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A
V. rn a I a c r c ; ; c m c n t employé,' C’ eft ce
ooi^.tr;,-o qynnd on examine les eftampes de
Jerome W icï :;< , 8c de quelques graveurs A llemands
li précieux & fi froids, 8c lorfqu’on
les compare avec celles de Henri Gôltzius &
de Gérard Àudfan. Quelque foin que d’ on
prenne , quelque précieux que foit le tra v a il,
n on manque de fentiment & de génie, on ne
fera jamais qu’ un artifte médiocre. C’ eft ainfi
qu’en poé%-, avec tout le lavoir poffible , &
^ plus ftriéie obfervation des règles de la yen-
ci li cation , un homme fans génie ne peut jamais
être un Shakefpéar, un Milton, un
Voltaire.
Nous ne (aurions trop appuyer fur ces ob-
fervations dans un temps où le public, entraîné
par un faux g o û t , femble ne demander autre
chofe dans la gravure qu’un travail très - l'oigné,
& ne s’embarrafle plus du deffin , de l’effet &
du véritable talent. Elles font néceffairès aux
jeunes graveurs pour les détourner d’ une route
suffi pernicieufe. Les fuccès inconcevables de
tjuelques eftampes modernes, qui n’ont d’autre
mérite^ que d’ être extrêmement terminées -,
pouiioient, les feduire ; ce fera donc pour eux
principalement que nous ' in fi {ferons encore fur
ïa grande différence qu’ il y a entre une èf-
tampe très-foignée & une belle eftampe favam-
ment terminée. Dans la première , on ne trouve
que cette exécution fervile 8c purement iné-
chanique qu’on peut acquérir avec le temps
& la patience; l’arrangement des tailles &
leur difpofitiony font toujours les mêmes, quelque
objet que le graveur ait voulu-rendre : la
fécondé au contraire eft d’ un travail harmonieux
, mais varié fuivant les formes différentes
& la nature des diff'érens objets ; le deffin y eft
large , l’ effet en eft" vrai & bien dégradé , &
le fentimefit fur—tout y domine. Quelque habileté
qu’ait un graveur, quelque facilité qu’ il
ait de manier le burin ou la pointe, il ne doit
encore jamais oublier de conferver le ftyle
à e l’ auteur d’après lequel il grave , & de bien
fë garder de nous donner fa propre manière.
Ainfi l’artifté qui voudroit s’éloigner de la manière
fervile du graveur Château , devroit éviter
en même-temps la- liberté blâmable de Dorigny,
. n a Pas craint de fe livrer à fa manière
particulière de deffiner, en gravant d’après Raphaël
, au lieu de refpeéler & de fuivre exactement
celle d’ un fi grand peintre.
Les ouvrages de Gérard Audran me femblent
les plus sûrs modèles à fuivre pour les jeunes ar-
tiftes qui Te deftinent à graver l’hiftoire. Cet
homme célèbre réuniffoit toutes les qualités
•que nous avons defirées dans un graveur de.ee
genre, & nous croyôns pouvoir aflurer fans
craindre d’êrre contredit parles connoifleurs,
qu, il e ft le plus habile & le premier de tous i
ceux qui fe font adonnés à ce genre. ■ J
G P A
On peut oefinir la gravure , un ârt qui, par
le moyen du deffin, & à l’aide de traits faits
& creufes lur des matières dures, imité les
formes , les ombres 8c les lumières des objets
vifibles , & peut en multiplier les empreintes
par le moyen de l’ impreffiori. Nous ne parlerons
ici que de la gravure en cuivre & de la
gravure en bois , & nous commencerons par
la première. ^ r
, « --- ± '.au-iUI LC. , au DU-
?, en couleur , en manière noire , 8cc. La
différence des procédés qu’on employé fert à distinguer
les manières de g ra vures, & c’eft de
ces différentes manières que nous entretiendrons
nos le fleurs.
La gravure a l’ eau-forte eft ainfi nommée , à
caille de l ’ufage qu’elle fait de cette liqueur
corrofive. Après avoir enduit un cuivre bien
préparé d’ une légère couche de vernis & l’avoir
| noirci a la fumée d’ une torche , on y trace
on fujet avec une pointe plus 'ou moins fine*
qui enleve en meme-temps le '’vernis par-tout
ou on la promène ; puis on verfe fur fa planche
une quantité fuffifante d’ eau-forte qui mord 8c
entame le cuivre aux endroits où la pointe l’a
mis a découvert. r
La gravure au burin eft celle où l’on n’ em-
ploye pas d’ eau-forte , mais le burin feulement.
On commence par tracer fur le cuivre les contours
& les formes de fon fujet avec un instrument
fort acéré & très-coupant , que l’on
nonime pointe-sèche -, puis, à l’ aide du burin
autre infiniment d’acier très - coupant, 8c à
quatre f a c e s o n entame le cuivré , & on y
trace des filions plus ou moins larges, & plus
ou moins profonds : ces filions font appellés
tailles. 1 - - ' r r
On réunit fouvent ces deux manières de
grave r; c eft-a-dire, qu’ ayant fait d’abord ce
que nous avons appellé une eau-forte , on re-ft
touche au burin , 8c on donne par ce moyen
plus d’accord & de moelleux à fa gravure.
La.gravure en manière noire', q u i, comme l’a
dit un artifte c élèb re ,'M . Cochin , eft ainfi
défignée par fon défaut capital, a ’eft guère
cultivée avec fuccès qu’ en Angleterre, où on
1 appelle Mezzo-tinto. E lle fut inventée par un
certain Louis de Sieghen ou Sichen, Lieutenant
Colonel au fervice du prince de HefTe-
CafTel. Son premier ouvrage, qu’ il publia en
1643 t ^llt Ig bufte de la Landgravine Amélïe-
Elifabeth. Cet officier apprit fon fecret à Robert
de Bav ière, Prince Palatin du R h in , Amiral
d’Angleterre fous le règne de Charles I. Le
Palatin communiqua la découverte de Sieghen
,a Waleran Vaillant , peintre Flamand & ]e
fecrét fut divulgué par l’ indifcrétion de quelques
ouvriers. Les Anglois ont porté ce genre
au plus haut degré de perfedion dont il ffiit
capable.
G R A
C'ette gravure diffère entièrement de celle |
au burin "ou à l’eau-forte par fes procédés &
par fes effets. Au lieu que dans ces deux manières
on paffe de la lumière aux ombres, donnant
peu à peu de la couleur & de l’ effet .à
fa planche ; dans la manière noire au contraire
on paffe des ombres aux lumières, & peu à
peu on éclaircit fa planche. Le cuivre d’ une
manière noire eft tellement préparé que le
fond y eft totalement noir. On y trace fon
fuje t, 8c avec des inftrumens propres à ce genre
de crrayure, on enlève peu à peu le fond, fuivant
les places & en proportion du plus ou du moins
de lumière qu’on veut répandre fur fon eftampe.
Cette manière de graver eft prefque toujours
mollé , & ne peut guère bien rendre que les
chairs & le s draperies , fût-elle même entre le.s
mains d’ un excellent artifte.
Elle eft èn quelque façon la bafe d’ une manière
de graver en couleurs qui fut découverte
vers l’année 1730 par Jacques le Blond ; il en
commença les effais en Angle te rre , 8c vint
enluite en France , où il grava avec quelque
fuccès des,, portraits de grandeur naturelle. Il
nous a donné une defeription détaillée de fa
manoeuvre que nous ferons connoître dans le
diction narre de la pratique. On paroît. avoir
abandonné cette façon de graver qui avoit les
défauts qu’on reproche à la manière noire , 8c
dont l’exécution n’a jamais répondu à ce que
l ’auteur s’ en piomettoit.
Hous avons quelques eftampes de J . Lutma
qu’ il intituloit du nom d’ouvrages au ma ille t,
epus mallei ; il paroît par le titre de ces eftampes
gravées en points, que l ’auteur fe fer-
voit d’un petit marteau pour enfoncer dans le
cuivre la pointe avec laquelle il gravoit ; c’ eft
fans doute à cette manière que nous devons
celle à l’imitation des deffins au crayon ou à
la fanguine , qui fut portée à fa perfection , il
y a quelques années , par Demarteau l’aîné 8c
fon neveu. Pour accélérer le travail , lui donner
plus de liberté & une touche plus.large
que ne faifoit Lutma avec une feule pointe,
on a imaginé des inftrumens dont la race inférieure
eft hérifTee de pointes Taillantes, plus
ou moins diftantes , plus ou moins fines : ces
inftrumens , qui font l’ effet d’un faifeeau de
pointes jointes enfemble, font de différentes
formes ; plufieurs font difpofés en roulette , de
forte qu’on peut les faire mouvoir & les roulée
dans tous les fens en appuyant fur fon cuiyre,
ce qui donne la facilité d’y tracer librement
les hachures , & d’ imiter parfaitement la grai-
nure & le moëleux d’un deffin à la fanguine.
On fe fert ordinairement de l’eau - forte pour
ébaucher, puis on retouche avec les .mêmes
inftrumens pour donner l ’accord & adoucir fon
travail.
On appelle gravure pointillée; une manière
G R A
de graver fort reffemblante à celle de J . Lutma
& de Demarteau ; c’ eft ùn çompofé de points
& de ta ille s , mais dans lequel les points dominent
* 8c font employés ordinairement pour faire
les chairs & les fonds; on peut fe fervir de
l’eau-forte , ou ne s’ en pas. fervir. Jean Boulan
g e r, graveur François du fiècle dernier,
nous a laiflo quelques eftampes,en ce genre ,
qui font affez bien faites, mais" d’ une touche
froide & molle en général. Depuis quelques
années cette manière de graver eft devenue
fort à la mode, fur-tout en Angleterre; elle y
a été portée au plus haut point de perfection par
le malheureux f m R y lan d , & fu r -to u t par
le célèbre F . Bartolozzi, artifte Italien. E lle
ne pouvoir manquer de plaire entre les mains
de ce dernier, dont les talens en -deffin 8c en
gravure font au-defftis de tous éloges.
On s’eft a vite dans ces dernières années de
faire imprimer en couleurs les planches gravées
dans cette manière. Le fuccès de ■ ces eftampes
, faites pour les dcmi-connoiffetirs feulement,
dépend de la vivacité des couleurs , de -
leur bon accord, & de l’ intelligence réunie
du graveur & de l’imprimeur de ce dernier
fur-tout,. C’eft l’imprimeur qui prépare fes couleurs
& les détrempe à , l ’huile ; c’ e il lui qui
les couche fur les différentes parties de la planche
, & qui en fuite les fait paffer fous fa preffe ;
mais en général ces eftampes. font d’ un effet
beaucoup plus foible que. celles qui font imprimées
à une feule, teiiite rouge ou brune ;
elles font prefque toujours médiocrement imprimées
: enfin on y voit beaucoup; moins le
talent du graveur que fi ellesrn’é.coient pas
ainfi; colorées.. Nous ne. craignons pas d’ajouter
que- les couleurs s’effacent & s’évaporent avec
le temps , & qu’ il ne refte , après quelques années,
que des traces bien foi b les de ces teintes
colorées ; qu’on peut, bien appeller du nom
d’ enluminures. .? ♦
On a auffi imité, pat la gravier ê , les deffins au
lavis. I l y, a plufieurs procédés différens pour
réuffir dans cette- maniéré nouvelle ; le plus
ufité eft de laver fur le.cuivre par un procédé
particulier , avec l’ eau - forte & le pinceau ,
comme on lave un deffin fur le papier avec du
biftre ou de l’ encre de la chine. Les eftampes
gravées dans cette manière par un bon peintre
ou un bon deffinateur peuvent être regardées
comme autant de deffins originaux; car elles
en ont toute, la liberté , toute la .touche;* enfin
tout le mérite. Telles font celles qu’a gravé
J. B. Leprince, qui a porté- bette découverte
auffi loin qu’ elle pouvoit aller. On a quelquefois
imité les deffins au lavis par un travail
pointillé infiniment précieux, 8c d’un extrême
fini ; mais cette imitationi, étant en quelque façon
fe rv ile , n’a été employée avec fuccès:que
pour graver de l'archite&ure.; .Lgs*cinq ordre*
D d d i j