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parer attentivement avec l ’expreflion & l ’of-
donnance du peintre original , examiner le
de delfin, celui du coloris & le carac-r
tere du pinceau. I l eft rare qu’un artifte qui
.fort de fon g en re , ne laiffe échapper quelques
.traits qui le: décelent.
^ A T E ( fubft. fem. ) terme propre aux arts
de peindre , de fciilpter 8c de graver. On dit
peindre dans la pâte» C’ eft exprimer la manière
des peintres.qui, dès le premier travail de la
peinture à l’huile , qu’on appelle empâtement,
chargent leurs tableaux de beaucoup de couleurs
, & ont encore l ’art de fondre les tons
& de retrouver au milieu de cette quantité de
■ couleurs , les formes de la nature. Cette façon
de faire eft ordinairement celle des coloriftes.
I l eft prefque impofiible qu’ elle foit celle des
deflinateurs très correéls. Car on fent qu’ elle
rend inutile le foin que prennent tous les ar-
tiftes qui vifent à la pureté , de bien & fcru-
puleufement arrêter fur leur toile tous les traits,
avant qqe., d’y pofer aucune couleur.
Se perdre dans la p â te & fa v o ir s y retrou-
v e r , comme on le dit quelquefois , eft un effort
de pratique bien remarquable ; mais qui ne
reulîit- que très rarement.
Un tableau tout d ’une p â t e , c’ eft celui où
le s couleurs font couchées abondament dans
toutes fes parties , & dont le maniment de
pinceau qui appartient à cette manière eft partout
foutenu.
Le mot p â te eft prefque toujours un éloge
confacré au mérite de l’ exécution. Ce mérite
n’eft guere fenti que par les gens du métier, ou
par les connoifleurs fort exercés dans l’étude des
tableaux. On l’ a vanté furtout depuis la ehûte
de l’art ; depuis qu’on s’ eft attaché principalement
auxbeautés qui proviennent de la main
depuis qu’on a fait moins d’ efforts pour atteindre
à la févérité du trait , à l’ efprit dans les
expreffions , & à la fublimité- d-es'penfées &
des caraâères -, feules recherches des artiftes
reftaurateurs de l ’art.
Tintoret , BafTan dans l’école vénitienne :
Salvator Rofa, peintre d’ hiftoire , Feti , Carlo
Lotti , un R o fa , peintre d’animaux , 8c quel-
qu’ autres encore parmi les Romains : Rembrandt
, Bratiwer , Jacques Jordaens chez les
Hollandois & les Flamands ; & chez nous' la
F o ffe , Blanchard, & c , o&t peint dans la pâte.
Ainfi la pâte n’ eft pas , comme on le v o i t ,
une qualité eflentielle à Fart de peindre $ au
liçutqu’ empâter eft une méthode de pratique
néçeflaire dans tous les genres d’exécution.
En fculpture ou fe fert du mot de bqnne \
p â t e , quand on fent que l’artifte a, ufé graf- \
fement, largement , & aifément d e ’fes mate- ;
riaux. Cet éloge s’applique plus particulièrement
aux ouvrages que les fculpteurs font en
P A U
terre , & aux plâtres formés dans les moules
qui fe fabriquent fur: leurs modèles. Quelque
moelleux que foit le travail d’ un marbre , il
n e ft pas 4 ’ulage de lui appliquer le mot de
pâte.
un &raveui’ a donné bien de la fouplefle ,
de la largeur & furtout du moëleux & de la
couleur a fes tailles : on dit cette eftampe eft
d’ une belle pâte. Ainfi Wifcher , Bolfvert
Woftermann , Abraham Bolfe , Nicolas Dori-
§>ny 5 Rouflglet & Balechou font des graveurs
qui ont mérité fouvent cet éloge. On peut cependant
obferver que cette expreffion eft plutôt
employée par les amateurs de la gravure,
que^par les graveurs eux - mêmes-, ils difene
plutôt, pour exprimer cette id é e , qu’une planche
eft d’ un burin large , d’ un travail nourri,
d’ un grain moelleux. (Article de M . R o b in . )
a ( a d j . ) On dit quelquefois que
des chairs font pâteufes pour faire entendre
qu elles, font peintes largement, moeleufement
& dans la pare. On dit aulli de la touche qu’ elle
eft pateufe , ce qui eft l’oppofé de la touche
Mais, on ne dit point d’un tableau qu’ il
eft p â teu x , quoiqu’on dife bien qu’il eft peint
dans la pâte.
PAUVRE. ( adj. ) Une tête pauvre eft une
tête ignoble , une draperie pauvre eft celle qui
manque de l’apparence d’ampleur , une compo-
fition pauvre eft celle qui n’offre pas la richef-
fe que promettait le fujet , un deflïn pauvre
eft le même qu’on appelle petit , mefquin ,
celui qui manque de grandeur dans les formes!
Quand l’adje&if pauvre , eft placé avant le
fubftantif, il fignifie mauvais. Voilà un pauvre
tableau , une pauvre ftatue , un pauvre d e ffin.
Cet homme eft un pauvre peintre , un
pauvre deffinateür.
Le mot méchant, placé de même, prend la même fignification. Un peintre méchant feroit
un artifte d’ un mauvais caraétère ; un méchant
peintre peut être un très bon homme , mais
c’ eft un artifte fans talens.
Attaqu er Chap ela in 1 A h ! C ’ eft un f i b on homme.
Mais le bon homme Chapelain était un méchant
poète.
PAU V R E T É , (fubft. fem. ) Oh appelle p a u vretés
dans l’art toutes les petites formes que
préfente la nature quand on l’ examine de fort
près , & que l ’art doit négliger parce qu’elles
s’évanouifTent dès que l’on fe place à une jufte
diftance. C’ eft la recherche de ces pauvretés ,
le foin de les rendre avec exaélitude , 8c le
goût mefquin qui les fait préférer aux grandes
P , - A , Y
formes , qui conftifuent ce .qu’ on appelle un
deflin pauvre.
PA Y SA G E , ( fubft. mafc. ) dérivé du mot
p a y s , parce qu’ un payfage eft u,ne repréfenta-
tion d’ un pdÿ's'y uné^imitation de quelqu af-
peéfc de: la campagne ou autrement de la nature
champêtre.r» .
La repréfèntatiôn qu’ en fait la peintufe &
qui fe modifie fous des 'formes innombrables,
s’ appelle Tabteau de payfage.
On peut tepréfenter les'afpe&s de la campagne
tels qu’ ils s’offrent aux regards.
On peut, en peignant un p à y jàg e , prendre
pour b a fed e s afpeéts réels', mais auxquels1-on
le permet de faire des changemens tels » clue
ces repréfentations foient en partie imitées de
la nature , & en partiè idéales.
Enfin l’on p eu t, fans fortir de l ’atteliery
peindre la campagne.
On peut en compofer la repréfentation, telle
qu’on l’ imagine d’après toutes les combinâilons
éparfes fur la furface de la terre ; peut le
colorer & l’éclairer à fon gré d’apres les. effets
de couleur 8c de lumière dont on fe rappelle
lé louvenir»
Les afpe&s que l’on imite fidèlement &
tels qu’ ils fe préfentent, s’appellent des vues.
ainfi l’ on dit de l’ Artifte qui employé ainfi
fon ta lent, qu’il defline ou qu’ il peint des
Vues.
Les afpeéls champêtres , imités en partie
d’ après la nature 8c en partie imagines , font
des paÿfages mixtes , ou des vues compofées.
Les P a ÿfag es créés fans autre fecours*que
P A Y r de tous les p a y [â g e s j mais ce ne font, pas ceux
qui méritent le plus id’aüniiration , comme ouvrages
les fouvenïrs 8c l’ imagination , font des repré- 1
fentations idéales de la. nature champêtre.
Les Vues manquent fouvent , par trop
d’ exaélitude ; des agrémens que l ’ imagination
aüroit pû leu r prêter.
Lès P a ÿfages mixtes ou vues compofées
abondent quelquefois en agrémens d’imagination
, gux dépens de l ’exactitude des plans
perfpeéiifs, ou d’ une unité parfaite dans la
vérité des effets de la lumière. ■
Les repréfentations idéales enfin ( genre le
plus noble du Payfage^ parce que le génie,
s’ y montre davantage?»). exigent aulïi le plus
grand talent .& par cette r ai fon , ce genre
a_ produit les plus beaux ■ & lps -plus mauvais
tableaux de la, nature champêtre.»
Jè vais offrir‘ à mes lèélêùrs quelqùés déve-
loppemens-d’idées fur ces trois différentes claf-
fes qtji embrafient toutes les fortes de pqyfage*.
i> E S
1;L ë s o â r léur natuf^ lès jlus'v^ais 1
de lV t , ' /Elles., font.relativement au
genre du pttyfiig'é.^, ce que font les portrattjp
relativement â Vhiflbiré.
Suivons un moment ce rapport :
L’impreflion la plu s. marquée'^ ue produife un
portrait eft celle qu’on éprouve , lorfqu on
reconnoît la perfonne- rèpréfentée & que Io n
s’intéreffe à elle.
On peut encore être frappé d’ une vérité
d’imitation qu’on nomme vérité de nature.
Nous éprouvons ce' fèhtiment à la vue d un
portrait de 'VanrDyck , du Titien , de Kun-
Brand., dans lequel nous croyons apperpevoir
un homme ou une femme qui fe pféfënte à
nous & femble prêt à nous parler y une im -
preffion plus foible , mais, plus generale, eit
celle que produit un p o r tra it, par la lingula-
rité des phyfionomies 8c des ajuftemens.
Ramenons ces idées du genre du p o r tra it,
au genre des vues.
L ’ intérêt de reffemblance , dont j’a i parlé ,
I éft propre à céüx qui reconnoiffent un afpea
; qu’on a repréfenté avec exaéEitude.
Ce plaifir regarde le poffefTeur , l’artifte qui a
: fait l’ imitation & ceux qui , par des raifona
particulières , attachent au lieu qu on a repréfenté
quelqu’interet perfonnel.
J e m’arrêterai un moment â: chacune, de cçs
impreillons. , .. ......... ' .
I • 'C e lle qui regarde le poflefleur eft bornee a
| lui 8c tient à la perfonnalité:-
i Les imprefïions que reffentenc les artiftes en
deflinant ou en peignant des vues & en jouif-
■ fanc de l’ exaéle reffemblance qu’ ils s’ efforcent
; de leur donner , font plus intcrefTantes.
La' 'nitüre.' 8c l’ art 'concourent à l ’ envi à
l’ ihtérêt5 quë leur1 caiifent ces repréfentations.
. A'uffi eft^il "difficile a quiconque n’ a jamais
dé ®fié ou peint: d’ après natufe de fe : faire une
iufté idée: de l’ intérêt qu’ éprouve 1 artifte ,
lorfque choififfant, ou plutôt faififfanr avec
ârdeiir'', une vue bien écjairée, enrichie d ac-
cidetis. heureux , il le prépare à en faire le portrait
dans cçtte difpofition favorable ( on
pourrait dire délioieufe ) ‘ dont j’ ai parlé a 1 ar-
tiple qui explique ce .que c’ eft que peindre
; aveà 'çimôüW t>ès le premier moment q i/ il préparé
Tes' crayoùs ou fe.s pinceaux , il voit 1 déià'Tehtreprife terminée Su gré de fes defirs.
A ciiâque trait s’ accroît un plaifir que rendent
plus v i f les difficultés qu’ il éprouve , le s .re -
fiftances que femble faire la nature pour trom- 1 per" fon empréffement, les effons qu ü redou-
ble pour la faifir, fes'jcu'.ffancA enfin, a chaque
‘ faveur qui il .en obtient. . . . .
w . ♦ - • I î i r it