
Ijtf C O s
thologique des anciens , feroit avouer qu’ on n’a
point defliné , ou qu’on a étudié trop fuperfi-
ciellement les monumens qui font devenus les
bafes de l’art.
.De même, ne pas repréfçnter Achille , Dio-
inede, A ja x , Ænée avec les armes & les ha-
billemens qui leur conviennent, ce feroit avouer
qu on n’a lu ni Homère, ni V irg ile •, & cette
négligence feroit aujourd’ hui moins pardonnable
que jamais , quoique la connoiflance approfondie
de l’antiquité foit peut-être plus rare
parmi nous qu’ elle’ n’a été. Mais s’a g it-il de re-
préfenter quelques traits ou quelqu’a&ion tirés
des hiftoires & des monumens moins connus ,
des temps plus reculés, ou des temps plus modernes
dont on s’occupe moins *, d’ un côté lek
peintres font refroidis fur l’ exaôitude du cof-
tume par les recherches qu’ ils feroient obligés
de fa ire , recherches plus étrangères à leur art
que celles dont j’ai parlé, & qui prendraient
fur le temps dont ils croyent avoir un emploi
plus indifpenfable à faire pour les autres parties
de leur art : de l’autre , ils confidèrent le petit
nombre de juges qui font en état de leur favoir
gré d’ une fi pénible exaâitude.
Une autre raifon • s’oppofe fouvent encore à
la bonne volonté qu’ ils pourraient avoir -, c’ eft
que le cojlume de.plufieurs pays & de plulieurs
temps n’ayant pas été adapté aux arts, qui ne
floriffoient point affez alors , ou y ayant été employé
d’une manière mal-adroite & barbare,
lés artiftes fe trouvent rebutés par une difcon-
venance pittorefque. qui leur femble une fuffi-
fante excufe.
Mais, je le répété , ils ne font pas autorifés
par ces difficultés & ces raifons à des tranf-
grefliqns qui bleflent trop la. vérité.
Les fecours que peuvent employer les artiftes
pour fe tirer de ces embarras, font les
ouvrages que des favans, amis des arts, ont
déjà compofés pour leur épargner la perte d’un
temps , que l’ étude de leur art ne peut leur per-
mettre de facrifier.
P eu t-ê tre la méthode la plus raifonnée n’a-1 -
e lle pas encore été mife en ufage à cet égard y
& je penfe qu’un des points de vue. qïi’dl faudrait
avoir dans ces ouvrages, feroit premièrement
de divifer les temps hiftoriques , quant
au cojlume, par intervalles , qui ne devraient
pas .être égaux.
En effet les, hifloires des temps très-anciens
permettent que les artift.es , fans trop blefler les
vérités, hiftoriques, choififfent dans un ef-
pace de temps affez considérable , les cojlum.es
qui s’accordent le mieux à l’intérêt pittorefque ,
d’autant plus que les différences partielles &
fucceflives - qui pourraient avoir exifté font
à oeine connues.
Cette latitude ne doit pas être aufli grande
dans, les fiècles plus floriflans-,parce qup trop
c o s
de livres ou de monumens , & une tradition
trop répandue autorifent à exiger plus d’ exaéti-
tude & à juger avec plus de rigueur.
Voilà une idée générale des bafes que peuvent
prendre, à l’égard du cojlume, les artifles & les
auteurs. Je dois dire encore un mot des incertitudes
où fe trouvent les peintres relativement
au cojlume de nos temps modernes.
Le cojlume en ufage de nos jours, les contrarie
fouvent, fur - tout lorfqu’ ils le comparent
à des ufages plus favorables à leurs travaux :
en effet la coëffure & les habillemens Grecs
& Romains font fans contredit préférables pour
l’ intérêt de l’ Art à nos vêtemens ordinaires,
parce que nos habits, & la plus part de nos
coëffures altèrent ou déguifent le nud & les
formes de la nature.
Je ne repéterai pas ici d’ une part tout ce
qu’on a dit fur l ’extravagance • & la mobilité
continuelle de nos modes , qui la plupart, en
e ffet, changent lps proportions naturelles, &
qui par - là font aufli contraires''à l’ intérêt des
perfonnes qui les adoptent,- qu’aux arts. Je ne
répéterai pas non plus ce qu’on jaeut dire en
faveur de ce qu’on appelle vérité a cet égard ;
cette vérité qui change chaque année ne perd-
t-elle pas de les droits en raifon de fa mobilité l
Mais les licences trop grandes, qui* ne font
pas rachetées par de très-grandes beautés , font
aufli contraires à la raifon & à l’a r t , que la
trop grande, exactitude à fuivre l’ ufage , fi l’ouvrage:,
où on peut, la louer, n’a’ que ce feul
mérite. Il eft certain qu’un Monarque François,
repréfenté nud , & le franc & les épaules feulement
couverts d’ une large & ample perruque,
eft un objet ridicule & un abus excefuf de la li berté
que fe font donné de tout temps les
peintres-, comme les poëtes. I l eft certain en-
core qu’ il faut qu’un R o i , un grand , un héros
modernes, habillés de l’habit 8c de fa coëffure
les plus en ufage parmi nous, ayent un caractère
bien noble & bien impofant, pour réparer ce
que . cet ajùftement en diminue* Le milieu
raifonnable eft de choifîr au moins dans tous
nos ajuftemens dé guerre , par exemple , 8c
même de çhaffe , en fe permettant encore d’y
faire quelques légères corrections, ceux qui
contrarient moins les formes naturelles, qui
dérobent moins les- proportions, qui cachent
moins les jointures, & c’ eft au génie à faire
d’autant plus d’ effort que la mode femble lui
oppofer de plus grands obftaçl'es.
Mais fi l’artifte brave ■ la critique en empruntant
un cojlume abfolument etranger, il
faut, comme je l’ai d it, qu’ilen tire un tel avantage
, qu?on foit forcé de lui pardonner cette
licence.
D’ a illeurs, dans le oojlutrie héroïque , par
exèmple, en fe rapprochant autant qu’ il eft
ppflible de celui de l’ antiquité , on doit évite*
c o s
certaines diffemblances trop grandes , telles que I
les armes inufitées parmi nous, 8c la nudité
de plufieurs parties du corps, qui convenoita I
des climats, plus chauds que le nôtre, 8c que
notre température, principe d^une partie de
nos ufages, rend trop invraifemblable, ( Article
de M . W a t e l e t ) .
C ostume. Après l’ article ingénieux de M.
Wa tele t, nous crayons devoir placer celui de
M. le Chevalier de Jaucourt , parce qu’ il renferme
des principes plus pofitifs.
Le cojlume eft l’art de traiter un fujet dans
toute la vérité hiftorique ; c’ eft donc, comme
l’a défini fort bien l’auteur du dictionnaire des
beaux a r t s , l’obfervation exaêtè de ce q u i ,_
fuivant le temps , fait reconnoître le génie ,
les moeurs , les loix , le goût , les richefles , le
caraCtère 8c les habitudes du pays où l’on place
la fcène d’ un tableau. Le cojlume renferme encore
tout ce qui conftitue la chronologie, &
la vérité de certains faits connus de tout le
monde; enfin tout ce qui concerne la qualité ,
la nature 8c la propriété effentielle des objets
qu’on-repréfente:
Suivant ces règles , dit M. l’Abbé Dubos ( 8c
les gens de l’art conviennent de la juftefle de
ces réflexions ) , il ne fuffit pas que , dans la re-
préfentation d’ un fuje t, il n’y ait rien de contraire
au cojlume , il faut encore qu’ il y ait
quelques lignes particuliers pour faire récon-
noître le lieu où l’ a&ion fe pafle , & quels font
les perfonnages du tableau.
I l faut de plus répréfenter les lieux où l’aClion
s’ eft paffée , tels qu’ ils ont été:, fi nous en avons
connoiflance ; & , quand il îv’ en eft pas demeuré
de notion précife, il fau t, en imaginant leur
d if polît ion , prendre garde de ne fe point trouver
en contradiction avec ce qu’on en peut favoir.
Les mêmes -règles veulent aufli qu’on donne
aux differentes, nations qui paroiflent ordinairement
fur la fcène des tableaux, la couleur du
vifage , 8c l’habitude de corps que l’hiftoire a
remarqué leur être propres. I l eft même beau
de pouffer la vraifemblanee jufqu’ à fuivre ce
que nous favons de particulier des animaux de
chaque pays , quand nous représentons un évènement
arrivé dans ce pays-là.
Le Pouflin, qui a traité plufieurs a étions dont
la fcène eft en Egypte , met prefque toujours
dans fes tableaux des bâtimens , dès arbres ou
des animaux q u i , par différentes raifons, font
regardés comme étant particuliers à ce pays.
Le Brun à fuivi ces règles avec la même
ponctualité dans fes tableaux de l’hiftoire d’A lexandre
; les Perfes 8c les Indiens s’ y diftin-
guent des Grecs à leur phifionomie autant qu’ à
leurs armes : leurs chevaux n’ ont pas le même
corfage que ceux des Macédoniens ; conformément
à la vérité, les chevaux des Perfes y font
c o u i p
repréfentés plus minces. On dit que ce grand
maître avoit été- jufqu’à faire defliner à Alep
des chevaux des Perfes , afin d’obferver même le
cojlume fur ce point.
Enfin , fuivant ces mêmes rè g les , il faut fe
) conformer à ce que l’hiftoire nous apprend des
moeurs , des habits , des ufages & autres particularités
de la vie des. peuples qu’on veut re-
préfenter. Tous les anciens tableaux de l’écriture
fainte font fautifs en ce genre. Albert
Durer habille les Juifs comme les Allemands
de fou pays. I l eft bien vrai que l’ erreur d’ introduire
dans une aétion des perfonnages qui
ne purent jamais en être les témoins, pour
avoir vécu dans des fiècles éloignés de celui
de l’ aétion , eft une erreur groffière où nos-
peintres ne tombent plus. On ne voit plus un
Saint François écouter la prédication de Saint
P au l, ni un confefleur , le crucifix en main,
exhorter le bon larron ; mais , ne peut-on pas reprocher
quelquefois aux célèbres peintres de
l’école Romaine, de s’être plus attachés au def-
fin , & à ceux de l’école Lombarde, à ce qui
regarde la couleur, qu’ à l’obfefvation fidèle
des règles du cojlume ? C’eft cependant l’ affu-
jettiffement à cette vraifemblanee poétique de-
la peinture , qui , plus d’ une fois ,. a fait nommer
le Pouflin le peintre des gens d’efp ri es.gloire
que le Brun mérite de partager avec lui. On
peut ajouter à leur éloge d’être les peintres des
fa va n s .
On comprend encore dans le cojlume tout e s
qui concerne les bienféances, le caraélère &
les convenances propres à chaque â g e , à chaque-
condition , & c . ( Article de C ancienne Encyclopédie.
Nous ne renverrons pas les .artiftes , pour
la fcience du cojlume , à des livres qu’ il foit
difficile de fe procurer, ou écrits dans une langue
peu familière à la plupart d’entr’ eux. Ils trouveront
d’utiles inftriiétions dans les cojlumes des
anciens peuples , par M. Dandré Bardon. I l
femble inutile de leur recommander l ’étude des
bas-reliefs antiques : ils y font appelles par
l’étude de leur art. Les livres de voyages leur
procureront une récréation riéceffaire après leurs,
travaux, & des connoiflances dont ils pourront
avoir befoln (L.)
COLKT.HE (fubft. fem.^ ce mot fignifie en
peinture un enduit de. Couleur qu’on met fur
des treillages, des trains de carofles, des a u - -
/ vents 8cc. , fur des'planches , fur des murailles ,
fur des. toiles avant de peindre deflus. On appelle
cette façon d’ enduire , imprimer. Cette
to ile , dit-on, n’a eu qu’une couche de couleur.
On dit bien en peinture coucher la couleur.
Avant de fondre les couleurs, il faut
I qu’elles foient couçhe'es : mais on ne dit pas :
| ce tableau a eu trois couches de couleurs, pour