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LA PLAINE PICARDE
qui draine la craie à droite jusqu’à
l’Escaut, à gauche jusqu’à la Brèche et
au Thérain. Cet épanouissement d’un
seul bassin fluvial, remplaçant le morcellement
en petits bassins individuels qui
prévaut sur le littoral, correspond dans
le relief à plus d’uniformité, de tenue et
de largeur. A l’Ouest, les vallées subdivisent
le pays en plateaux étroits; au
contraire, vers l’Est, s’étendent le San-
terre, la plaine d’Arras, les plateaux du
Cambrésis, territoires tranquilles et
larges, pauvres en vallées. La nature du
sol, aussi bien que le relief, traduit ces
différences d’intensité dans le plissement;
il est curieux que l’argile à silex atteigne
ses plus fortes épaisseurs sur les régions
les plus élevées de la craie, autour du
Boulonnais, autour du Bray, dans la
Thiérache, et qu’elle manque dans le.
synclinal de la Somme. La formation de
l’argile à silex qui est un produit de
désagrégation de la craie, devait trouver
des conditions beaucoup plus favorables
sur les points hauts que sur les points
bas ; aussi ne la rencontre-t-on pas le
long de la Somme, ni dans la Santerre,
ni entre Arras et Cambrai ; par contre,
elle devient par l’étendue et la puissance
de ses dépôts un élément essentiel de
différenciation géographique au voisinage
des régions anticlinales, sur les
plateaux de la Picardie méridionale qui
bordent la Normandie et dans le Haut-
Boulonnais. Enfin, dernier trait commun
aux plis de la craie, tandis qu’ils s’inclinent
faiblement vers le Sud, ils plongent
rapidement vers le Nord 1 ; c’est le cas
i Barrois, 4, p : 101. De Mercey.' 117, p. 640 et 122,
p. 425.
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LA TECTONIQUE DU SOL'
pour l’axe du Bray dont la pente
septentrionale rejoint très vite le
synclinal du Thérain à une distance
de 5 kilomètres et pour
l’axe de l’Artois qui s’abaisse
brusquement vers la plaine flamande
; on observe la même
disposition sur des plis moins
prononcés ; car, dans la région
des sources de la Somme et de
l’Escaut, l’Escaut - s’avance lui-
même jusqu’à la ligne anticlinale
dans une vallée profonde ; la ligne
des points hauts se rapproche
tellement du fleuve qu’elle ne
laisse pas de place pour les
affluents; les eaux gagnent immédiatement
le thalweg principal;
au contraire, le versant méridional
s’étale longuement et ses
eaux s’écoulent vers la Somme
par les vallées de l ’Omignon, de
la Cologne et du Doingt. Tous
ces plissements semblent donc le
résultat d’une compression dissymétrique
qui aurait donné à la
surface du sol comprise entre
l’axe du Bray et l ’axe d’Artois le
profil d’une crémaillère 1 dont les
dents offriraient une pente douce
vers le Sud-Ouest, rapide vers le
Nord-Est. « Si l’on admet, selon
1 ingénieuse hypothèse de M. Mu-
nier-Chalmas2, que ce mouvement
soit continu et se propage
toujours dans le même sens, il
arrivera un moment où, sous la
poussée du Sud, les anticlinaux
* Be Lapparent, 102, p. 475.
! Munier-Chalmas, 127 et 128.
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