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B A LA N C E R , ( verb. lient. ) Ce mot s’applique
dans la Peinture à la compofîtion. & aux
dimenfîons relatives que doivent préfenter les
objets , les figures, les:grouppes, foit dans leur
élévation fur les plans des tableaux, foit dans les -
maffes qu’ils forment.
Lorfqu’on dit, balancer une compojition, ce
terme ne lignifie pas rendre les parties fymmé-
triques ; ce balancement lupppfe des inégalités
méditées , qui non-feulement appartiennent au
fyftéme théorique de l’A r t, mais encore à la nature.
On pourra lire au mot Equilibre , les
explications principalement relatives à la ponde-
ration 3 qui eft le plus louvent un balancement
équilibré des parties du corps humain ; mais'
comme le-terme dont il efl queftion ic i , fe préfente
le premier dans l’ordre alphabétique, & que-
le leéèeur qui veut s’inftruire , n’aime pas à être
renvoyé fans avoir rien appris, je lui offrirai d’avance
quelques obfervations générales, pour le
préparer à celles que le mot Équilibre renferme.
L ’habitude inftinéhielle d’un équilibre nécefi-
faire à la ftabilité & à la sûreté de notre maintien,
dans toutes les pofîtions ,qui nous font propres ,
nous donne le defir de retrouver cet équilibre ju£
ques dans les objets étrangers qui frappent notre
vue. Un homme dont la démarche fléchit brusquement
à chaque pas d’un feul côté, nous caufe
une fenfarion pénible : un aflêmblage d’objets
accumulés dans la moitié d’un appartement, tandis
que l’autre efl abfolument vuide, nous efl:
défagréable. D’ailleurs, les dimenfîons fymmétïi-
ques que la nature obfèrve dans la plupart dè
nos membres, ajoute au befoin que nous femblonç
avoir d’une diftribution balancée ,, & d’un ordre
phyfîquement & moralement défîrable ; mais ,
d’une autre part , la fymmétrie trop précile &
l’ordre trop exaét nous gênent ou nous ennuient s
la mpnotonie & l’uniformité endorment nos fen-
fàtions ; nous Souhaitons qu’elles loient réveillées
au moins par quelques balancemens, foit dans
nos fenfations, foit dans les difpofitions des objets
phyfiques : nous aimons donc à voir plufieurs
objets s’approcher & s’éloigner alternativement de
la fymmétrie & de l’uniformité , & par cette rai-
lon, lorfqu’il s’agit d’imitation de l’A r t , PArtifte
doit balancer les difpofitions des objets qu’il errïf
ploie & méditer cés balancemensd pour que leur
çffet foit plus agréable.
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Place-t-il donc des fa b r iqu e s , des arbres, des
rochers, dans une partie de fa compofîtion? qu’il
ait foin dans les autres parties d’introduire des
objets qui appellent à leur tour le regard. Que
d’autres le difputent à ceux-ci ; que l’oeil enfin ne
foit jamais trop rapidement précipité d’une dimen-
fion à une autre, mais que fucceflivement appellé
dans differens points , il fe promène fur un tableau
, comme on feroit dans un pays qui ne
feroit ni trop uni , ni trop montagneux. C’eft
aînfi que lorfque nous confîdérons une Cour brillante,
nous rendons fucceflivement une .forte
d’hommage aux grouppes. multipliés qui nous
appellent par des . diftinâions, des parures , ou
des agrémens divers, jufqu’à ce que notre curio-
fité, agréablement balance'e 7 s’arrête enfin aux
personnages Augufles.qui v par l’amour qu’on leur
porte, ou la grade qui les pare, fixent le fenti-
ment & les regards. Dans un vafle payfage des
bords de la Seine, les bourgs , les villages , les
maifons dé plaifance, les coteaux , fe balancent
par leur plan, ou par leur differente grandeur,
autour d’une Capitale immenfe, dont la maflè
riche & variée devient, enfin l’objet capital.
Obfervez des pays plus intérefîans pour les Peintres
, vous y découvrez des fommets de montagnes
, diverfîfiés dans leurs formes & dans leurs
élévations; des arbres épars ou raflemblés, font
parcourir au regard qui s’élève, s’abaifle , fe relève
fucceflivement, des fîtes que leur inégalité
rend pittorefques, & fi , vers la bâte de oes montagnes
, le long de (quelles à differens. étages , fe
diffinguent aufli des habitations plus ou moins
remarquables , il s’offre un lac tranquille & limpide
où fe réfléchit la lumière d’un ciel pur, les
yeux s’y arrêtent, & l’ on éprouve.le plaifîr que
goûte un Voyageur, lorfqu’après avoir monté &
defcendu les coteaux, il fe repofe dans une agréable
vallée.
C’eft donc à l’avantage de l’Art , que non-
feulement les hommes fe balancent naturellement
, foit dans leurs mouvemens , lorfqu’ils agi fi1
fient, foit par leurs attitudes , dans le repos,
foit par les geftes & l’expreflion, s’ils font émus,
mais encore que les objets matériels & immobiles
, fe trouvent naturellement balancés par
les formes & les accidens qui leur font propres,
& que les nuages mêmes , jouets des vents & des
effets -de la lumière , .offrent des exemples de balancement
y qui donnent droit d’en employer de
feinblables ou même d’en imaginer de plus heureux.
7 . . .
Cependant , Arrifles doués d’imagination ,
modérez-la, lorfque vous vous occuperez à ba- lancer vps compofirions. L e Voyageur fe plaît à
être légèrement balancé dans la voiture qui le
tranfporte d’un lieu à un autre, mais il fouffriroit
d’être brufquement cahoté.
Artiftes froids, faites-vous la loi d?étudier les
balancemens que vous offre la nature, L a litière
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dont les mouvemens, font riionotones endort le
Voyageur, dans un chemin trop uni.
BAMBOCHADE , ( fiibfl. fém.) Que ce terme
du langage de la Peinture foit emprunté ou qu’il
a it ,été créé pour le langage de l’A r t, peu importe
fans doute à ceux qui veulent plutôt s’inftruire
des chofes que des noms ; cependant ,
comme le plus grand nombre des le&eurs, même
les mieux intentionnés à cet égard , fe plaifent
à trouver l’inflruêlion mêlée de quelques épifodes
qui la rendent moins férieufe, je leur conterai
que Pierre de l’A a r , fùrnommé b amboche, naquit
près de Naarden, dans la Hollande , en
1613 ,. avec la^conformation la plus difgraciée &
les difpofitions les plus heureufes. Il avoit, à la
vérité, les jambes longues & mal-affùrées , le
corps fort court & la tête enfoncée dans les
épaules; mais fa vue étoit jufte , fa mémoire
étendue & fon efprit développé'. Ce qui ajoutoit
au dédommagement qui lui étoit dû , à fi jufle
titre , c’étoit une gaité inépuifable , une plaifân-
terie fine , agréable , & un efprit naturel qui plai-
foit à tout le monde ,, préfens que la Providence,
par une juftice diftributiye , fait aflèz fréquemment
à ceux qu’elle a facrifiés à fes caprices.
Pierre de l’Aar fe trouva donc doué du talent de
la Peinture , du charme d’un heureux cara&ère
& du don plus précieux encore de fe faire aimer.
Il égaya fa. difformité comme Éfope fon efcla-
vage , &. Scarron la douleur & la maladie. Je ne
fais f i , ayant à choifîr de ce partage ou de celui
de tant de beautés fans agrément , * de figures
fans çaraétère & d’efprits profondément ennuyeux ,
on pourroit héfîter fur la préférence. Notre Ar-
tifté ne fut pas le maître de choifîr ; mais avec
des qualités dont il fentit le prix , il ne craignit
point de fe montrer dans le lieu même où font
raflemblés les plus belles images des formes
humaines. Il alla donc à Rome ; les Italiens, portés
à la dérifîon par .l’effet d’un efprit prompt,
d’une imagination pittorefque & d’un penchant
marqué pour les fobriquets , l’appellèrent Bam^
b o^o , qui fignifie homme manqué. Nous pouvons
penfer, d’après fon humeur, que le fobriquet lè
mortifia peu , & qu’il y trouva peut-être des occa-
fions de plus de montrer fa gaité ; précieux don
que celui qui nous fait tirer parti de tout, pour
tromper notre deftinée. Notre jeune Arrifte, heureux
jufques dans fes liaifons, vécut avec Pouflin ,
Claude le Lorrain & Sandrart. Il faifoit les frais
de leur amufement, foit par les fons qu’il tiroit
de plufieurs inftrumensdanslefquels.il excelloit,
foit par les jeux de fon imagination, foit enfin
par fes plaifanteries, d’autant plus gaies & plus
aimables que la malignité ne s’y mêla jamais^
Peu jaloux des avantages dont il ne jouifîoit pas ,
il fe çontentoit de mettre à profit ceux qu’il
avoit reçus, & portant fa gaité jufques dans fon
travail, il ne commençoit jamais à peindre , fans