
vlij A V E R T I S S E M E N T '
É LO G E DE M. WAT E L E T ,
Lu à la fiance publique de la Société Royale de Médecine, du zg Août i y 86,
par M. V icq - d’A zyr , Secrétaire perpétuel de cette Société.
( C o m m e n t le nom de M. Watelet, qui a confacré fa vie entière k
la poéfie &c aux arts , s’eft-il trouvé infcrit fur notre lifte ? Je me hâte
de répondre à une queftiou que ie public a fans doute droit de nous
faire.
Lorfqu’en 1 7 7 6 feu M. Turgot & M. de Malesherbes obtinrent la
fanârion royale au plan de notre inftitution, M. Watelet contribua
beaucoup k ce fuccès par fon crédit & par fes confeils, & des circonftances
particulières lui confièrent en partie l’examen de nos premiers réglemens.
C e furent donc la reconnoiffance & l’amitié qui le placèrent parmi
nous ; c’eft d’elles aufli que fa mémoire attend le tribut de nos regrets,
& c’efl: en leur nom que je follicite l ’indulgence de l’auditoire. Chargé,
pour obéir k nos loix , de lire dans cette féance l’éloge de M. Watelet,
& ne pouvant le louer que par fes oeuvres , je demande la permiffion
de parler ici des belles-lettres & des beaux-arts.
Claude - Henri Watelet, Receveur-Général des Finances, l’un des
quarante de l’Académie Françoifè, des Académies de Berlin, délia
Crufca, de Cortone, de l’inftitut de Bologne, honoraire des Académies
Royales de Peinture & d’Architecture , AlTocié libre de la Société Royale
de Médecine, naquit k Paris le z 8 Août 1 7 1 8 , de Henri Watelet,
Receveur
A V E R T I S S E M E N T . ix
Receveur Général des Finances de l’Orléanois , & de Marguerite de
Beaufort, fille de M. de Beaufbrt, Fermier-Général.
Il fit fes humanités au Collège d’Harcourt.
On remarqua de bonne heure en lui un goût très-vif pour le deflïn
& pour la mufique, & fes parens ne mirent aucun obflaele k ces
difpofitions.
Il n-efl point en effet d’étude qui convienne mieux k la mobilité de
l’enfance & k l’aétivité de la jeuneffe que l’étude des arts. Confidérez
jufqu’a quel point tous les organes font alors impatiens de jouir : il n’eft
rien que l’enfànt ne v o y e , qu’ il ne touche , qu’il n’entende , qu’il ne
répété, qu’il n’imite. Voulez-Vous accélérer le développement de fes
facultés ? Appeliez k votre fecours les Beaux-Arts , fi mal - k * propos
exclus des Collèges, & qu’ ils foient admis entre fes jeux. Que fon oreille
fait frappée de l’harmonie des fons, & vous le verrez régler fes mouvement
fur leurs mefures. Deffmez en fa préfence les objets qui l’auront
le plus intéreffé , & vous arrachant Je crayon , il vous forcera de lui
apprendre à s’en fervir. Ouvrez - lui ces atteliers dans lefquels l ’argile
prend fbus la main de J’artifie des formes divines ou humaines, &
l’enfànt qui voudra la pétrir, acquerra des idées des grandeurs &i des
contours; il fe plaît à rcpréfemer, par des conffruiHons bizarres, de*
temples & des autels : qu’ il joue avec des colonnes de tops les ordres,
qu’il les combine de mille manières , & fa curiofité vous interrogera
bientôt fur leurs attributs & fur leurs raports. Ainfi , vous n’aurez parlé
qu’à fes fens , & vous l’aurez inftruit ; fans I’attrifter, vous aurez obtenu
fon attention & fixé fon inconftance ; en un mo t, il fera fubjugué,
mais il n’aura point çefTé d’être libre, parce que vous lui aurez montré
fa nature avec tous fes charmes, & qu’ il fe fera lui-même fournis à
l’obfèrvation de fes loix,
Prefque tous les détails de ce tableau peuvent s’appliquer k l’enfance
& a la jeuneffe de M, Watelet. $a finté fpible chancelante, gvpit
Beaux-Arts. Tome I. b