mense dictionnaire historique, biographique et littéraire de la Grèce ancienne, qui manquait
à sa patrie. Sa profonde érudition qui s’étendait et se plaisait même aux détails les plus minutieux
de la lexicographie nous faisait trouver en lui un collaborateur dont le désintéressement égalait
seul le zèle inconcevable. Quelques jours de plus lui auraient permis de terminer son édition de
Ptolémée, dont'il avait presque entièrement achevé de collationner les manuscrits; mais ce fut
au milieu dq ces grands travaux qui ont hâté et peut-être causé sa perte , qu’il fut subitement
enlevé à ses amis, le 20 novembre i 83ï , et qu’il mourut entre leurs bras, loin de sa famille à
l’âge de 37 ans.
Afin de ne pas retarder davantage cette deuxième livraison, nous avons dû différer encore la publication de la
collection complète des privilèges que les Princes-Souverains de l’Allemagne ont daigné accorder à notre ouvrage et
dont quelques-uns ne nous sont pas encore parvenus. Tous ces privilèges seront imprimés séparément et textuellement.
Ils seront livrés avec la troisième livraison, et devront être placés en tête du premier volume.
La liste des Souscripteurs sera également publiée avec la troisième livraison.
ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.
RAPPORT
DE SA COMMISSION, COMPOSÉE DE
MtyL BOISSONADE, LETRONNE, RAOUL-ROCHETTE e t THUROT,
SUR LA PREMIÈRE LIVRAISON DE LA NOUVELLE ÉDITION DU
THESAURUS LINGUÆ GRÆCÆ
D’HENRI ESTIENNE,
PUBLIEE PAR MM. FIRMIN DIDOT.
Ce rapp ort, demandé par M. le Ministre du Commerce et des Trav au x publics, a été lu dans la séance
du 7 octobre i 83 i , e t adopté par l’A cadémie des Inscriptions et Belles-Lettres.
I nvitée par M. le Ministre du Commerce et des Travaux publics à lui faire connaître son
sentiment sur l’édition du T résor de la L angue grecque de H. Estienne, dont la première
livraison a paru il y a quelques mois, l’Académie des Inscriptions ét Belles-Lettres a
nommé dans son sein, pour cet objet, une commission composée de MM. Boissonade,
Letronne, Raoul-Rochette et Thurot. Ce dernier a été chargé par ses confrères de soumettre
à l’Académie les résultats suivants de leur opinion :
En se référant au prospectus raisonné que les éditeurs ont publié pour annoncer leur entreprise,
après Favoir préalablement soumis au jugement de l’Académie, dont il obtint l’approbation
, la Commission a remarqué avec satisfaction que l’exécution de la partie de l’ouvrage
qu’elle avait sous les yeux répond parfaitement aux conditions énoncées dans ce prospectus ;
et elle s’est ainsi convaincue de l’importance et de l’utilité incontestable d’un pareil ouvrage.
En effet, quoique l’immense érudition de H. Estienne et l’ardeur infatigable avec laquelle
il s’était livré à la composition de son grand dictionnaire l’eussent mis à même de profiter
des lexiques grecs connus de son temps, pour en joindre dans une infinité d’endroits des
extraits aux exemples et aux citations qu’il puisait dans presque tous les écrivains grecs, il
s’en fallait beaucoup qu’il eût pu en tirer tout le parti désirable et toute l’utilité qu’ils pouvaient
offrir. II suffit de parcourir les commentaires des philologues et grammairiens des
temps postérieurs jusqu’à nos jours sur les lexiques d’Hésychius, de Suidas, d’Ammônius,
de Timee, de Phrynichus, et plusieurs autres, publiés et annotés à des époques plus ou
moms récentes par cette foule d’hommes célèbres qui ont cultivé les lettres grecques dans
toute l’Europe avec le plus grand succès, sans parler des notes savantes dont ils ont enrichi
les amteurs qu’ils ont publiés; il suffit, disons-nous, de réfléchir sur l’immense développement
qu a pris cette partie des connaissances humaines, pour reconnaître de combien d’acquisitions
precieuses, ou même de ressources indispensables, le T résor de H. Estienne pouvait s’enrichir