L’aspect et la forme des villages.
Entre tous ces villages et ces hameaux qui se ressemblent par
tant de circonstances de leur origine et de leur vie, mille influences
locales viennent apporter la variété dans l’aspect et dans la forme A
regarder de près ces agglomérations qui se ressemblent essentiellement
comme les individus d’une même espèce, on ne remarque rien
d’immuable, rien d’uniforme ni dans leurs contours extérieurs, ni
dans leur agencement intime ; elles se montrent malléables et sen
sibles aux moindres accidents du milieu naturel, aux moindres événements
du milieu humain.
Dans la partie occidentale de cette contrée, les agglomérations
sont moins compactes que dans la partie éloignée de la m e r, es
habitations, au lieu de se toucher par des murs mitoyens comme
dans le Santerre et le Cambrésis, s’espacent par des jardins et des
pâtures ; la masse est moins serrée, moins tassée. Sur les plateaux
plus argileux et plus humides.de l’Ouest, la pâture gagne du terrain.
Dans beaucoup de communes des environs de Grandvillers, e
Crèvecoeur et de Marseille-le-Petit, on ne reconstruit pas les vieüies
chaumières qui tombent de vétusté ; des propriétaires voisins achètent
le sol, l’ajoutent à leur héritage et le transforment en herbage ; de ce e
manière, les habitations s’espacent et s’étendent plus à l’aise au mi îeu
des arbres. Dans le Haut-Artois, le Haut-BoulonnaiSjl’ancienPonthieu,
le Yimeu et sur la lisière de la Normandie, les villages ressemblent a
de gros bosquets pleins de maisons ; sur la carte, ils couvrent une
étendue qui ferait supposer une population beaucoup plus lor e.
Chaque habitation possède sa pâture plantée de pommiers et de poiriers,
souvent entourée d’ormeaux et de charmilles Autour e
Fruges comme autour de Grandvillers, les rues des villages passent
entre des haies vives où s’entremêlent l’aubépine, le houx, eprne-
vinette, le prunellier, le pommier sauvage, le genêt épineux et d ou
surgissent de grands arbres. C’est derrière celte végétation que se
cachent les villages ; on n’en devine l’existence, de loin, q u a la
pointe du clocher émergeant de la masse feuillue (pl. XV et À.VI).
Par contre, rien de morne et de triste comme certains villages du
Cambrésis et de la plaine d’Arras, sans vergers, sans jardins, sans
pâtures, où les maisons de briques rouges se rangent avec monotonie
le long des rues désertes (pl. XVI). m t ' „ .,
Les agglomérations peuvent dessiner sur le sol des figures vanees.
aux contours changeants et instables; comme des êtres vivants, elles