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hériflee que celle de la médaille, & reflemble
à celle de quelques phïlofophes. On remarque
un air de réflexion dans les yeux enfoncés qu’on
peut comparer à ceux de la tête d’Homère. Ce
morceau eft d’ une grande exécution.
Ajoutons que ce Dieu doit avoir quelques
traits de la nature fauvage •, mais qu’ il doit avoir
le plus grand caraétère, puifqu’ il eft cette nature
elle-même. « I l e ft , dit le faux Orphée,
« le c ie l , la me r, la terre & le feu : toutes
» les parties de la nature font les membres
» du Dieu Pan, »
La médaille arcadienne .du dieu Pan, où. il
eft repréfenté aflis fur le mont Olympe, l’ offre
fous les traits d’ un beau jeune homme fans
barbe. Ses cheveux féparés au milieu du front
font jetés des deux côtés avec beaucoup de
grâce : fa tête eft noble, fa taille ne manque
point de fvelteffe ; tous fes membres fent de
forme humaine & d’une belle proportion. Rien
en lui n’ indique un dieu ruftiqüe que le bâton
noueux & recourbé qu’ il tient en main, 8c la
flatte à fept tuyaux qui eft à côté de lui ; ou
plutôt le bâton indique fa puiffance, & la
flûte à fept tuyau x , fymbole de l’ harmonie
des fept planètes, fait connaître fon empire
fur toute la nature.
I l ne faut pas confondre avec le Dieu Pan ,
le dieu T o u t, les Peins ou Æ g ip a n s , divinités
inférieures & champêtres. Ils ont le nez
aquilain , la face large & groflière, de longues
oreilles, des cornes, des pieds de chèvres.
Ces Dieux étoient le fymbole de la nature
champêtre , & l’on a' voulu defigner la
faculté productive & générative de la campagne
par la falacité du bouc dont ils partagent
le s formes. Les Pans furent, avec le temps,
donnés pour cortège à Bacchus, comme l’a*
voient toujours été les fa-tyres : mais il eft
vraifemblable que ce n’a été que dans des
ouvrages Romains , ou faits par dès artiftes
Grecs pour des Romains. Les jeunes Pans fe
nomme ient des Panifques .
Malgré ce que nous avons dit de la figure
du dieu P an , dans la médaille arcadienne s
il faut avouer -qu’Homère, ou l ’ auteur de
l ’ hymne homérique adreffée à ce D ie u , lui
donne des pieds de chevre & des cornes.
On peut donner à Pan moins de grandeur,
« ’.and on ne le confidère que comme un Dieu
a g re fte , fils de Pénélope, Sc amant des nymphes
des Bois. Ce n’ eft plus alors qu’ un Ægipan,
Parques. Elles font du nombre des divinités
auxquelles on fe croit obligé de donner
de la laideur : ce caractère , que cependant
quelques modernes ont é v ité , eft autorifé par
d’anciens poètes 9 mais non par les artiftes de
l’ antiquité. On voit ces déciles aflifter à la
mort de Méléagre : leur forme eft virg ina le ,
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leurs têtes font be lles; elles ont des ailes au
dos, elles en ont aufli à la tête. L’ une d’elles
éft toujours dans l’ aélion d’écrire fur un rouleau.
Panfanias nous apprend que Vénus a été
nommée la plus ancienne des Parques, ce qui
ne permet pas de leur donner un cara&ère de
laideur. La manière de repréfenter Vénus, ref-
fembloit à celle de repréfenter la déeffe des
vengeances, la terrible Kéméfis, puifqiie ce
fût en Néméfis qu’Agoracrite, élève de Phidias,
changea la ftatue qu’ il avoir faite de
Vénus.
Pluton refTemble , ainfi que Neptune , à
ion frère le maître des Dieux *, mais il s’en
diftingue par le caraélère de la févérité. On l’ a
pris fouvenr pour un Jupiter à qui l’on a cru
devoir donner le furnom de terrible, C’ eft le
même- Dieu que Sérapis-, & il eft earaâériïë
par le modius ou boifleau fur la tête •, mais
ce caraélère n’ a pas toujours été obfervé. Ses
cheveux ne font pas arrangés comme ceux de
Jupiter : pour lui donner un air plus fombre,
on le repréfente avec les eheveux rabattus fur
le front : fur quelques têtes de Sérapis, la.
barbe eft féparée en deux.
Proserpine. Sa tê te , fur les médailles de
Sicile & de la Grande-Grece , eft de la plus
grande beauté : fur une médaille du cabinet
de M. P e lle rin , elle eft couronnée de longues
feuilles qui font probablement des feuilles de
bled : mais des antiquaires les ont pfifes pour
des feuilles de jonc , & en conféquence de
cette erreur, ils ont regardé la tête de Pro-
ferpine comme une tête de la nymphe Arc -
thufe.
Saisons , ou les Heures , fuîvant la dénomination
des Grecs ; car c’écoit par le nom
d’Heures qu’ils défîgnoient les parties de l’anné
e, & non celles du jour. Us appeloient aufli
heures des portions de temps non périodiques
& déterminées; mais ce mot, en ce dernier
Cens, eft étranger aux objets de l’art.
Les Heures ou Saifons font compagnes des
Grâces-, elles en. ont la beauté, & quelquefois
la nudité. On avoir coutume de les repréfenter
danfantes : elles furent d’abord au
nombre de deux, parce que les Grecs ne re-r
connoiffoient alors que deux faifons ; ils en
diftinguèrent enfuite trois. Leur vêtement eft
ordinairement court , comme celui des dan-
feufes, & ne defcendque jufqu’aux genoux :
leurs têtes font couronnées de feuilles db palmier.
C’eft ai lift qu’on les voit fur une bafe
triangulaire du Palais Albani. Enfin les Saifons
furent portées au nombre de quatre, 8c
on les voit en ce nombre fur une urne de la
, même vigne ; elles y font repréfentée* de dif-
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férens âges, & couvertes de longues draperies : ,
elles n’ont pas la couronne de palmier. L Heure
du printemps a la taille & les traits naife du
jeune âge ; fes trois foeurs augmentent d age
progreflivement. Sur le bas-relief de la V illa -
Borghefe, les Heures danfent avec les Grâces.
Ces .quatre derniers articles font entièrement
extraits de Winckelmann.
Satyres-. Sous ne croyons pas devoir leur
donner le nom de faunes, parce que 1 art antique
appartient fur tout aux Grecs , Se que le
nom de faunes appartient uniquement a la
langue latine. C’eft faire dans le langage, une
forte de faute de coftume, que de donner fans
nécefiité des noms latins à des. idées & des
produdions Grecques.
Les meilleurs itatues de Satyres offrent ces
dieux inférieurs fous l’ imagé d’ une belle j-eu-
neffe bien proportionnée , mais diftinguée de
celle des héros par un profil moins noble,
par un nez camus, par un air de fimplicité &
d’ innocence , jointe aune forte de grâce commune.
On leur donnoit ordinairement des
cheveux hériffés & un peu crêpus;à la pointe ,
pour imiter les poils de chèvres. On trouve a
Rome, continue Winckelmann , plus de trente
ftatues de jeunes Satyres qui fe reffemblent
par la forme & l’attitude. I l conjedure avec'
beaucoup de vraiftmblance que ces nombreu-
fes imitations avoient pour original le fameux
Satyre de Praxitèle : qui étoit, avec fon amour,
celui de fes ouvrages que ce ftatuaire aimoit
le plus. On fait par les reftes de l’ antiquité
qui Ibnt parvenus jufqu’ à nous , que les artiftes ,
plus modeftes '^alors qu’ils ne le font généralement
aujourd’h u i , fe difputoient à 1 envi
la gloiré de multiplier les chefs-d’oeuvres des
grands maîtres. Si l’on ne veut pas croire à
cette modeftiedes artiftes , on pourra fuppofer
qu’ un grarifl nombre d’amateurs, & peut-être
de v ille s , cherchoient à fe procurer, & payoient
chèrement, les copies ou les imitations de
ces chèfs-d’eeuvres,
Ceux qui ont établi que la nature des Satyres
devoit avoir de la pefanteur, ne fe font pas
rappelle le Faune nourricier de Bacchus , qui
tient ce jeune dieu dans fes bras. Cette figuré
eft bien plutôt fvelte qu’épaiffe & pefante. L’original
eft à la Villa-Borghele ; mais elle eft bien
connue en France par des copies ou des plâtres
moulés, & elle eft d’une fort belle étude, La
beauté de fes jambes eft célèbre. Si elles ne
font pas idéales , la nature au moins n’ en offre
pas de plus b e lles, par rapport au caractère général
de la figure. Le beau Satyre dormant au
palais Barberini n’ eft point une figure idéale ;
mais une parfaite image de la nature naïve &
abandonnée à elle-même.
On ne trouve non plus rien de lourd, dit
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Mèngs, dans le Faune de Florence qui joue
des crotale s, fi ce n’eft la tête & les bras qui
font modernes. Nous avons a Rome, ajoute
le même a r tifte , quantité de Faunes de la
forme la plus élégante , qui pour cela ne font
pas des Apollino, mais qu’on pourroit comparer
aux plus beaux Bacchus , excepté pour la phyfionomie
& l’attitude.
Deux tableaux du cabinet d’Herculanum
repréfentent, l ’un un jeune Satyre qui renver-
fe amoureufement une jeune Bacchante, l’autre
un Satyre vieux & barbu ^qui tache d’ em-
braffer une Nymphe ou plutôt une belle hermaphrodite.
* Us ont entièrement la forme humaine
& n’ en différent que par une petite
queue. Le premier eft d’une nature un peu
pelante ; l ’autre aufli léger que le permet font
â g e , paroît avoir été fvelte dans fa jeu -
neffe*
Dans un autre tableau d’Herculanum , on
voit l’Amour luttant avec un enfant qui a des
cornes, des cuiffes, des jambes & des pieds
de chèvre» C’ eft un panifque , c eft a dire uiï
jeune Pan ou Ægipan. Par cette réunion de la
nature humaine & animale, les anciens ont
peut-être voulu figurer l’ univerfalité du dieu
Pan. Mais les Grecs n’ont jamais diftingué les
Satyres des hommes que par les oreilles pointues,
la petite queue & le nez camus. Xéno-
phon nous apprend que Socrate, qui étoit
camus, reffembloit à un Satyre. Le nez aqui-lin
défigne un Ægipan.
Quelques fculpteurs antiques ont donné aux
Satyres une phyfionomie riante avec des poireaux
pendâns fous les mâchoires comme aux
chèvres : on voit une belle tête de ce genre
à la V illa - Albani.
Silene. Le S ilen e , père nourricier de Bacch
us , & en général les vieux fatyres, que
l ’on nomme Silenes , n’ont pas, dans les coai-
pofitions férieufes, Texpreflion de la gaité. C e
font de beaux corps dans toute la maturité de
l’ âge : tel eft celui dont nous venons de parler
à l’ article précédent, & que nous avons app
e lé Faune , pour nous conformer à la déno-
i mination qu’on lui donne ordinairement en
France. Dans quelques figu re s, dit Winc-
| kelmann , la phyfionomie de Silene , annonce
un air de gaité; il porte une barbe frifée :
dans d’ autres, l’ inftituteur de Bacchus paroit
fous la forme d’un philofophe ; fa barbe vénérable
lui defeend en ferpentant jufquès fur
ta poitrine. C’ eft ainfi qu’ il eft repréfenté
fur des bas-reliefs qui ont été fouvent^ répétés ,
& que l’on connoît fous la fâuffe dénomina-
( * ) L e s anciens do nn oien t fou vent des Hermaphrodite#
gu Ând.rogynçs pour eoçipagnçs au x Satÿrçs,