part Étaples, véritable dépendance de Boulogne, où quelques solides
bateaux pontés, affectés à la pêche hauturière, s’en vont pêcher la
morue, le hareng, le maquereau, le poisson frais dans la Manche, dans
la.mer du Nord, dans l’Atlantique jusqu’à l’Islande. Partout ailleurs,
on se livre à la petite pêche côtière avec ces petits bateaux à fond plat
qu’on voit échoués sur la plage de Berck. A Cayeux, les bateaux
doivent débarquer leur poisson sur des chaloupes que leur amènent
des hommes de bordée restés à terre ; surtout dans les basses eaux,
ce transport se fait à une distance considérable. Quand on craint le
mauvais temps, on tire les chaloupes sur le galet à l’aide de chevaux.
Par le mauvais temps, les bateaux débarquent leur poisson au
Hourdel ; des voitures l’amènent à Cayeux. Une multitude de femmes,
d’enfants et de vieillards sont occupés à la recherche des appâts, des
vers marins et des hénons. D’autres se livrent à la pêche à pied dans
les estuaires ou bien sur le rivage à marée basse. Les hommes
pèchent sur les bateaux. A Étaples, 50 à 60 bateaux font la pêche au
chalut, au large des côtes ; une vingtaine pèchent, en outre, le
hareng en Novembre et en Décembre; le produit qui avait dépassé
1.304.000 francs en 1895 n’atteignait que 559.000 francs en 1901. A
Berck, la pêche occupait 560 marins, 91 bateaux et rapportait
175.000 francs en 1901 ; au Crotoy, 202 marins, 62 navires,
301.000 francs (266.000 pour le ver marin) ; au Hourdel, 242 marins,
90 bateaux, 195.000 francs ; à Saint-Valery, 125 marins, 89 bateaux
221.825 francs1. Mais ces ports languissent à côté de ports mieux
outillés ; la pêche, comme les autres industries, tend à se centraliser
partout où elle trouve des capitaux et des engins perfectionnés.
Entre Boulogne et Dieppe qui lancent des chalutiers à vapeur, la
situation de nos petits ports, voués à leur pêche traditionnelle, fait
penser à celle des métiers à tisser qui fonctionnent encore dans les
campagnes, tout près des machines et des usines de la grande industrie.
1 Sur la pêche, voyez Pas-de-Calais, 572, III, 395 et ssq. et II, p. 95 et ssq. ; Boulogne,
502, p . 140.
C H A P ITR E IX
G ÉOGRAPHI E A G R IC O L E . LA CUL TUR E
I. L a conquête du sol p a r la cu ltu re . Les déboisements : l’oeuvre des m o in e s ;
l ’oeuvre du xviii® siècle ; l’oeuvre du xix° siècle. Les am é lio ra tio n s fo n c iè r e s .¡ j|l
II. Les p ro d u its de la cu ltu re . L’évolution des cu ltu re s. Les céréales. La b e tte rav
e . L in , ch an v re , colza, oe ille tte , ta b a c , chicorée.
Par leurs caractères physiques, les grandes plaines de limon et
de craie qui s’étendent entre la région flamande et la région parisienne
sont vouées essentiellement à la culture, au labour. La sécheresse
du sol interdit les prairies naturelles. La tranquillité du relief
offre à la charrue des champs largement ouverts, où la main-d’oeuvre
se déploie sans obstacles insurmontables, une continuité de terre
végétale que les phénomènes de ravinement interrompent rarement
sous ce climat bien équilibré. La profondeur de la terre arable et
sa teneur en matières fertilisantes favorisent la végétation des plantes
exigeantes, a fort rendement. Toutes les conditions naturelles semblent
s’unir pour faire de cette région presque entière un fertile terroir
prédestiné aux riches moissons. Elle partage ces avantages avec
beaucoup d’autres contrées. Mais ce qui achève de déterminer sa
vocation agricole dans ce qu’elle a de plus original, c’est l’oeuvre
humaine, par laquelle cette terre, dépouillant peu àpeu les traits de sa
nature sauvage, s’est domestiquée à la longue sous l’effort des générations
de laboureurs. Le sol, où nos cultivateurs creusent leurs sillons,
ressemble aussi peu au sol qui porta les premières moissons
que les terres nouvelles de nos colonies ressemblent à ce qu’elles
seront après une longue période de culture intensive; il a traversé,
lui aussi, ses phases de colonisation et d’assouplissement; ce sont
les fruits de ce double travail qu’il porte dans ses entrailles.