
ta ille principale peut fu iv re , fu r -to u t vers le »
contour , la longueur du mufcle; Ce travail
un peu raide, & dont il ne faut pas abufer-, exprime
bien la force de l’ aélion.
Dans les racourcis la taille doit fuivre le
fens que lui impofe la perfpeétive; quand un
membre fuit par le trait, il feroit ridicule qu’ il '
avançât par le travail.
Les principes que nous venons d’établir ne
font pas toujours bien évidemment fuivis dans
les eaux-fortes de peintres ; mais les licences
agréables que fe font permis quelques artiftes
ne font pas des règles. De ce que Benedette ,
Rembrandt, & même la Belle fe font permis
de jouer avec la pointe, parce qu’ ils pré-
^ y p ie n t tous les agrémens qui réfultèroient de
ce jeu , on ne conclura pas que l’art doive
toujours être traité comme un ingénieux badinage.
D’ailleurs eh pbfervant bien leur tra-
vail , .on verra que les'règles y font moins enfreintes
que difllmulées.
On fentira , fans qu’il fôitbefoin d’en avertir,
que les travaux des premiers plans devant être
plus nourris que ceux des plans reculés, les
ombre.» plus fortes que. les demi-teintes, les
tetralTes plus brutes1 que les chairs & les draperies,
il r|e faut pas trader l’ouvrage entier
d’u.ne même pointe , que certains travaux demandent
être tfacés d’une pointe plus forte,
d’autres d’ une pointe plus déliée.
Sans nous arrêter à l’ exemple de Mellan y &
à celui de plufieirçs grâvèüïs en p é tit, on peut
dire généralement qu’ un feul rang de tailles
ne fufnt pas à rendre tous les tons qiii doivent
entrer dans une eftampe. La première doit fou-
vent être croiféë d’ une .fécond3 , & quelquefois
même d’ une troifième & d’une quatrième. Delà
résultent differens grains dont les objets reçoivent
la variété qui les caraclérife.
Quoiqu’on hé rifque guère d’établir des troi-
fièmes., & encore moins des quatrièmes à l’ eau-
forte , parce que l’ acide de cëtte liqueur eau-
feroit des aceidêns au vernis dans les endroits
où il feroit furchargé de travaux , nous dirons
cependant, ic i'e n paffant que la fécondé doit
être plus écartée & plus fine que la première ,
la troifième plus que la fécondé, & la quatrième
encore plus. Quand il. ne s’agit que de
facrifier entièrement une partie , en forte que
lès travaux n’ en pourront être diftinguës , il
devient inutile de-furvre fcrupuleufement cette
règleV
• Dans les travaux des chairs, la première &
ter fécon dé doivent' former par leurs feélions
plutôt des lozanges que des quarrés. Le quarré
ferà réfervé pour les matières inflexibles , comme
te pierre^ Le demi - lozange, ou' même le lo-
zànge parfait , conviennent mieux à la molleffe
de la chair. Les chairs de femmes étant plus
délicates doivent donc tendre plutôt au-lb'zange
| parfait, & cëlles d’hommes approcher davan»
rage du quarré. I l eft à-propos d’éviter le lozange
parfait, & à plus forte raifon le lozange outré
j dans les parties qui doivent être poulfées
a un ton vigoureux , parce qu’ il faudroit trop
de petits travaux pour éteindre ie blanc que ce
grain laifleroit.
Après avoir ébauché à la pointe les embres
des chairs par des travaux nourris & profonds ,
& les demi-teintes par des travaux plus légers,
& fouyent par une feule ta ille , on a befoiri
d’ un travail plus léger encore pour parvenir
doucement à la lumière. Ce travail confifte en
points. On peut le prendre d’ un peu lo in , le
commencer par des points longuets en forme
de tailles interrompues, & le terminer par des
points ronds. On peut, fuivant que le goût
l’ infpire , & que la chair qu’on veut traiter
éfl: plus ou moins délicate; tracer les points
longs en lignes droites:, oü leur faire décrire
de foibles courbes. -
Un graveur très-juftement célèbre , M. Co-
chin , a confeillé de ranger les points ronds
avec beaucoup, d’ordre, parce que l ’épaiffeur
du vernis , occafionnera toujours dans cet ordre
de’foibles (dérangémens qui les éloigneront aflez
de la froide régularité. On les rangera^ donc,
fuivant fon conlëil , comme les tailles dont ils
font la continuation , & on aura foin qu’ ils ne
foient pas les uns àu-deflus des autres, mais
que chaque point d’une taille ponétuée réponde
à un blanc ae la taille ponétuée fupérieure &
inférieure.
Cependant fi l’on veut , comme Gérard Au-
dran en a laifle des exemples I traiter quelques
parties en points empâtés , on pourra, dès l’ eau-
forte, établir des . points fans ordre, qui n’auront
d’ autre fonétion que celle de peindre.
Des points plus nourris feront empâtés par
d’autres plus légers & moins profonds. Ce p,rë-
mier travail pourra n’ être pas agréable par lui-
même •, mais il fera facile , en terminant, de le
nétoyer & d’achever de le peindre par un
mélange d’autres points au burin & à la
pointe sèche. Ce procédé peut a voit* fes agrë-
mens & fes avantages. I l elt du nombre de, ceux
qu’on ne doit confeiller aux arcifles de fuivre
ni d’éviter , parce que , dans ces chpfes indifférentes
par elles-mêmes , & qui doivent tout
leur mérite à l’ art de ceux qui les einployent,
chacun afâmanière d’opérer qui lui eft propre ,
& réufliroit moins s’ il vouloit en changer.
Comme les draperies font des fubftancës qui
ont de la mo llèfle ,‘Te grain lozange femble
fur-tout leur convenir. On peut donc en tenir
les tailles encore pluë lozanges que* fur les
chairs, 'fur - tout dans les parties qui ne font
pas plongées dans une ombre pbf'cUré. C’eft la
méthode qu’ a fui vie dans plufieiirs dë fes ouvrages
Jacques Fre yi, imitté par' W agner, & de
G R À
nos joflrs par MM. Strange & Bartolozzi. L’ agrément
de ce travail a été prefqu.e généralement
Terni, & la plupart des, graveurs modernes
l’ ont adopté. On voit que les Dreyets
avoient reconnu tout l’avantage de ce g ra in ,
& on peut le remarquer fou vent dans leurs ouvrages.
Edélinck & Nanteuil ont été plus prodigues
du quarré ; mais ce n’eft point à cet
égard qu’ ils méritent d’être préférés ,à leurs fuc-
ceffeurs. On ne rifque rien d’ approcher du
quarré dans les mafles très-fourdes, parce qu’ il
a plus de repos ; mais quelque genre de travail,
qu’on employé pour les. draperies , au moins
doit-on toujours 1 es graver par tailles fbuples &
ondoyantes. Des. "tailles raides repréfenteroient
plutôt du bois ou de la pierre que des étoffés.
Le linge veut être préparé d’ une feule taille ,
plus fine & plus terrée que celles des étoffes
qui ont plus d’épaiffeur. I f ne faut pas fe hâter
de le* couvrir d’ une fécondé, encore moins
d’ une troifième ; on doit chercher au contraire
à l’approcher du ton autant qu’ il eftpoflible avec
une feule taille. Par cette méthode les tailles
dont on le croilëra ne feront que Je glacer , &
cônferveront à fes ombres de la tranlparence..
I l fembie qu’ en générai ,1e grain, lozange,,
ou approchant du lozange , convient à toutes
les parties tranfparentes ou reflétées : & le grain
approchant du quarré à toutes celles qu’on veut
tenir d’ une obfcurité fourde & profonde.
Nous avons établi pour règle générale de la
difpofition réciproque des tailles , que la première
foit plus nourrie & plus ferree que la
fécondé , & c..: mais dans les parties fort fout-des,
& très-obfcures , une règle fupérieure fait oublier
celle que nous venons de rapporter ; c’eft
d’employer tous les moyens d’éteindre ce qui
pourroit tenir de la lumière, & la manière la
plus sûre d’obferver cette lo i , eft de ferrer &
de nourrir prefque également tous les travaux ,
& d’ employer , s’ il eft poffible , le quarré parfa
it, parce qu’ il laifle moins de blanc que le
lozange & le quarré long.
La pierre neuve & bien confervée exige des
tailles d’ un quarré parfait, & la fécondé doit
être égale à la première en force & en diftance.
Mais la vieille pierre, rongée en partie par le
tems , contraéle à fa lurface une apparence de
molleffe qui: s’ exprime par des travaux moins
auftères. ,Là fe peuvent employer des tailles
tremblantes, interrompues, des travaux grignotas
, &: quelquefois un badinage de pointe
qui exprime la mouffe dont cette pierre eft
couverte.
Le bois fe prépare par une taille longue qui
çn fuit les fibres, moins parfaitement droite-,
mpins ferme, moins..', régulière que pour la
pierre. Les brifures & les fibres du bois s?ex-
priment par des tailles plus ferrées,. les noeuds
par des tailles tournantes ; la féconde peut être
G R A W?
lozange ou .quaffee fur la première , mais elle
doit toujours être moins ferrée.
Des tailles courtes , fort tremblées , fouvent
interrompues(, fe changeant fouvent en points
irréguliers, inégaux entr’ eux , qui fuivent quelquefois
les tailles , & quelquefois les contrà-
r ie n t , tels font le ’travaux qui conviennent
aux chaumières , aux mafures, aux cabannes
ruftiques. Us doivent ..dominer dans les parties
de demi-teinte & de reflet., & s’ il faut qu’ ils
foient couverts de fécondés ta ille s , elles participeront
au même genre, couperont quarre-
ment les premières , & feront affez écartées pour
ne fervir que de glacis. On fe rapprochera du
quarré parfait dans les fortes ombres.
Comme la terre eft encore plus molle quo
la fubftance des chaumières, elle fera gravée
d’ un travail encore moins fe rme , pli-s brut^
plus inégal. On ne rifquera rien d’outrer ici
le lozange / tous les petits travaux qu’on em •
ployera pour en éteindre les blancs n’ imiteront
que mieux la mole|ïe de la terre. Ce feront
auffi des travaux trèsrlozanges qui formeront
les mafles d’ombre dans le feuille des arbres,;
on y rappellera quelques-uns des travaux qui ,
fur les lumières , cara&érifent ce feuiilé. Dire
ce que doivent être ces travaux fuivant les différentes
efpèces d’arbres., & les différentes
formes de leurs feuilles 9 ce feroit vouloir donner
par écrit une leçon qui ne peut être prife
avec fruit que par l’étude de la nature & l’ob-
fervation des tableaux des plus habiles payfa-
gtftes. On peut avertir du moins qu’ on ne s’en
acquittera jamais bien qu’ avec une grande l i berté.
C’eflMà fur-tout qu’on ne peut rendre
que par d’adroites indications l’ouvrage de la-
nature ou celui de fes copiftes, & qu’on s’ en
écartera d’autant plus qu’on voudra les fuivre
plus fervilement.
Les cheveux fe gravent par mafles ; quelques
poils voltigeans, de petites mafles détachées
des grandes , en marquent la légèreté. L’affectation
démultiplier les poils voltigeans , comme
l?a fait Maflon , nuiroit ,à cette légèreté, parce
que la gravure,^quelle que foit la fin elfe de les
travaux , . donnerait toujours trop de groffeur à
ces poils.
Les crins des chevaux, lorfque ces animaux
font en bonne fanté Se proprement entretenus,
offrent une lurface fi lice qu’on doit en négliger
les détails , excepté à la queue, à la crinière & c .
On grave donc lq cheval fans avoir égard aux
crins îifles dont la peau eft couverte. Mais il
n’ en eft pas de même des animaux à long p o il,
ou à laine frifée. On ne les gravera jamais mieux
qu’ a < l’ eau-forte^ parce que lé trayail de ces
poils demande une liberté, une forte de badU
nage , une indication fpirituelle, à laquelle
femble, fe; refufer la marche grave du burin.,
Les plumes exigent des travaux légers, propres
Y y i j