LA PLAINE PICARDE
Nombre et importance des exploitations.
NOMBRE
total
des
exploitations.
CONTENANCE
totale
du territoire.
EXPLOl
DE Ä
DE 1 HI
Nomb
re .
TATI ON
OINS
3GTARE
Contenance
.
DE 1
Nombre.
A 1 0
Contenance.
DE 1C
Nombre.
...
a 4 0
Contenance
.
DE P
D
4 0 HE
Nombre.
LUS
E
TTARES
Contenance
.
Aisne . . .
Somme. . .
Nord. . . .
6 6 . 1 4 5
6 9 . 6 7 4
8 6 . 4 6 3
hectares.
6 7 4 . 8 6 0
5 9 1 . 2 5 0
5 1 1 . 1 6 6
p . 1 00.
4 6
3 8
4 9
p . 1 00.
3 .
2
3
p . 1 0 0 .
3 8
4 5
3 9
p . 1 00.
1 6
2 1
2 9
p . 1 00.
1 0
1 5
1 0 , 6
p . 100.
2 2
3 5
3 4
p . 100.
5
2
1 , 4
p . 100
5 9
4 2
3 2
Nombre des exploitations, p o u r 1.000.
— de
; , 4r "'
HECT.
1
à 5
HECT.
5
à 1 0
HECT.
1 0
à 2 0
HECT.
2 0
à 3 0
HECT.
3 0
à 4 0
HECT.
4 0
à 5 0
HECT.
5 0
a 1 0 0
HECT.
1 0 0
à 2 0 0
HECT.
2 0 0
à 3 0 0
HECT.
A isn e . . 4 6 0 2 7 5 1 0 8 6 1 3 3 1 2 1 2 2 0 1 0 5
Somme . 3 8 4 3 1 8 1 1 8 9 5 4 2 2 0 9 1 0 4 0 , 6
Nord . . 4 9 3 2 6 8 1 1 4 6 6 2 4 fî'J 'Î* 6 5 ■ g 0 , 3
D’après l’Enquête agricole de 1892.
Comment expliquer la situation intermédiaire de la Somme èt
des pays de craie, plus pauvres en types extrêmes ? Par l’influence
combinée d’un fait naturel et d’un fait humain. Si la très petite culture
y est moins développée, c’est que la terre s’y prêtait moins que
sur certains territoires voisins. Si la très grande culture s’y montre
plus rarement qu’ailleurs, c’est qu’elle a rencontré l’obstacle de la
propriété paysanne.
Les très petites exploitations
Les plainés de limon, aux larges surfaces tranquilles, reposant
sur la craie, n’appellent pas naturellement la petite culture. De tous
côtés, elles touchent à des régions bien plus favorables au morcellement
des exploitations. Les sols profonds et légers du Bas-Pays de
Flandre favorisent la petite culture; ils se prêtent aux façons délicates
et répétées qu’exigent les plantes industrielles; l’atmosphère
humide entretient plus de verdure; les grasses prairies se mêlent
aux récoltes riches; l’abondance du fumier permet une culture
intensive qui rachète en travail ce qu’elle perd en espace ; de là, ces
milliers de petits cultivateurs absorbés toute l’année sur le bout de
champ qui suffit à leur existence. Au contraire, sur les plateaux de
l’Artois et du Haut-Boulonnais, les terres plus lourdes, plus compactes,
plus rebelles exigent pour les labours un plus grand nombre
de chevaux; delà, la nécessité de bâtiments plus spacieux, de champs
plus vastes pour trouver dans l’étendue de l’exploitation ce qu’elle
ne donne pas en rendement. Ces terres ne conviennent bien qu’aux
céréales; de là, l’obligation de laisser au sein du domaine cultivé
certains champs en repos ou tout au moins d’y ménager, après la
récolte des grains, de la place pour les fourrages ; de là, ces fermes à blé,
d’exploitation moins intensive, plus étalées en surface, d’une contenance
systématiquement plus forte, telles qu’on les remarque quand
on passe du Bas-Pays dans le Haut-Pays. Tandis que la petite culture
au-dessous de 10 hectares occupe 31 pour 100 de l’étendue cultivée
dans le Haut-Artois, elle en prend 66 pour 100 autour de
Bélhune h Dans la région de Lille et d’Hazebrouck, on ne met guère
qu’un ou deux chevaux à la charrue; ce nombre peut s’élever de deux
à quatre, cinq.et six dans l’arrondissement de Cambrai2.
Dans les terrains tertiaires des environs de Laon, de Noyon et de
Clermont, les variations continuelles du relief, la nature meuble du
sol sur des pentes sablonneuses entraînent une division extrême de
la culture; sur ces lambeaux de terre cultivés à la bêche s’enchevêtrent
vignes, vergers, blé, fourrages, haricots, pois. Mais à peine
arrivé sur le limon de la plaine crayeuse, on voit les exploitations
s’étendre et grossir : au Nord de Laon, les fermes d’Allemagne, de
Courdeau, de Dandry, de Loizy, de Yivaise ; au Nord-Est de Clermont,
les belles fermes des environs d’Estrées-Saint-Denis ; au Nord
de Lassigny, la Taulette, Piémont, La Malmaison, etc...
A l’intérieur même des plaines crayeuses, certaines circonstances
particulières ont localement multiplié les très petites exploitations.
On les rencontre dans les vallées, sur les terres meubles des fonds
et des pentes. Ainsi se pressent autour d’Amiens les cultures des hor-
tillons ou bien autour de Montreuil et de Saint-Pol les petits jardins
des planteurs de tabac. A Achicourt, près d’Arras, sur 122 exploita-
* Pas-cle-Calais, 572, IV, p. 329.
2 Au début du xix* siècle, les terres cultivées à bras (jardins exceptés) étaient avec
les terres labourées à la charrue dans la proportion de 1/6 dans l’arrondissement de
Lille et de 1/100 dans l’arrondissement de Cambrai. Pas-de-Calais. 582, IV, p. 186.