
plus bas, & par les tableaux d’analyfe qui feront à
leur tête, préfenteront comme autant de Traités
l'uivis & complets de chaque fcience ou art ; de
forte qu’on, a tout à la fois l’Encyclopédie par
ordre de matières & par ordre alphabétique. Cette
feule raifon auroit lûffi pour nous déterminer au
parti que nous avons pris ; mais elle n’eft pas la
feule qui dcvoit nous y engager. Nous avons,
ainfi que nous le difîons ci-deflus, une foule d’ex-
cellens traités didactiques fur toutes lés parties
des fciences & des arts ; mais fi Fon en excepte
le dictionnaire de Chimie de M. Macquer, le répertoire
unimfel de Jurifprudence de M. G u y o t ,
& c ,, & quelques autres dictionnaires, en bien petit
nombre , 'comme le dictionnaire du Commerce,
celui de Médecine , dont les éditions manquent
depuis plus de dix ans, nous' n’avons point dans I
notre langue de dictionnaires bien faits fur toutes
les autres parties dés connoiffances humaines ; &
on pourra s’en convaincre en lifant la lifte de ceux
que nous offrons au public : car il ne faut pas
compter une foule d’ouvrages qu’on a publiés dans
ces derniers temps fous toutes .fortes de formats,
& auxquels on a donné le nom de dictionnaires
portatifs ( i ) * prefque tous ne font que des compilations
modernes, extraites mot pour mot d’autres
livres, faites fans plan, fans vu e, fans mé- -
thode , par des écrivains obfcurs & mercenaires.,
auxquels i l eft impoffible de prendre aucune confiance
, & que Fon ne peut regarder comme des
ouvrages nationaux ; & cependant le nombre de
ces dictionnaires eft fi prodigieux , qu’on nous a
propofé dernièrement un manufcrit intitulé: D ic tionnaire
des Dictionnaires, &c.
L ’Encyclopédie étant un dictionnaire, on ne peut
donc changer (a forme primitive ; on né peut que
divifer ce dictionnaire univèrfel en autant de D ic tionnaires
Encyclopédiques qu’il renferme de parties
principales ; & c’eft l ’objet qu’on fe propofè
dans Fentreprife qu’on annonce. On s’ eft attaché
à réduire ces dictionnaires au plus petit nombre
poïïîble , en groupant les objets qui ont entre
eux une analogie fenfible & qui peuvent s’éclairer,
fe foutenir , & s’expliquer par leur rapprochement.
Ainfi, ces dictionnaires particuliers formeront
des touts féparés dont la collection compofera l ’en-
femble de l ’Encyclopédie.
I l eft aifé de voir que la nouvelle Encyclopédie,
arrangée de la manière que Fon vient de l ’expo -
f e r , & diftribuée en autant de dictionnaires que
l ’arbre des connoiffances humaines a de branches
elfentielles & capitales , aura tous les avantages-
de l ’ancienne Encyclopédie, fans en avoir lc$ défauts.
E lle formera le recueil le plus riche, le
.(i) Nous en exceptons le Dictionnaire géographique de
Vofgien, le Dictionnaire hiftorique de l’Aavocat, &c quelques
autres qui font véritablement des-ouvrages eüfimables*
plus vafte, le plus intéreflanf, le plus e x a&, le
plus complet & le mieux fuivi qu on puifle délirer
, -puifqu’elle réunira avec ordre ce que renferment
de connoiffances réelles plufieurs milliers
de volumes, fans en copier aucun , dont la recherche
feroit pénible & fouvent infruCtueufe, la lecture
impoffible & le prix énorme.
Le célèbre Bacon , qui a donné la première
idée de cet ouvrage, ne fe propôfoit pas d’en faire
un feul dictionnaire ; il favoit que cette forme
trop générale qui fépare ce qui devroit être joint, qui
rapproche ce qui devroit être féparé , qui mêle
les fciences les plus fublimes -avec les métiers les-
plus médiocres, n’étoit point propre à fon plan.' .
Supérieurs à Bacon & placés-dans un fiècle plus
éclairé , MM. d’Aiembert & Diderot entreprirent
ce qu’il n’ avoit fait que projeter. Ces deux grands
philofophes favoient* bien que la nomenclature
n’étoit convenable qu'aux feu ls ouvrages qui ne
traitent quune matière, comme cela a lieu dans
cette édition ; & ils n’ignoroient pas combien;
cette même nomenclature avoit d’inconvéniens pour
un recueil qui embrafioit toutes les matières; mais
croyant ne faire que dix volumes , ces inco-nvé-
niens leur parurent fupportables. Malgré cela, i l
n’en fera pas moins vrai qu’un des plus beaux mq-
numens de l’elpris humain eft dû à leurs travaux j
& bien loin de chercher a leur en enlever, la g loire ,
on fe propofe de rendre ce monument plus durable,
plus digne des regards de la poftérité, en
perfectionnant fa conftruction,- complétant toutes
fes parties , .& donnant au tout une meilleure
forme.
Pour donner au public une idée de ce qui refte
à faire , fi Fon veut porter ce grand ouvrage d fa
perfection, nous allons' citer le jugement que
M. Diderot, principal éditeur, en a lui - même
porté.
« L ’imperfeCtion 'de l’Encyclopédie a pris fa
» fource dans un grand nombre de caufês di ver fes.
» On n’ eut pas le temps d’être fcrupuleux fur le
» choix des travailleurs. Parmi plufieurs hommes
» excellens , il y en eut de foibles, de médiocres,
» & de tout à fait mauvais j de la cette bigarrure
» dans l ’ouvragé , • oïl l’on trouve une ébauche
» d’écolier à -côté d’un morceau de main de mai-
» tre ; une fottife.voifine d’une chofe fublime ; une
» page écrite avec force, pureté, chaleur, jûge-
» ment, raifon élégance, au verfo d’une page
» pauvre, mefquine , plate, & miférable. Les
» uns travaillant fans honoraires, par pur atta-
» chement pour les éditeurs & par goût pour
» l ’ouvrage, perdirent bientôt leur première fer-
» veur ; d’autres , mal récompenfés , nous en don-
» nèrent, comme on dit, pour notre argent;...»
» il y en eut qui remirent toute leur befogne à
»> des efpêces de tartares qui s’ en chargèrent pour
» la moitié du prix qu’ils avoient reçu. Les articles
» commuus à différentes matières ne furent point;
» faits, précifément parce qu’ils dévoient l’être par
» plufieurs; on fe les renvoyoit l’un à l ’autre.
» L ’art de faire des renvois fuppofe un jugement
»> bien précis.... L ’on négligea de remplir les rên-
» vois qui appartenoient à la partie même dont
» on étoit chargé.. . . On trouve fouvent une
» réfutation à l’endroit où l ’on ailoit chercher
» une preuve.. . . I l n’y eut aucune correfpon-
» dance rigoureufe entre le difcours & les fi-
»> gures , &c. »
Nous fournies bien éloignés d’adopter en entier
ce jugement un peu rigoureux, fur un ouvrage
dont M. Diderot pouvoit fe croire en droit de
faire les honneurs ; car fi l ’Encyclopédie , confi-
déiée dans chacune de fes parties féparées , eft
très-incomplète , i l n’eft pas moins vrai qu’elle
renferme une multitude d’articles excellens, faits
de main de maître, auxquels il faut bien fe garder
de toucher. I l y a même des parties prelque
entières , comme les Mathématiques , la Littérature
, les Arts & Métiers mécaniques , qui font
plus complètes dans l ’Encyciodedie que dans
aucun autre ouvrage ; & on ne doit jamais perdre
de vue , en corrigeant & en complétant ce dictionnaire
, en lui procurant les degrés de perfection
qui lui manquent, qu’i l a été compofé en
grande partie par les hommes les plus célèbres
de notre nation , & que dans fon état d’ imperfection
, il eft encore, on le répète , un des plus
beaux monumens que les hommes, dans aucun
temps, aient jamais élevé à la gloire des lettres,
des fciences, & des arts.
P l a n d e T r a v a i l p o u r + l ’E adopté par MM. les Auteurs
Q u o iq u ’i l y 'a i t aujourd’hui plus de vingt
mille exemplaires de l’Encyclopédie répandus chez
les nations civilifées , par les éditions qui ont été
faites a Paris, à Genève, à Lucqùes, Florence,
L y o n , Yverdum, Laufane ; cependant, comme un
dictionnaire complet & univerfel des fciences , des
arts , & des métiers fera néceflaire dans tous les
temps, on ne peut douter qu’une édition de l ’Encyclopédie
, rangée par ordre de matières^augmentée
, -corrigée, & perfectionnée dans toutes fes
parties , ne doive avoir du fuccès & mériter l ’approbation
& l ’accueil de l ’Europe éclairée. Mais
le fuccès ' de cette nouvelle entreprife ne peut
dépendre que de la perfection réelle de chacune
des parties. Pour y parvenir 8t bien connoître le
travail que chacun des gens de lettres qui fe font
chargés de la révifion d une partie avoit à faire,
on a cru néceflaire de s’aflurer de l'état véritable
de tous les articles qui compofent chacune des
parties de ce grand ouvrage. En coriféquence, on
a pris deux Encyclopédies in -fo lio , & deux exemplaires
des fupplémens, on a fait couper tous les
articles , & en réunifiant ceux qui ont rapport au
même objet , on a formé un nombre de parties
principales ; chacune de ces grandes parties forme
un dictionnaire féparé, qui , n’étant point confondu
avec les autres , permet que l ’homme de
lettres, le favant chargé de fa rédaction, juge de
l ’imperfeCtion de la nomenclature & des défauts
de chacun des articles qui -le compofent ; il n’eft
point obligé de lire vingt-un volumes in - fo l io ,
il n’eft point accablé fous le poids dé la mafle ■
entière. Pour éviter le défaut d’ordre & de .concert
qui a régné dans la première édition de l ’En-
cyclopedîe, il étoit aufli néceflaire que les nouveaux
rédacteurs s’étendiflent & travaillaient fur
un plan commua.
NC Y C L O P É D I E M É T H O D I Q U E , & Rédacteurs de cette édition.
L a première & la principale attention dé chaque
auteur a été de circonfcrire fon objet, de bien
connoître les limites -.dans lefquelles i l a dû fe
renfermer, & de drefler le plan de la fcience ou
de Fart dont il s’eft chargé; fans cette attention,
il fe feroit expofé à comprendre dans fon travail
fies objets qui doivent être traités par d’autres
coopérateurs , & à faire nombre de doubles emplois.
L e dictionnaire de Phyfîque, par'exemple,
ne contiendra que les articles qui appartiennent
directement a la Phyfîque , parce que tous les
autres articles , qui ont avec la Phyfîque un rap-
port plus ou moins éloigné , fe trouveront dans
les dictionnaires des fciences auxquels ils appartiennent
directement , & qui feront eux-mêmes
partie de Y Encyclopédie p a r ordre de matière.
Ainfi, le dictionnaire de Phyfîque ne contiendra
aucune notion élémentaire de Mathématiques,
d’Aftronomie, aucun terme de Chimie
d’Anatomie, de Phyfîque célefte, puifque chacun
de ces objets fera traité féparément dans les
parties de Mathématiques-, de Chimie, d’Anato-
mie, &c.
?i- nV a ïîue des hommes très - inftruits qui
puiflent parfaitement connoître les limites de la
fcience dans lefquelles ils doivent fe renfermer.
Ces limites ont été quelquefois difficiles-à Jaifir,*
parce qu’il y a des connoifîançes , comme celles
des fciences économiques, qui embraflent tout ce
que l ’on veut, & dont le circuit n a jamais été
bien déterminé : i l a fallu néceflairement fixer ces
limites dans cette nouvelle édition, pour ne rien
confondre , ne pas fe répéter ; & ces opérations
préliminaires, qui ont été arrêtées avec les auteurs
, font connoître qu’il étoit néceflaire qu’ils
s’accordaflent & s’ entendiflent pour mettre, dans
toupie cours de cet ouvrage, de l ’unité, de l ’ordre,