nécessaires à la composition d’un lexique grec complet et en rapport avec l’état actuel de la
science, qu’elle n’en est l’exécution satisfaisante.
Dans l’édition française du même ouvrage, au contraire, ordre facile et naturel, d’où résulte
une connaissance plus précise des mots et de leurs acceptions diverses, exactitude dans les
citations portée jusqu’au scrupule, prosodie de tous les mots marquée avec autant de justesse
que le permet l’état actuel de cette partie de la grammaire, augmentation considérable dans le
nombre des mots et des acceptions, substituée à des dissertations oiseuses ou superflues, correction
remarquable du texte, genre de mérite trop souvènt négligé et toujours si désirable
dans ces sortes d’ouvrages, élégance' typographique telle qu’on est accoutumé à la trouver
dans les livres soignés par MM. Didôt, et enfin , ce qui n’est pas une considération à dédaigner
pour les livres d’une utilité si grande et si générale, diminution de plus de deux tiers
dans le prix total de l’ouvrage.
Tels sont, Messieurs, les motifs qui nous ont déterminés à proposer à l’Académie de recommander
cette belle entreprise à l’intérêt de M. le Ministre, en lui faisant connaître quelles
raisons d’utilité publique et d’honneur national peuvent le porter à lui accorder toute la faveur
et tout l’encouragement nécessaire à son entier accomplissement.
BOISSONADE, RAOUT.-ROCHETTE, EETRONNE,
THUR.OT (rapporteur).
AU LECTEUR.
S ltu s p ou r l a tro isièm e liv r a iso n .
P a r m i les articles publiés jusqu’à présent par les savants littérateurs de la France et de
l’Allemagne, dont j’aurais désiré pouvoir reproduire ici l’ensemble, tant ils sont favorables à
une entreprise qu’ils améliorent eux-mêmes par les sages avis et les encouragements pleins de
bienveillance qu’ils nous donnent, je me suis borné pour l’instant à reproduire celui de M. Pas-
sow, comme étant encore plus critique que littéraire. Plus tard plusieurs des excellents articles
que MM. Ottfried Muller, Weber, Victor Le Clerc, Berger de Xivrey, Loëve Veimar, Ppirson,
Louis Vaucher, Fétis, et autres littérateurs distingués, ont déjà publiés, seront reproduits et
réunis à ceux que les principaux journaux littéraires de l’Europe ne tarderont pas à faire
paraître en rendant compte d’une entreprise que le monde savant a jugée si importante pour
les lettres. Les marques d’intérêt que nous continuons à recevoir de tous les savants les plus
distingués de l’Europe, nous prouvent leur satisfaction du travail littéraire de nos premières
livraisons ; e t, quoiqu’en raison des difficultés • que mieux que personne ils sont en état d’apprécier,
ils s’étonnent moins que d’autres des lenteurs apportées jusqu’ici à la publication,
cependant, pour répondre aux désirs qu’ils nous témoignent et satisfaire à l’attente publique,
de nouvelles mesures sont prises pour que désormais les livraisons se succèdent avec plus de
promptitude et de régularité.
Je m’estime donc heureux de pouvoir annoncer qu’à l’aide de* la coopération de M. Tafel et
des articles importants dont MM. Rost et Passow ont bien voulu se charger, l’A , qui formera
le premier volume, va s’achever rapidement, tandis que, d’un autre côté, nous imprimons
simultanément avec l’A la savante rédaction de MM. Çuillaume et Louis Dindorf, qui commence
le deuxième volume par la lettre.B. L’ensemble de ces travaux forméra, je l’espère,
le plus grand, le plus beau, et surtout le plus utile monument que la philologie aura jusqu’ici
élevé en Europe à la littérature grecque.
Article de M. Passow sur la première livraison du Trésor de la langue grecque,
inséré dans les Annales de critique littéraire de Berlin. (JY0S 89, 90, 91 de
Vannée i 83i.)
«Parmi les ouvrages philologiques qui ont paru depuis la renaissance des lettres, aucun
n’a obtenu une approbation plus universelle, aucun n’a été ni mieux accueilli ni plus
admiré, à tant de justes titres, que le Trésor de la langue grecque de Henri Estienne.
L’érudition, le jugement, la sagacité et la clarté du style s’y déploient d’une manière
admirable, et c’est par là que cet ouvrage a mérité, de préférence à tant d’autres, de
conserver toujours son rang, et sans avoir subi aucun changement, d’être encore aujourd’hui
universellement consulté par les érudits. 11 n’est donc pas étonnant que 1 édition originale
de cet ouvrage, qui date de iô y a , et dont le nombre des exemplaires a du etre immense,
ait été regardée pendant deux cent cinquante ans comme un livre de première nécessité
pour toiite bibliothèque publique, et un sujet de regret pour tout helléniste forcé de
s’en priver. La seconde édition de i 58o , simple copie de la première, devint bientôt
une rareté typographique (1)5 et le projet qu’avait forme feu M. J. Niclas de refaire cet
- (ï) M. Firmin Didot (OEuvr es, t. I I , p. 220), dans un excellent mémoire sur Robert et Henri Estienne, conjecture
que ce n’est que le premier volume qui a été imprimé deux fois, et meme Seulement jusqu à la signature iiii
(p. 1825-26), opinion que j ’ai crû pouvoir encore fortifier par des vues générales dans 1 Almanach historique de