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dont'Ies produits, au contraire » font permanens , & peuvent, en quelque
forte, parler à plufieurs. fiècîes.
Tous ces moyens d’ expre filon ont donc un principe d’exifterree bien
détermine' dans l’exercice des facultés intellectuelles. Efîàyons de montrer
comment ils font parvenus, dans les grandes fociétés, au plus
haut point de perfeâion & de gloire. Ne cherchons, cet exemple ni
dans les climats où l’excès du froid rallentit le feu de la v ie , ni dans
les pays brûlés par une chaleur ardente , où PinaCtion effi un befoi».
Fuyons encore les lieux habités par des efefaves, & difons : S’il« a
exifté une nation brave & polie qui , fous une température douce &c
modérée , ait pofTédé une langue harmonieufe & riche ; qui , recon-
noiÆint autant de pui fiances dans le ciel qu’il y a de vertus & de
pallions dans le coeur humain , leur ait rendu un culte auffi magnifique
.dans fa pompe , qu’ inge'nieux & délicat dans lès allégories; qui ait placé
,k viéloirç & la liberté fur des autels ; qui, pafiionnée pour les aétioas
d’éclat, les ait recompenlees par des apothéofes. ;s qui- fe fiait honorée
elle-même en fe croyant en partie compofée de demi-dieux ; fi cette
;nation a exifté , c’eft au milieu d’elle, fans doute , quont fleuri les
Beaux-Arts. Qui ne retrouve- pas l’ancienne Grèce dans cette efquiffe:?
L à s’établirent trois cultes très-diCtinCtsquoique liés enfembJe de la
manière la plus étroite : le culte des dieux, le culte des grands-hommes.,
ëc celui de fa patrie. Là furent célébrés des fêtes. &. des triomphes ;
là furent élevés des ftatues Si dès temples-;, là enfin le cifeau des arts,
exercé par tant de glorieux travaux , s’immortalifa dans ces monumeas
confacrés au génie des héros. & des peuples avec lelquels il devait
partager un jour l'admiration de l’univers.
Dans la fuite de ces- mémoires , que ton quitte à regret, l’auteur
offre, comme très-probable , 'une conjedure rngénrecfe. Il pré&tne que
le deffin , dont les élémens font des lignes droites & courbes de
toute cfpète, peut n’avoir é té , dans fon principe, qu’urre imitation
A v e r t i s s e m e n t . * ; *
de la pantomime par laquelle font tracées des lignes femblables dans
le vague de i’air. Il expofe par quelles nuances ces fignes durables.des
geftes ont pu conduire à ceux des idées ; enfin comment, en les fixant
par des caractères, l’homme eft parvenu à joindre le pafle au préfent,
& , foutenu fur cette bafe , à s’élancer vers l’avenir.
Après avoir fait une étude auffi longue & auffi réfléchie des arts,
il étoit naturel que M. Watelet délirât de revoir l’Italie. Des perfonnes
de fa fociété intime, 6c qui avoient les mêmes goûts, l’accompagnèrent.
B mit fur-.tont un grand foin à comparer fes fenlàtions avec celles
de là jeuneflè ; & il jugea mieux, parce qu’il fut moins féduit.
M. Watelet reçut, dans toutes les capitales où il féjourna, des témoignages
de la confidération publique. Le Roi de Sardaigne & lé
Pape Rezzonico l’accueillirent d’une manière diftinguée. II rentra avec
joie .dans l’école Françoife à Rome : il s’y étoit afiis parmi les élèves-
il y fut fêté comme un des maîtres de Part. Il devint ami du Cardinal
Albani, l’un des plus grands littérateurs &ç des plus aimables hommes
de. l’Italie;. il fe- lia avec les pères le Sueur & Jacquier, que leur
attachement réciproque avoit rendu célèbres , & dont les coeurs fenfibles
ne s’approchoient pas fans émotion, & il revint à Paris avec des con-
noiffances & des affeâions nouvelles.
Quelques années auparavant M. Watelet avôit parcouru la Hollande
& les Pays-Bas Autrichiens , dans le deffein de connoître les tableaux
Ibrtis de l’école de Rubens & de Vandick,
Ses délaffemens, parmi tant de travaux conlàcrés aux arts, étoient
la traduction, en vers François de la Jérulàlem délivrée & de Roland
furieux, & la compofition de quelques autres ouvrages en vers tels
que des comédies & des fables.
Pour mieux entendre les chefs-d’oeuvre du Tafle & de l ’ Ariofte
6c pour ne lailfer échapper aucune de leure beautés, M. Wateîet avoic
Commencé par en faire une verfion en profe, dont il traduifit une