avec le pagus ni avec le comté ; les prévôtés du ressort étaient
Chauny, Coucy, Crépy-en-Laonnais, Laon, Montdidier,' Noyon,
Péronne, Ribemont, Roye, Saint-Quentin, Soissons. Mais il perdit
progressivement de son importance par la création de nouveaux bailliages
qui le démembrèrent (Ribemont, xive siècle; Soissons, 1411 ;
Péronne, Montdidier et Roye après 1418 ; Noyon, 1435; Reims, 1523;
Châlons, 1548; Coucy, 1563 ; Marie, 1607 ; La Fère, 1607; Chauny)!
Tous ces remaniements nous laissent perplexes sur la définition du
Vermandois ; en réalité, il a vécu tant que la politique et l ’administration
l’ont permis; il n’est pas sorti du sol; ce n’est pas une création
de la nature ; tout le monde aujourd’hui l’ignore dans le pays ;
il n’existe plus que dans les documents.
Beauvaisis.
La cité des Rellovaci, le diocèse de Reauvais se retrouve pour les
trois quarts de sa superficie dans le Beauvaisis 1 ou pagus Bellova-
censis (Doyennés de Beauvais, de Bray, de Clermont, de Coudun, de
La Montagne, de Mouchy-le-Châtel, de Pont-Sainte-Maxence, de
Ressons). Il s’étend donc, comme le comté de Beauvais du xie siècle,
sur les régions les plus disparates, sur la dépression du Bray, sur les
plateaux de craie de Crèvecoeur, de Nivillers et de Saint-Just, sur les
montagnes de sable et de calcaire des environs de Ressons et d’Es-
trees-Saint-Denis. Ses limites primitives étaient dessinées par une
ceinture de forêts. Dans ces forêts bordières, nous trouvons au
x siècle d autres pagi qui venaient s’ajouter au territoire du diocèse :
le pagus Rossontensis, le pagus Yindoilensis, le pagus Camliacensis.
Le pagus Rossontensis ou Ressontois, cité déjà en 588 au traité
d’Andelot et réuni bientôt au Beauvaisis, s’étendait dans la marche
forestière du Beauvaisis vers le Yermandois, correspondant sans
doute aux doyennés de Ressons et de Coudun; la vitalité du paganisme
sur son territoire s’explique par la nature boisée du pays qui
arrêta longtemps la pénétration ; Saint-Amand y détruisit les vestiges
de 1 idolâtrie et particulièrement le culte des arbres : cette chrétienté
devint le centre d’une circonscription ecclésiastique et civile, le pagus
Rossontensis, qui ne tarda pas à s’annexer au Beauvaisis et n’a laissé
aucune trace dans la géographie. C’est aussi sur les confins du Beauvaisis,
vers 1 Amiénois, que nous rencontrons le pagus Yindoilensis,
le Yendelois, correspondant vraisemblablement au doyenné de Bre-
' Sur le Beauvaisis, voyez Guérard, Polyptique de l’abbé Irminon, p . 105-106:
Desnoyers, 399, p. 491-514 et 525; Walkenaer, 469, I, p. 423-429.
teuil (Ansauvillers, Gannes, Tartigny, Yillers-Yicomte, Yendeuil)
dont le territoire était fort boisé ; pas plus que le Ressontois, le Ven-
delois n’avait pas de géographie caractéristique ; à mesure que disparut
la forêt, condition originelle de son isolement, il se fondit dans
le Beauvaisis. C’est encore sur les limites du Beauvaisis, dans l’épaisseur
de la forêt de Thelle que s’arrondit le pagus Camliacensis dont
on a forgé Chambliois. Le nom vient du village de Chambly dont la.
suprématie féodale appartenait à Beaumont-sur-Oise (doyenné et
comté de Beaumont). 11 se trouvait dans cette région boisée où l’indécision
des frontières provoqua la longue controverse entre les
évêques de Rouen, de Beauvais et de Paris au sujet de la possession
du Yexin français ou vicariat de Pontoise ; avec le Beauvaisis proprement
dit, il empiétait sur la rive gauche de l’Oise, allant chercher à
l’Est de cette large vallée une limite jusqu’aux forêts des confins des
Parisii. Le « Chambliois » n’eut pas plus de consistance que le Ressontois
ou le Vendelois. On doit donc les considérer comme des
annexes, des compléments du Beauvaisis. Mais alors comment définir
le Beauvaisis? Le Beauvaisis est-il le territoire entier du diocèse?
C’est bien ainsi qu’il apparaît dans un document du ixe siècle, baut-
il s’en rapporter aux limites de l’archidiaconé de Beauvaisis ? Or, par
une attribution curieuse, cet archidiaconé comprend les doyennés de
Pont-Sainte-Maxence, de Coudun, de Ressons, de Breteuil et laisse
en dehors le doyenné de Beauvais qui appartient à 1 archidiaconé de
Bray. Le Beauvaisis coïncide-t-il avec le comté féodal de Beauvais?
Au début, la concordance paraît bien établie entre le pagus et le
comté ; mais elle n ’a pas duré puisque le comté de Beauvais contient
au xe siècle le comté de Senlis et perd plus tard les comtés de Breteuil,
de Clermont, de Beaumont. En fait, il existe plusieurs Beauvaisis
dont l’étendue variable n’a pas dépendu de conditions naturelles,
mais d’événements historiques. Le Beauvaisis ne forme pas une unité
naturelle, mais un composé administratif. 11 est inutile d’en chercher
la notion dans le pays ; elle a disparu de la vie courante comme toute
formule momentanée et artificielle.
S’il entre encore quelque contenu dans les dénominations de Beauvaisis,
de Yermandois, d’Artois, d’Amiénois, c’est bien dans le sens
vague d’environs de, Beauvais, de Saint-Quentin, d’Arras, d’Amiens.
Le procédé est facile et commode ; l’abus en devient naturel et l’on
voit éclore des régions comme le « Saint-Polois, » le « Montreuillois »
dont l’existence repose en somme sur une convention du langage.
D’autres comme Calaisiset Ardrésis sont de moins fraîche date, mais
elles s’appliquent de même au rayon administratif d’une ville.