
jio M I L'
I l y eût des boucliers très riches par le travail
& la matière*, on en fit d’argent*, d’autres
furent ornés de plaques d’or, On leur donna
différentes grandeurs & différentes formes. Les
boucliers des Lacédémoniens , fur lefquels on
les rapportoit quand ils étoient tués dans le
combat, ne dévoient pas être moins grands
que l’écu des. Romains. On en peut dire autant
du bouclier Elpagnol , nommé Cetra , fur le quel
, au rapport de Tite -Live y le foldat fé
■ couchoit pourpalfer les fleuves à la nage. Voye\
lur différente«., fortes de boucliers , les mots
Clypeus , F arma, P e lta , Scutum.
B uccinateurs , ou trompettes , chez les
Romains , étoient coëffés de la dépouille d’une
tête de lion.
Camp. Polybe dans fon livre fixiènie , &
Hygin ont foîgneufement décrit les camps des
Romains. Le premier de ces auteurs a été traduit
en françois , & les artiftes pourroient, au
befoin , le confulter : mais ils chercheront peu
à donner une repréfentation détaillée d’ un
camp , qui n’offrant que des lignes parallèles ,
eft loin d’avoir un alpeél pittorefque. Cependant
y comme ils peuvent du moins être obligés
de représenter la vue d’ un camp, ils doivent
avoir quelqu’ idée de fa conflruôion.
Les Romains, dans les premiers temps d e là
republique , & lorfqu’ ils n’avoignt affaire
qu’aux peuples de l ’Italie , connpiffoient peu
l’ art de camper : ils l’apprirent de l’ un de leurs
ennemis, de Pyrrhus, & puifqu’ ils eurpnt un
Grec pour maître , on peut croire que leurs
camps différoient peu de ceux des Grecs. Cependant
les derniers ne don noient point à leurs
camps une forme fi régulière, & au lieu d’en
creufer les fortifications , ils cherchoient à
profiter de celles que leur offroit la nature.
Ainfi leurs camps charigeoient de forme fui-
vant le terrein, au lieu que ceux des Romains
fe reflembloient tous , 8c qu’ un foldat qui
avoit habité un camp , fa voit précifément où
feroit placé fon logement dans un autre. **
Quand il ne s’agiffoit de camper que pour
un temps fort court , deux lignes de l’ armée
reftoient en ordre de bataille, & la troifième
étoit commandée pour creufer les retranche-
mens. Ils confiftoient en un foffé, large de
cinq pieds , fur trois de profondeur. La terre
rejette© du côté du camp y formoit un rempart,
qu’on revêteit de gazon , & qu*on fortifioit
par des paliffades.
Mais quand l’armée devoit faire un plus
long fé jou r, fon camp devenoit une place
forte & préfentoit l ’afpeâ d’ûne ville de guerre.
■ jUn rempart fait de te rre , avec des faîcines,
& revêtu de gazon, étoit défendu par un
foffé large de onze à douze p ied s, & d’une
M I L
profondeur proportionnée. Il étoit flanqué de
tours y diffames l’ une de l’autre de quatre-
vingt pieds , 8c accompagnées- de parapets,
garnies de créneaux. I l étoit ordonné aux
loidats , fous peine de mort, de faire ce travail
fans quitter leurs armes , ou du moins
leurs épées, & apparemment leurs principales
armes défenfives, telles que le calque & la
cui rafle.
La tente du général s’élevoit au milieu
d’ une place quarrée, dans l’ endroit le plus favorable
, pour voir tout le 'camp. De l’autre
côté étoit le logement du quefteur , & la
caiffe militaire dont il avoit le dépôt. Ces d©ux
logemens formoient la tête du camp , & on
laiffoit devant eux un efpace libre de cent
pieds de large.
_ Les quartiers du camp étoient partagés en
cinq rues parfaitement alignées, dont l’ une
faifoit le milieu de cette force de ville. Toutes
avoient cinquante pieds de la rg e , & une rue-
nommée quintaine , d’ une même largeur, les
coupoit par la moitié. Tout le monde étoit logé
fpacieufement : deux fantaflins avoient dix
pieds de terre. La cavalerie en avoit cent en
quarré pour chaque turme compofé de trente
chevaux.
Cette v ille guerrière étoit quarrée , & avoit
une porte au milieu de chacune de fes faces.
Quelques favans ont cru que ces. portes croient
placées aux quatre angles. Au refte on ne s’en
©fl pas toujours tenu à la forme quarrée , au
moins fous les Empereurs : il y a eu des camps
circulaires , triangulaires , ovales , oblongs ,
femi-lunaires.
Le général, dans le choix du lien propre à
établir fon camp , avoit foin qu’il y eût de
l’ eau , du bois, des pâturages, précaution de la
plus ^ grande importance , puifqu’une armée
paffoit quelquefois un hiver dans le même
camp, 8c quelle pouvoit y être afliégée. La
difette d’eau la forçoit quelquefois à fe rendre.
Si l ’on ne pouvoit renfermer une rivière ou
une fource dans le camp, on y creufoit du
moins des puits.
C A S Q U E , les Cafques des Romaine
avoient moins de profondeur & pardevanc
moins de faillie que ceux des Grées. Une plaque
de fer à charnières eouvroit les oreilles, & diminuant
de largeur, paffoit Tous le menton :
cette pièce manquaitordinairement aux Cafques
des Greçs qui laiffoient les oreilles découvertes:
mais les derniers avoient une vifière q u i, relev
é e , faifoit au cafque un ornement, & baiffée,
défendoit/le vifage du guerrier. Les cafques des
Grecs étoient plus ornés de fculpture 8c de ci-
felure que ceux des Romains . Les cimiers des
deux nations étoient également furmontés de
panaches & offroiant- quel que fois des figures de
divers animaux^' mais ordinairement d ani- j
maux terribles. Les guerriers fubalternes n a-
voient quelquefois qu’ un cimier en forme de
bouton, & fans panache . Du temps de Polybe ,
le cafque du jeune foldat étoit un fimple armet,
couvert de peau de loup ou de quel qu’autre animal
-, le foldat plus âgé qui avoit l’armure com
plette , portoit un cafque d’airain , furmonté de
trois plumes rouges ou noires , hautes d’ une
coudée.
C A T A P U L T E . Machine de guerre qui
fervoit à lancer des pierres énormes, 8c n’étoic
guère moins terrible que les canons & les mortiers
des modernes. Nos pères l’ appeloient bombarde,
& en ont fait ufage jufqu’ a l’ invention
du canon, & même quelque temps après. » On
» lançoit les pierres avec la catapulte, dit
» d’André Bardon, par le moyen d’un cuilleron .
» Le manche de ce cuilleron étoit. engagé dans
» un échevau de cordes qui le tenoit dans âne
» pofitiôn perpendiculaire fortement attache
» contre la pièce de traverfe où , dans l’ inftant
» de la détente ,- le cuilleron devoit frapper^.
» Lorlqu’on vouloir lancer la pierre, on le baif-
» foit à force par lefecours d’un cabeffan, jufqu a
» c e qu’il fût engagé dans le reffort qui devoit
» le contenir. On mettoit alors la pierre dans la
» coupe du cuilleron , & d’un coup de maillet
» donné fur le reffort qui l’ enchaînoit,,on lâchoit
» la détente. Soudain le cuilleron , par fon elaf-
» ticité , fe portoit avec une rapidité extraordi-
» naire vers le çentre où il étoit engagé 8c
» frappant avec violence contre la pièce tranfver-'
» fale ,fu r le côuflinet plein de paille hachée,
» pouffoit la pierre au loin par une progreflion
» circulaire d’ une force terrible. On a vu des
» catapultes qui lançojent à plus de cent vingt-
» cinq pas des pierres de trois cents livres pé-
» fant. Jofeph raconte qu’au fiège de Jérufalem,
» il ÿ en avoit d’affez fortes, pour les jetter juf-
» qu’à deux ffades. Âppien dit que S y lla , dans
» !a guerre contre Mithridate, avoit des balif-
» tes qui jettoient au loin, vingt groffes balles
» de plomb à la fois . I l y avoit des catapultes-
» bdliftes, qui ne différoient de celles qu’on vient
» de décrire que par un canal qu’on y ajoutoit,
» & dans lequel on dilpofoit des javelots de ma-
» nière qu’ils étoient lancés au loin par le même
» effort qui lançoit les pierres . Les catapultes
» de campagne , beaucoup moins fortes que les
» autres, étoient fixées fur de petits chariots , &
» on.les faifoit agir .fans les déplacer ». On peut
cofifulter fur les bombardes de nos pères Vhifloire
d e là milice françoife par le P. D an ie l. V itruve
a décrit la catapulte, ainfi que la balifte , mais
d’une maniéré fort obfcure »
C A V A L E R I E . Nous avons vu que , dans
les fiécles héroïques, on .âppelloic chevaliers
ceux qui combattoient fur des chars, & qu’on ne *
connoiffoit point alors d’autre cavalerie. Homere
donne fouvent au vieux Ne ftor le titre de cavalie
r , Hippota Neftor, & affurcment ce prince ne
combattoit point à ch e v a l.
La cavalerie de certains peuples combattoit
fur deux chevaux attachés enfemble. Us n’a-
voient point de houffe, afin que le cavalier ne
rifquât pas de s’ embarraffer les jambes en fautant
d’ un cheval fur l’autre.
L’ antiquité a connu les chevaux bardés j les
romains les hommoient cataphracli, & ils
avoient emprunté du grec & le mot & la chofe .
Cette expreffion fignihe des chevaux munis d’ armes
défenfives .
Dans la cavalerie péfante ,.le guerrier étoit
armé d’ une cuiraffe d’écailles, de corne , ou de
lin . I l avoit des cuiffards. Le cheval étoit armé
lui-même d’ un chanfrein qui lui garantiffoit la
tête & avoit les flancs bardés .
Aléxandre forma une troupe qu’on peut comparer
à nos dragons puifqu’ elle combattoit à
pied 8c à cheval. Elle, faifoit en plaine le fer-
vice de la cavalerie , & dans les. lieux où l’ on
ne pouvoit fe fervir de chevaux, celui de l’ infanterie.
On remarque que ce corps étoit armé
moins péfamment que l’ infanterie, & plus
que la cavalerie ordinaire , ce qui prouve que ,
jufqu’alors, la cavalerie avoit connfté en troupes
légères.
Dans un ouvrage deftiné aux artiffes & aux
amateurs des arts , nous ne nous ferons point de
fcrupule de copier un artifte & ce que nous
allons ajouter , fera/tranfcrit du coflume des
anciens peuples par Dandré Bardon.
Les monumens anciens prouvent que la cavalerie
romaine, depuis Romulusqui l’ inftitua, n’ euc
point d’autre vêtement, d’autre armure que l’ infanterie.
Le fimple corfelet fans manteau , un
cafque à oreillettes , quelquefois furmonté de
légères lames feftonnées qui tenoient lieu d’aigrettes,
une cravRtre ou mouchoir pour hauf-
l’e -co l, des chauffes où tenoit lafandale , formaient
l’ajuftement des cavaliers : les chauffes
étoient -quelquefois tailladées vers le cou-de-
pied . Une courte épée , un bouclier de cuir
de boeuf, un javelot ou une lance étoient leurs
armes offenfives & défenfives. La feule qui
■ leur fût propre, &|dorit l’ infanterie ne faifoit
point ufage , étoit une boule de fer ou de
plomb , emmanchée d’ un bâton affez court : e lle
faifoit apparamment l’office de la maffue des temps
héroïques, de la maffe d’ armes de nos pères-
& du caffe-têce des fauvages de l’ Amérique.
La cavalerie arboroit pour étendart , l’aigle ,
le dragen volant, & le labarum qui étoit une
petite banière , attachée à une pique furmontée
d’ une aigle. Sous les empereurs chrériens, le labarum
porta le monogramme du Ch ri fl, c’eft à dire
unP au milieu d’ un X , & il fut furmonté d’ une