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L ’hiftoiredelà marche d’une fcience quelle qu’elle
fo it , tient à la philofophie générale , comme
partie de l’hiftoire de l ’efprit humain; elle eft utile
à tous ceux qui'veulent fe rendre compte de la
certitude de fes principes,' comparer les idées des
anciens & des modernes fur le mêrete fujet, ou
apprécier avec juftice les travaux de leurs contemporains;
elle eft nécçffaire à ceux qui s’appliquent
à en reculer le homes : la fcience ne leur o'ffie
proprement que la colleélion méthodique des vérités
acquifes ; il n’ y a que - Thiftoire de la fcience
.qui puiife réunir fous leurs yeux les opinions qui
le font fuccédées , les apparences qui ont féduit,
le s objets dont il faut reprendre la .trace, les tentatives
qu’on peut s’épargner tout ce qui refte
à approfondir ou à perfectionner-, qui puifle leur
communiquer enfin 1 expérience des fiècles qui ont
précédé. Nous conferverons donc cette partie de
l ’ancienne Encyclopédie , nous en élaguerons tout
ce qui nous paroîtra fuperflu , nous ne négligerons
rien pour la rendre .à la fois auffi concife & auffi
complète que l ’on peut le défîrer.
Plus, une fcience fe répand , plus elle fournit
de con'noi fiances pratiques aux arts, d’idées neuves
à la métaphyfique de la nature , plus il importe
d’avoir un ouvrage où l ’on puifle trouver facilement
& fans étude l ’explication claire de tous
les termes de fa langue. L e ehimifte ne feroit pas
embarrafTé d’aller chercher aux articles menflrue
& rapport., l’opinion de Venel fur les affinités ;
mais Partifte , le littérateur, le mathématicien,,
le phyfîcien peut-être qui rencontreroit ce dernier
t e rm e n e faùrort plus où en retrouver la définition
; cette nomenclature eft donc d’un intérêt plus
général pour le grand nombre des l'eëteurs; elle
devient précieufe même au chi mifte , en aflura-nt
le feras des mots qui ont été employés arbitrairement
, de ceux qui font devenus moins familiers ;
en le mettant fur J a voie pour pénétrer , autant
qu’i l eft poffible, le langage myftérieux des adeptes,
lorfqu’il veut porter un oeil curieux, fur leurs écrits.
Cette nomenclature ne fe trouve jufqu’à préfent
que dans l ’Encyclopédie ; notre tâche fera de la
perfectionner.
Pour la partie théorique, nous profiterons des
vues fublimes de l ’illuftre Comte de Buffon, des
preuves’ , des développemens , des applications
qu’en ont donnés M. Macquer, M. Bergman, les
auteurs des élémens de l’académie de Dijon , &
en dernier lieu M. Dutour , dans les belles expériences
fur les adhéfions ; nous recueillerons de
même pour l’ étiologie des opérations particulières,
tout cè que nous trouverons dans les écrits de ceux
qui s’ en font fpécjalement occupes. Nous nous
défendrons également & de cet efprit de fyftéme
qui veut tout expliquer, qui ne croit que ce qu’il
.comprend, & de cette faulfe philofophie qui rejette
une méthode dans laquelle mille vérités s’enchaînent
, parce qu’il refte un ou deux faits dont
on n’ a pas encore entrevu la liaifon avec le principe.
Nous admettrons jufqu’aux hypothèfes , parce
•que ce font elles qui ouvrent communément la
route aux découvertes , parce qu’i l importe qu’elles
foient toujours préfentes à fefprit .de ceux qui interrogent
la nature' par Inexpérience , & que, dans
ce travail délicat, l’oeil ne voit réellement que
ce que la penfée l ’avertit d’obferver ; mais nous
nous garderons bien de donner de (impies probabilités
pour -des preuves ; nous nous appliquerons
même à fixer les règles logiques propres à la
Chimie ; c’eft un des objets les plus importans aux
progrès de cette fcience. Avant de difputer fur
l ’identité de tels ou tels principes , il convient
fans doute de travailler à fe mettre d’accord- fur
ce qui conflitue l’identité ou la différence des êtres
chimiques; le lavant profeffeur' d’ Upfal eft cependant
le feul qui ait efiayé de reflerrer ainfi le
champ trop illimité des analogies & des poffibi-
iilés. On ferit bien que-c’ eft fijr-tout en cette
partie que nous aurons a corriger & â retrancher;
mais le travail des anciens auteurs ne fera pas pour
cela condamné à l’ oubli, nous le rendrons à la
partie hi-ftorique ; les idées des hommes de génie
•ne font jamais ftériles.
I l n’eft pas befoin d’avertir que tout ce qui
tient à la manipulation des opérations , aux procédés
des expériences, fera exaéf ement décrit d’après
les meilleurs auteurs; les planches offriront
tous les inftrumens , tous les appareils , tous les
objets qu’ il feroit difficile de comprendre fans le
fè.cours du deffin, ou qu’ il importe de réunir dans
un ordre propre à foulager la mémoire.
Les articles ajoutés ou refaits en entier feront
marqués de deux étoiles ; i l n’y en aura qu’une
aux articles qui feront Simplement refondus ou augmentés.
Comme les principes de la Chimie s’appliquent
continuellement aux opérations de la Métallurgie
& de la Pharmacie, il n’étoii pas poffible de réparer
ces trois parties fans s’expofer à des répétitions
& des doubles emplois ; elles feront donc
réunies dans le même dictionnaire; mais quoiqu’elles
foient traitées par trois auteurs différens, il n’en ré-
fultera ni contradiction , ni la plus légère difparate,
au moyen des arrangemens qu’ils ont pris pour fe
communiquer leur travail ; & même, dans les cas
où ilsn’auroientpu fe concilier fur quelques points,
leurs opinions particulières feront préfentées &
- raifoonees de part & d’autre comme de fimples
hypothèfes ; de forte qu’il n’y aura rien à perdre
ni pour la vérité , ni pour l’harmonie. On aura
feulement l ’attention de répéter les mots {M é ta llurgie
& Pharmacie ) à la tête de chaque article
particulier à ces arts, ainfi que des additions qu’ils
exigeront à la fuite de quelques articles de Chimie
; ce qui fervira â diftiaguer en même temps
ce qui appartient â chaque matière & à chaque
auteur.
Mé t a l l u r g ie »
( X V l j )
■M É T A L L U R G l E.
L a Métallurgie eft l’art de traiter les minéraux,
par des fontes faites fur des quantités de fubftances
métalliques, infiniment plus grandes que celles
que l ’on emploie dans la Docimafîe ou l’art des
e fiais ; en conTéque'nee, les fourneaux ai l’ufage des
opérations métallurgiques doivent être plus grands
que ceux de la Docimafîe. Quoique la Chimie
doive- préfidèr dans l ’un & l ’autre de ces arts, les
plus habiles chimiftes auxquels l ’on eft redevable
de tous les beaux procédés mis en ufage dans ces
deux circonftances , ont conçu que le travail en
grand exigeoit des manipulations differentes pour
pouvoir ménager les frais , & tirer le plus grand
parti poffible des métaux qu’on y traite; & qu’enfîn ,
les fondans employés en Docimafîe ne pouvoient
pas entrer dans les procédés métallurgiques.
Pour traiter avec ordre l ’art métallurgique ,
l ’on fe propofe le plan fuivant :
i ° . De donner une Géographie foutérraine ,
qui fera connoîte les, différentes difpofîtions des
filons ou veines minérales métalliques ou foffiles
qui fe trouvent dans les entrailles de la terre,,
enferable leurs variations , 6c ce qui les produit.
i ° . L ’on traitera de la manière d’exploiter les
filons, foit par puits, foit en galeries ou autres
ouvragés ; & pour rendre l a chofe plus fenfible ,
on y joindra le plan & le profil d’une mine ;
& , fi on le juge néceffaire, l ’on donnera les def-
fins des meilleures machinés connues pour l ’epui-
fément des eaux , des minés, & l ’extra&ion des
mènerais.
3°. L ’on décrira les meilleurs procédés en ufage
pour la fonte de minéraux d’or' & d’argent , à
l ’effet d’en obtenir cés métaux parfaits.
4°. L ’on traitera des procédés les plus _ avantageux
pour obtenir le cuivre de fes min étais, &
le porter à fa perfection.
5°; L ’on décrira- les. meilleures méthodes de
fondre les mines de plomb , & d’obtenir, par l ’affi-
-nage , l’argent que communément il contient; ce
qui conduira à parler de la révivification des li-
tharges , ou leur réduction en plomb marchand.
6°. L e cuivre contenant fouvent de l ’argent,
nous décriions tous les procédés les plus ufîtés
pour en faire le départ par l’intermède du plomb ;
travail que l ’on nomme Liquation.
7°. O.n traitera de la fonte des mines d’étain ,
pour en obtenir ce. métal.
* . lCiU uç notre gxooe qu a. la luj
ficie. On donnera les meilleurs procédés pour
tenir ce .métal auffi pur & auffi malléable q
eft poffible, foit en le traitant par la fonte
gueufe, & enfuite par l ’affinage , foit en fonc
le minerai à la manière des Corfes., des Catala
& des Efpagnols , qui , dans un feul petit fc
ü e a u x -A r t s» Tom. L
neau1, fondent les minérais, & obtiennent le meilleur
fer de l ’Euro pe*
9°. L ’on détaillera les méthodes qu’on croira
les plus avantageufes pour faire de l ’acier avec
du fer de gueufe, ou en faifant cementer le fer
forgé - avec les matières propres à fa converfîon
en bon acier.
ïoG. L ’on traitera de la fonte du bifmuth.
ï i ° . De la fonte de l ’antimoine.
ia °. De la méthode employée pour retirer le
xi ne de fa mine.
13 °. De la fonte du cobalt pour en faire de
l ’azur.
14°. De la meilleure méthode de retirer, en
grand , le mercure de fa mine.
1 5’0. L ’on décrira la maniéré de. retirer le foufre
des minéraux.
1 6°. L ’on traitera des meilleurs procédés pouf
faire la cérufe.
1.7°, L ’on détaillera la meilleure méthode pour
faire le minium.
18.0,. On pariera des mines de charbon de terre,
ip °. Des mines d’alun , & de la manière d’en
extraire ce fel.
zo°'. Des mines de fel marin.
Enfin , pour faciliter l ’intelligence de tous les
procédés métallurgiques ci-deflus , l’on donnera les
plans , coupes & profils des fourneaux que l ’on
cioira; les plus avantageux ; & l ’on y joindra un
tableau méthodique de tout l’art minéralogique»
P h a r m a c i e .
L a partie du Di&ionnaire Encyclopédique qui
a pour objet la Pharmacie , eft une des plus lavantes:
& des plus fatisfaifantes de ce grand Ouvrage.
Les principes de l ’art y font expofés avec
clarté, les procédés décrits avec une exactitude ,
une intelligence qui infpirent la confiance ; & la
rédaction de chaque article annonce dans leurs Auteurs
des connoiflançes phyfiques , chimiques, Sc
médicalestrès-étendues , réunies au talent de
s’exprimer avec élégance & avec précifion.
Auffi nous ferons - nous un devoir d’adopter pref-
que tous les principes de ces favans rédacteurs
( MM. M a lo u in -, Venel ) , de conferver une
très -grande partie de leurs articles , & d’employer
leurs expreffions mêmes, lorfque l ’exécution dut
plan fur lequel nous nous propofons de traiter
la Pharmacie , nous forcera de faire qûelques chan-
gemens dans ceux de leurs articles auxquels nous
croirons devoir toucher.
Depuis l ’époque où l ’Encyclopédie , où les Sup-
plémens même ont été mis au jour , les progrès
de la Phyfîque , & fur-tout de la Chimie, ont
confidérablement influé fur ceux de l ’art pharmaceutique.
On a fait en Médecine plufîeurs découvertes
importantes , qui exigent des manipulations
3 des procédés nouveaux. L ’art a percé les
«