grise, à la craie à gros silex cornus et aux formations argileuses,
marlettes et dièves, qui occupent le sol aux environs du Nouvion.
A ce changement de constitution dans le sous-sol correspond un
changement dans la géographie(fîg. 3).
A l’Ouest de la ligne tracée par Solesmes, le Cateau et Marie,
s’étend à l’horizon le paysage de craie ; ce sont des ondulations
sans mouvement, sans arbres ; c’est une campagne infinie qui prend
à l’automne la teinte jaunâtre du limon; le long des vallées, s’arrondissent
les bosses de la craie, chauves et désertes. Mais que l’on traverse
la Sambre à Catillon ou bien que l’on quitte Le Quesnoy pour
Bavai, l’horizon se ferme vers l’Est; le pays se couvre ; en vain
l’oeil cherche un ensemble; ce ne sont que d’éternelles haies, des
herbages, des pommiers; partout de la verdure. Le sol fissuré
absorbe les eaux de pluie; peu de ruissellement; des vallées rares;
des ravins secs, des « riots » que les orages emplissent brusquement.
A 1 Est, au contraire, sur un sol étanche, chaque dépression possède
sa source. A 1 Ouest, chaque vallée recueille les eaux d’un large
rayon; la rivière, abondante dès l’origine, a creusé dans une roche
fendillée des sillons vigoureux et profonds ; au Cateau, la Selle s’enfonce
de 65 mètres entre des versants de craie. Au contraire, impuissante
sur un sol argileux, la Sambre, à Catillon, passe lentement
dans une dépression de 20 mètres ; de même, l’Iron, le Noirieux, la
Vieille Sambre empruntent des sillons superficiels où l’eau paresseuse
serpente dans l’herbe des prés ; il y a contraste tranché entre
le trait profond du pays calcaire et le sillon ébauché dans le pays
argileux.
Entre ces deux types de vallées, on remarque de curieuses transitions.
Le remplacement de la craie parles couches argileuses du dessous
ne s’opère que progressivement. Entre Vervins, Marie et Rozoy,
on la voit, lentement soulevée, quitter le fond des vallées et couronner
les plateaux; cette disposition qui s’accompagne d’un relèvement
du relief provoque une métamorphose dans l ’hydrographie :
creusement des vallees et sortie des sources. En effet, des environs
de Marie (84 mètres), on s’élève rapidement à 292 mètres à Buiron-
fosse et 2o0 mètres au Sud-Ouest d’Aubenton. Devenu plus actif, le
ruissellement a vigoureusement mordu le sol; les vallées de la Serre,
de la Brune, du Vilpion se rétrécissent et s’encaissent, par exemple
à Thiernu et à Voharies, au Nord de Marie; le large fond de bateau,
remblayé d alluvions, où les bras de la Serre se mêlent à ceux de la
Souche en aval de Marie, se transforme ici en un défilé à profil aigu.
En même temps, la nappe d’eau, se rapprochant de la surface,