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Cette qualité fpéciale de Ÿhorizon en perP
peétive , détermine la différence de cette application
du mot , d’avec celle qui fe donne à
Vhori\on ou lointain , dans une peinture , car
ce lointain ou horizon peut être très varié de
formes.
Ce n’ eft pas une chofe indifférente pour un
peintre, que de bien ou mal placer, dans fon
ouvrage, la ligne horizontale. Si elle e£t placée
haute, il faudra voir davantage le deffus des
objets ; fi cette ligne eft baffe , ces deffus ou
profondeurs deviennent plus raccourcies.
Un artifte raifonnable fe détermine fur ce
choix par la place que doit occuper fon ouvrage,
& par les objets qu’ il fe propofe de rendre.
S’ ils font d’ une nature à produire une parfaite
illufion, tels que des meubles, de l’architeélure,
ou tous autres objets fans mouvement -, alors
i l doit fuivre la loi donnée par la nature, &
placer V horifon fuivant le lieu qu’ occupera le
regardant. S’il fait un tableau d’ hiftoire , alors
fans s’ écarter de cette lo i d’ une manière choquante
, il doit cependant s’ en éloigner autant
qu’ il le faut pour conferver de la grâce , difons
plus, de la vraifemblance dans fon ouvrage
autrement ce feroit le cas de lui appliquer cette
leçon :
L e vrai peut quelquefois n 'itre pas vraifemblable.
En effet, fuppofons qu’un peintre ait à faire
un tableau deftiné a être placé à vingt pieds
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de terre ; s’ il met V horifon tel qu’il feroit dans
la nature , s’ il voyoit d’en bas la fcène réelle
qu’ il veut peindre , il placera cette ligne à 14
ou 15 pieds au deffous du bas de fon tableau ;
& alors toutes les hauteurs des objets de fon
tableau , deviendront raccourcies , & produiront
des effets défagréables , fur-tout dans un
fujet dont l’aélion fe pafferoit fur la terre, &
par rapport aux figures debout.
D’^in autre côté , Iorfque les peintres choi-
fiffent un horifon trop h aut, les objets de leurs
tableaux ont l’ air de le renverfer fur les fpeéla-
teurs. Ç’ eft une pratique qui produit des effets
ridicules , & qu’ il faut fuir , quoique le Tin-
toret en ait fait un affez fréquent ufage,
A in fi, pour concilier la vraiffemblance avec
la nécefîite de plaire , il eft avantageux de placer
la ligne d’horifon un peu bas , fur-tout lorsque
le tableau doit être élevé , fans cependant
le faire fortir de la fcène.
Nous favons que cette conciliation ell: contre
le fyftême de quelques peintres qui n’ont pas
fait difficulté de placer Vhorifon hors d’oeuvre,
quand l’ expofition de leur tableau leur a femblé
l’ exiger. L’art de peindre eft auffi l’art de plaire,
& on peut facrifier cette loi de rigueur , fur-
tout Iorfque des peintres habiles en perfpe&ive ,
en ont ufé ainfi. Il nous fuffit de citer le Vouet,
le Sueur , Jouv ene t, la Hyre & Carie Maratte,
qui font affurément des modèles à fuivre fan6
; balancer. ( A rticle d eM . R o bin . )
J a l o u s i e ( fubft. fem. ). Funefte maladie |
de l’ame, qui attaque fouvent les artiftes.
Deux rivaux ne difputent ordinairement qu’un I
objet chéri *, mais, chez lés artiftes, deux |
amours, également puiffans dans l’ame dont ils
s’ emparent, y font naître à-la-fois une double
jaloufie : l’ un de ces ^mours eft celui du
profit, & l’ autre celui de la gloire.
Les artiftes, dans leur vie occupée & tranquille
, devroient ne nourrir que des affedions
douces ; mais , dans le filence paifible de leurs
atteliers, trop fouvent l’ envie ronge leur coeur*
elle les a quelquefois portés au crime.
L’art renaiffoit à peine , quand André, ja loux
de Dominique , porta le poignard dans le
coeur de fon maître , de fon bienfaiteur , de
fon ami.
Michel-Ange , jaloux de la réputation du
V in c i, lui caufa tant de dégoûts, qu’il l’ o bligea
de s’ expatrier -, il s’ efforça de faire
regarder Raphaël comme un plagiaire , 8c de
lui fufeiter pour rival , F r a Baftian del
Piombo. .
Par-tout la jaloufie pourfuivit le doux &
modefte Zampierri , qu’on appelle le Dominiquin.
Quand il eut fini fon tableau de la
communion de Saint-Jerome , que le Pouffin
comptoit entre les plus beaux de Rome, Lan-
franc fe hâta de faire graver à Bologne , le
même fujet qu’ avoit peint Louis Carrache,
r.-pandit à Rome cette eftampe & eut foin
de faire remarquer quelques reffemblances qui
fe trouvoient entre l’ordonnance de Louis, 8c
celle du Dominiquin. La plupart des conrem- j
porains crièrent au plagiat, & foutinrent que :
Zampieri étoît incapable de rien faire par lui- ;
même . il eft vengé par la poftérité.
Malheureux à Rome , il alla travailler à
Naples, & y trouva un autre ennemi jaloux,
un nouveau perfécuteur, l’Elpagnolet, qui
difoit que le Dominiquin ne m'rivoic pas le
nom de peintre , & qu’il ne fa voit pas même
manier le pinceau. Il mourut de langueur 8c
de faim , dans la crainte d’être empoifonné.
Des artiftes jaloux, gâtèrent les beaux tableaux
que le Sueur avoir peines pour le cloître des
Chartreux , & qui appartiennent maintenant au
Roi. Les plus belles têtes, les plus favan es ex-
pteftions furent détr h es avec le couteau. On
voit que cet instrument a été employé avec art,
& par des mains exercées au deilin. Des ex-
preftion.s juftes 8c précilês, ont été rendues
^dicules par la marche favarre du couteau;
Ch ■ reconnoit qu’ il étoic tenu par des- gens
qui favoient faire ce que les artiftes appellent
des caricatures. Ce n’auroit pas été de cetre
manière , que des ignorans auroient pu gâter
un bel ouvrage , 8c les ennemis cachés oe le
Sueur, fe font decelés par leur habileté même,.
On a prétendu qu’ il étoit mort empoifonné , 8c
des artiftes avoit feuls intérêt d’avancer fes
jours.
La jaloufie des artiftes n’a pas toujours une
énergie atroce : elle eft plus lbuvent baffe 8c
mefquine. E lle les détourne de leur art, pour
les appliquer à de petites manoeuvres, à de
petites intrigues. En aviliffant leur ame, e lle
ne peut que dégrader leurs talens. Croit-on
qu’il foit poflible de s’occuper dans le monde
de manèges humilians, & de retrouver, dans
fon atte lie r, la nobleffe qu; eft néceflaire à
l’ exercice des arts ? ( Article de M . L e -
v e sq u e . )
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ICHNOGRA PHIE. ( fubft. fem. ) Ce mot
flgnifie proprement le plan ou la trace que
forme , fur un terrein, la baie d’ un corps qui
y eft appuyé. Il vient du grec \%Æ trace
veflige & de y f iu f a , j’é cris, je trace. LVii-
chnographie, eft véritablement une deferiprion
de l’ empreinte ou de la trace d’un ouvrage.
Ce mot n’ eft en ufage ni parmi les peintres
ni parmi les fculpteurs ; mais il eft adopté
par des ans qui tiennent eux-mêmes au deilin,
& il flgnifie toujours des efpèces particulières
de dejfins.
En perspective , c’ eft la vue ou la reprc'fen-
tation d’ un objet quelconque, coupé à fa
bafe. ou à fon rez-dè-chauffée, par un plan parai-
lèle à l’ horilbn,
; L ’ ichnographie, en architecture, eft une (êc-
tion traniverfe d’ un batiment, qui repréfente
la circonférence de tout l’édifice, des différentes
chambres & appartement,, avec l’épaif-
feur des murailles, les diftributions des pièces
les d.menfions des portes, des fenêtres des
cheminées, les faillies des colonnes & des piédroits,
en un mot avec tout ce qui peut être
vu dans une pareille feétion.
E n fo rtifica tion, le mot ichnographie lignifie
le plan ou la reprélfentati, n de la longueur
& de la largeur des différentes parties d’une
forterefle, Ion qu’on trace cette repréièntation
lur le ferre in ou fur le papier.
C’eft aitlli dans la même fcience, le plan ou