
P E I | . (56) A lcistene avoit peint un danfeur. t
( 57 ) A r i s t a r e t e étoit fille & élève d’u»
peintre nommé Néarque , qui n’eft connu que.
par elle. On fait qu’elle a fait un Efculape.
( 58 ) A n a x An d r a étoit fille- du 3 peintre
Néalcès. On ne lait rien de plus fur cette femme
artifte.
( 5g ) Lala florifloit daus la jeuneffe de Var- ,
ron , & parconféquent au commencement du
dernier fiécle avant notre ère. Elle étoit de '
Cyzique : jamais elle ne fe maria , & Pline
l’appelle vierge perpétuelle. Elle peignoir au ;
pinceau & travailloit aulïi fur l’ivoire au poinçon.
Il paroît qu’elle ne peignoit que le portrait,
«c elle réuflïffoit principalement à ceux de femmes
; elle «fit le fien au miroir. PerConne ne 1
peignit avec plus de promptitude , - 8c elle
joignoit tant d’art à une extrême facilité, que
fes ouvrages étôient payés plus cher que peux
de tous les peintres de fon temps.
(60) Ol ym p ia s *, tout ce qü’on fait d’elle *
c’eft qu’elle eut un éleve nommé Autobule ;
& c’eft ne rien favoir puifque’ la maîtreffe
& l’élève nous font connus feulement par leurs
noms que Pline a conferves.
P einture che\ les R om ains.
Nous avdns vu qu’avant la fondation de .
Rome , les arts étoient cultivés dans l’Etrurie ,
& qu’ils furent connus de bonne heure dans
le Latium , foït que cette contrée eût fes pro- ‘
près artiftes , foit qu’elle appellât des krtiftgs ;
étrufques. On ne doit donc pas être étonné fi, ;
dans un*temps où l’art parolt avoir-ete1. au berceau
dans la Grèce , Rome éleva des ftatuès
P E J ils n’eftimoient pas allez les arts pour chercher
à le. devenir eux - mêmes. Cependant l’an d;ç
Rome 450 , &. 303 ans ayantv notre ère , un
iiAmus ne .crut, pas dégrader la nobleffe de fa
race en exerçant la peinture , ce qui lui nt
donner le furnom de Pictor qui reftaà fa mai-
ion. Ï1 peigniti le temple du lalut y. & fes ouvrages
à fes rois ,rfi du temps de Tarquin l’ancien
plie honora d’une ftatùe l’augure' Attus Na-
vius ; fi elle en érigea une à Horatius Codes dans
les premiers temps de la république, & une
à Hermodore du témps des Décemvirs. Elle
demandoit alors des artiftes aux Etrufques ou ,
aux Latins : mais en conquérant toute l'Italie^ s
les Romains la rendirent barbare comme eux. )
L’an 259 de Rome , 494 ans avant notre ère', i
Appius Claudius confaera dans l;e temple, de ■
Bellone des écuffons. ( Cfypeas. ) chargés des
portraits de fa famille : cétiexemple trouva des ■
imitateurs ; il fe trouva même dés-Romains qui
placèrent de fembîables îmagesdansleursmaifons.
Ces écuffons n’étpient pas peints mais fculptes .
en bas - relief quand ’on*pefit faire • des basr .
reliefs, on peut faire aulïi des peintures,au moins |
des peintures d?une feule couleur.
f 61 ) Si les Romains èlnployoienE des artiftes, -
fublifterent jufqu’à ce que le temple ait
été détruit .par un incendie fous le régné de
Claude. C’eft une choie-remarquable que le
même1 homme ait • été1 ■ le. premier peintre & le
premier1 hiftorien de ion pays;. j
( 6 i ) L’exemple de Fabius Piélor n’engagea
pas les concitoyens à l’imiter.- Un fiécle & demi
s’écoula fans qu’on vît aucun.;Romain s occuper
de la peinture. Enfin le poète tragique P açu-9
v iv s neveu d’Ennius par fa mère , peignit le
tefriple d'Herculé dans le forum boarium. La
gloire,.qu’il avoit açquife par fes ouvrages drar
matiquesitépandit quelque luftre fur l’ art qu il
n’ayoit pas dédaigné • d’exercer , mais ne lui
donna pas cependant affez de considération ,
pour que des mains honnêtes , ( c’eft l’exprelîion
de Pline ) voulurent s’y livrer. Si donc, il y
eut de temps r en - temps quelques peintres
Romains, ce furent ou des efclayçs pu des hom-^
mes de balfe condition.
IJ faut avouer que Fabius Piélor & Pacu-?
vius ne dévoient pas être d’affez grands peintres
pour exciter l’enthoufialme national en faveur
de l’art dont ils s’étoient amufés. Les pein*
tures de Fabius étoipnt des ouvrages ou plutôt
des récréations de fa jeuneffe ; celles de
Pacuvius , les amufemens de fa vieilteffe : la
peinture eft un art difficile, qui demande
l’homme tout entier,: elle peut procurer des
inftans; agréables ,. mais non de grands fuçr
cès, à l’amateur qui s’ en occupe en paffant.
Soit ique le furnom. de, Piclor ait été^ pris
par Fabius-pu qu’on le lui ait donne, il ne
faut pas croire que ce fmrnom ait été pour
lui un titre de gloirè. Peut r être même-lui
fut-il donné comme un fobriquet, comme une
forte de reproche. C’eft-cé qu’on peut inférer
d’un paffage 'de Cicéron.. ».Croirons-nous , fjic
- l’orateur , que.. fi.. l’on; eût - fait un titre de
>y gloire à Fabius;i,'homme 'd’une famille tres-
» -jllufîirë , de. s’être, ..livré;;à la, peinture il
rfê feroit pas éjevéc-parmi nous, un grand
» nombre de Polycletes & de Phàrrafiusfl hon-
» neur nourrie les^ar£s î tout le iîionde eft
» excité par la ’gloire à s’y exercer : mais
» ils languiffent , çhe*- tous, les peuples qui
*> les dédaignent ?>; ?( Tufe. l?v. 1 ).. If eut- on
LdireTentendre plus, clairement-que k lçs arts
:étoiént_^daignés chez les Romains ?
(63) A rellius .fut; céleFre à Rome, pep de
temps avant Augufte.,:Spri, nom feniMe ijUdi-
P E I que? Ou’ il étoit Romain , & fa profelfion , pat
la raifon que nous venons d’établir ^ qù il étoit
d’une naiflance obfcure'. La célébrité que Pline
lui accorde prouve qu’ il avoit du talent ou
qu’ il paffoit pour en avoir. Le même écrivain
lui fait un dur reproche d’avoir reprefente
les déefles d’après les objets paffagers de fes
amours, & d’avoir fait autant de portraits. (
de courtifanes qué de tableaux : pourquoi
n’avoit-il pas fait le même reproche aux plus
grands artiftes de la Greceï
(6 4 ) Lüdius , contemporain d’Augufte.
C’etoit un peintre de vues, de marines, dè
payfages, qu’ il accompagnoît de figures. Il
imagina le premier de peindre fur les murailles,
des maifons de campagne , des portiques
, des bois làcrés , des forêts , des collines,
des étangs, des cafcades, des fleuves,
des .rivages. Il y repréfentoit des gens qui fe
promenoient, d’autres qui naviguoient, d autres
qui, ftr des ânes ou fur des voitures, fe
rendoient à des maifons de campagne. I l peignoit
des pêcheurs , des oifeléurs , des chaf-
feurs , des gens occupés de la vendange ; on
voyoit dans les tableaux des hommes porter
des femmes fur leurs épaules dans des avenues
marécageufes qui conduifoient a des maifons
de campagne. I l peignoit aulïi des ports
de mer. En général fes inventions ecoient fines
8c agréables.
(65) Quïntus Pediüs. Voilà un peintre
romain , ou du moins un éleve de peinture
d’une naiflance très-illuftre. Il étoit petit-fils
de - C. Pédius , homme confulaire ic décoré
. des honneurs du triomphe, que Jules-Cefar avoit
nommé fon héritier conjointement avec Au-
gufte. Comme il étoit muet de naiflance, Mef- i
Cala l’orateur, de la même famille que l’aïeul ;
du jeune homme, confeilla de lui enfeigner
la peinture , & cet avis fut approuvé par
Augufte. Pédius faifoit déjà de grands progrès
lorfqu’ il mourut. Cet exemple ne prouve pas
que la peinture, confidérée comme profelfion,
fût alors eftimée à Rome -, il s’agifloit moins
de choifir un état au jeune homme muet &
incapable des fonélions de la fociété , que de
lui trouver une occupation dont il pût s’a-
tjiufer.
Cependant comme l’ efprit national changea
chez lès Romains fous la domination des Empereurs
, on peut croire que la profelfion des
P È I le? ârfs fous le régné de Néroft , qui fe failoi g
gloire d’être artifte lui-même.
(66 Amulius : la gravité de ce peintre qui né
quittoit pas même la toge pour travailler, peuo
faire oroire qu’ il n’étoit pas d’ une condition
commune. La même décence qu’il obfervoic
fur fa perfonne , fe remarquoit dans fes ouvrages
artiftes acquit alors plus de confidération. Les
Romains du temps de la république n’étoient
animés que de l’efprit de liberté & de celui
de conquêtes : quand ces deux pallions furent
affoiblies , celle des arts put trouver piace dar_3 leur ame. On n’ofoit pas. fans doure mé^ïifcr Etaux-Arts. Tome I.
: c’étoic un peintre à la fois févere &
brillant. Je ne fais pourquoi Pline l’appelle
peintre de fujets communs , humili's rei piclor,
lorfqu’entre les ouvrages , il fait mention d’une
Minerve qui regardoit le fpe&ateur de quelque
côté qu’on la regardât. Ce n’eft point fans doute
un fujet humble.& commun, que la repréfen-
tatîon de la plus fage , la plus impofante , 8c
l’une des plus belles des Déefles. Amulius ne
donnoit chaque jour que peu d’heures à la
peinture. On voyoit peu de fes tableaux, parce
qu’ occupé conftamment par Néron , la maifon
dorée de ce prince fut la prifon du talent de
l’artffte.
(67 ) T ur pil ius, chevalier Romain , natif
de Vénétie. On voyoit de lui de beaux ouvrages
à Vérone. Iï peignoit de la main gauche.
(6 8 ) Antistiüs L abeo. Il avoit été préteur
& même proconful de la province Narbo-
naife. I-I le faifoit gloire des petits tableaux qu’il
peignoit : maïs ce talent dont il tiroit vanité,
&: qui paroît n’avoir pas été confidérable , ne
lui attiroit que des rifées & du mépris. Il mourut
fort âgé fous Velpafien.
; ( 6 9 ) C ornélius Pinus peignit dans le
temple de,l’honneur & de la vertu que Vefpafiea
fit rétablir.
(70 ) Accrus Priscus exerça dans le même
temple fes talens pour Ja peinture. I l reflembloit
plus aux anciens que fon émule.
En parlant de la peinture chez les Romains ,
nous ne devons pas omettre le tableau collof-
fal de Néron. Cet empereur s’ étoit fait peindre
! fur toile dans la proportion de cent vingt pieds.
Co tableau gigantesque fut brûlé par la foudre.
Le comte de Caylus, & après lui le chevalier
de Jaucourtne pouvoïentchoifir plus mal que ce
morceau, pour exalter l’ art de peindre des anciens.
C’étoit , difent - ils , une opération que.
Michel-Ange eût pu feul concevoir , que le
Correge eût pu feul exécuter. Mais fi le fuccès
n’a pas répondu au projet de l’opération , qu’elle
bâfe refte-t-il à ces éloges ? Pline qui avoit vu
l’ouvrage-, dit que c’ étoit une folie de fon fiécle ;
' nofiræ cetatis infaniam. Si ce n’étoit qu’ une
folie, fur quoi le comte de Caylus prétend-il
qu’on ne peut prefque pas douter que ce Col-
loflè avoit de l’effet, & qu’on doit le regarder