarement. Ce fait apparaît dans les chiffres suivants
: - . .
N É B U L O S IT É M O Y E N N E 3
Amiens. Paris (Parc St-Maur).
Septembre. . . ! ! ! ! ! 6M “
V . S
De même, si l’on compare les heures de soleil d’Amiens et de
aon c est-à-dire celles où des nuages n ’interceptent pas les rayons
du soleil, on constate que le ciel de Laon est le moins brumeux.
* Duehaussoy, 168, p. 178-179.
- 1(1., 168, p. 185. Cf. Teisserene de Bort. A.B.C.M. 1884, IV
3 1(1., 168, p . 186.
HEURES DE SOLEIL (1890-1898)
Laon. Amiens.
Août. . . . ......................................................... 2 2 6 .4 2 0 1 ,3 7
Septembre . ......................................................... 1 8 9 ,1 1 5 1 ,9 5
Octobre . . ......................................................... 1 0 5 ,1 9 6 ,5 5
Dans la Somme et le Pas-de-Calais, on ne connaît guère ces
arrière-étés lumineux si propices à la maturité des derniers fruits et
qui sont l’agrément de nos provinces de l’Est et comme la récompense
de froidures plus prolongées. C’est seulement aux environs de
Laon, loin de l’atmosphère mouillée du littoral, sous un ciel plus
serein et plus agité que le raisin peut dans les bonnes années profiter
des derniers jours de clair soleil avant les premières gelées.
L’étude de la répartition des pluies2 complète la physionomie de
ce climat disputé entre l’influence de la mer et l’influence du continent.
Avant de décrire le partage curieux qui s’établit entre elles, il
faut isoler l’influence du relief qui est très marquée dans le régime
des pluies. Même sur ces plaines peu accidentées, la carte pluviomé-
trique offre l’image de la carte hypsométrique. La dépression parisienne
et la dépression flamande sont chacune le siège d’un minimum
de pluie. Par contre, trois maxima de pluie correspondent aux
régions élevées : 1° à la Thiérache et à l’Ardenne : Signy-le-Petit,
d 102 millimètres, Rocroi 949, Aouste 920 : 2° au Boulonnais : Huc-
queliers 1 056 millimètres ; 3° au Pays de Caux : Goderville 993.
Il faut noter toutefois que la région élevée du Bray qui approche de
250 mètres d’altitude reçoit moins d’eau que le coeur du pays de Caux,
moins élevé, mais directement exposé aux vents de mer. Entre ces
trois régions élevées, les courbes pluviométriques s’espacent, traduisant
l’uniformité du relief et l’absence de contrastes, détournées seulement
ça et là par quelques irrégularités locales ; quelques maxima
secondaires annoncent tantôt un relèvement du sol (Bray et buttes
flamandes), tantôt la présence de bois (forêt d’Eu, forêt de Mormal,
forêt de Crécy) ; par contre, des minima accidentels éclairent curieusement
l’influence de la position par rapport aux vents pluvieux (la
vallée du Thérain protégée par le Bray et le Yexin ; la vallée d’Aisne
enfoncée entre ses hauts versants boisés ; la vallée de l’Escaut). Enfin
signalons l’intéressaxit contraste entre Caudebec (864 millimètres) et
Villequier (547), stations distantes de 4 ou 5 kilomètres, mais dont
la seconde s’abrite derrière une falaise de la Seine ; entre le fond du
* Moyennes faites avec 160 et 162.
3 Voir nos cartes et nos tables de pluviosité. Cf. Blanchard. La pluviosité de la plaine
du Nord de la France, A de G. XI, 1902, p. 203-220.
P LAINE P ICARDE.