
s 1<S MIL & dévorer leurs enfans, d’autres faire des pro- '
vifions de chairs humaines falées.
Les fortifications confiftoient en de hautes 8c
épaiffes murailles, des tours & des foffés. On
les défendoit, en jettant fur les affiégeans, des
pierres , des poutres, des meubles , des tuile s,
des grailles & des huiles bouillantes. On lançoit
fur les machines des traits enflammés, enveloppés
d’étoupes 8c enduits de poix & de bitume.
Les affiégeans employoient pour battre les
murailles, les béliers, les énormes pierres lancées
par les catapultes , la fappe qu’ ils faifoient
a couvert fous leurs mantelets. Ils montdient
a J e(balade en faifant la tortue pour fe garantir
des pierres que les afiiégés rouloïent fur eux.
Ils conftruifoient des tours roulantes qui les
elevoiënt a la hauteur des'remparts, avec lef-
quels ils s’ etablilïoient même une communication
par le moyen d’ un pont qu’ils y jettoient.
On pourroit s’étendre davantage fur les moyens
que les anciens employoient pour l’attaque &
la défenfe des places-, mais il eft inutile ici
d entafler ce qui ne ieroit d’aucun ufage aux
arts pittorefques.
T e l u m étoit le javelot; fon nom femble
venir du mot grec télé qui fignifie loin , parce-
qu en effet -il fe- lançoit de loin.
T e n t e -s . Les tentes des anciens étoient à
peu près de,la forme des nôtres; mais quand on
devoir refter longtemps campé, on les rendoit
plus folides en les couvrant d’un toit de bois,
ou plutôt au lieu de tentes, on conftruifoit alors
des barraques. Les tentes ou barraques des
ch e fs , étoient fouvent entourées de fortes barricades
; on prenoit fur tout cette précaution
pour la tente du Quefteur, parce qu’ elle étoit
le dépôt du tréfbr.
* T o r t u e . Ce mot eft confacré dans notre
langue, & il n’ eft plus permis de le changer :
mais on peut obferver q u e , dans l’origine
on auroit dû traduire par le mot voûte , ce que
le sRoma’ns appelloient tejludo dans l’art militaire,
c’ e fta direl’induftrie qu’avoient leurs fol—
dats de fe faire^ une voûte ou un toit de leurs
boucliers reunis. Ils avoient emprunté cette
expreflion de lîarchiteanre, & l ’on fait q u r
dans cet art, le mot tejludo fignifie une voûte’
parce qu’ en effet la voûte d’ un bâtiment a quelque
reffemblance avec l’écaille de la tortue.
Quand les foldats grecs ou romains vouloîent
approcher d’ une place , protéger des travailleurs
, ou monter a l’ efcalade, ils fe ferroient &
rangeant au-deffus de leurs têtes, leurs boucliers
dansle même ordre que fe rangent les tuiles
d un to it , ils formoient une voûte impénétrable
aux traits légers, & fur laquelle rou-
loient les choies pefantes qu’on jettoit fur eux.
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Par le moyen de la tortue , ils fe fervoienc
quelque fois d’échelles à eux-mêmes', un fécond
corps de foldats montant fur la voûte que
rormoit le premier, & en formant lui-même
; une autre à fon tour, fur laquelle pouvoit gravir
un troifïème; Les boucliers longs des Ro-
mains étoient encore plus commodes pour cette
opération que les boucliers ronds des Grecs.
T o u r s . Nous avons parlé des tours roulantes
au motjiege. Elles avoient fouvent plufieurs étages.
A l’étage inférieur étoient les fappeurs ;
plus haut etoit fufpendu le bélier ; au niveau
des remparts ennemis étoit un étage, où , par le
moyen d’ un pont, on combattoit corps à corps
avec les afiiégés comme dans la plaine ; plufieurs
étages encore fupérieurs étoient remplis de
guerriers qui lançoient des traitas fur les défen-
(eurs de la place. Les tours étoient encore en
ufage dans le X IV ® . fié c le , comme la plupart
des armes & des machines anciennes.
T r i b u n a l , endroit é le v é , d’où les magif-
trats haranguoient le peuple, & les généraux
les. foldats. Ce n’étoit fouvent qu’une pierre
quarrée, ou un monticule’de terre revêtu de ga-_
zon.Onélevoittoujoufsunf/ïÆzmiz/dansles camps.
T r o m p e t t e . Les anciens avoient plufieurs
inftrumens guerriers que nous raflemblerons
i fous ce nom: la trompette proprement dite quié-
.toit droite , le lituus qui fe recourboit à l ’extrémité
oppofée à l’ embouchure,.le cornet qui
fe.courboit aux deux extrémités, le clairon qui
formoit la fpirale 8c reffembloit ;affez à nos cors
de chaffe.
T u b i c i n e , celui qui fonnoit delà troia -,
pette. Voyez buccinateur.
V e r .u t u m ; forte de javelot , de la longueur
de trois coudées.Le fer aufïi long que le
bo is, étoit accompagné de deux crochets en
forme de hameçons, de forte qu’on ne pouvoit le
retirer de la bleffure fans déchirer les chairs.
V i s i e r e . Les cafqiies des grecs avoient des
vijières qui pouvoient fe baiffer. Voyez cafque,
( Article de M. l e v e sq u e . )
M I N I A T U R E , ( fubft. fem. ). Genre de
peinture en petit , dans lequel on employé
des couleurs délayées à l ’ eau gommée. On fe
contente ordinairement de pointiller les chairs,
& l’on peint à gouache les fonds 8c les draperies.
Ûn connoît cependant des miniatures
où tout le travail eft pointillé.
On a liep de préfumer que ce genre eft d’origine
françoife. On voit en effet que les
Italiens n’ayoient point de terme dans leur
M I N
langue pour le défigner, ce qui prouve invinciblement
qu’il ne leur appartenoic pas : on
n’ eft obligé d’employer des mots etrangers
que pour défigner une induftrie étrangère, &
chaque peuple a , dans fa langue , des noms
pour faire connoître les arts dont il eft l’ inventeur.
Le Dante, dans fon enfer, adreffant
la parole à un miniaturifte italien , eft obligé
d’employer une périphrafe pour indiquer fa
profeffion , & de dire que fon art eft celui'
que les Parifiens nomment enluminure ; c’étoit
le nom qu’on donnoit alors en France à la
miniature, 8c le Dante qui avoit vécu à P aris,
ne pouvoit manquer d’en être bien informé.
Il eft donc très-vraifemblable que les Italiens,
qui ont appris des Grecs l’ art de peindre à fref-
que & en mofaïque , ont reçu des François
l ’art de peindre en miniature.
Aufïi voit - on nos plus vieux manuferits
enrichis de miniatures qui, par J ’éclat de leurs
couleurs, effacent ce qui a été fait dans le
même genre depuis le quinzième fiècle. Ces
ouvrages font ordinairement relevés de dorure.
Le deffin en eft gothique , ainfi que les ajuf-
teméns ; on voit quef les auteurs de ces peintures
ne favoient ni.defliner le n u d , ni jet-
ter artiftement des draperies’; mais on y trouve
des têtes qui ont un commencement de caractère
& de; vérité , & l’on peut' croire que , du
moins polir cette partie , ces artiftés, ou fi l’on
veut ces ouvriers, confultoient quelquefois la
nature. Félibien témoigne avoir vu un maniîf-
crit françois , en vélin , que le cara&ère d’écriture
& le ftyle dévoient faire rapporter
au douzième fiècle , & qui étoit orné d’ un
grand nombre de figures à la plume dont le
deffin n’ étoit pas inférieur à celui des peintres
de l’ Italie au temps de Cimabüé.
Les curieux trouveront amplement , à la
Bibliothèque du R o i, de quoi confirmer le
jugement de Félibien ; ils verront que nos
anciens miniaturiftes ne peuvent être furpaffés
quant à la fineffe du pinceau , qualité qui n’ eft
pas méprifàble dans ce genre.
Comme leur emploi étoit d’orner les liv re s ,
l’univerfité les prit fous fa protection , & les
mit au nombre de les fuppôts , faveur qui n’étoit
pas alors à dédaigner , par tous les privilèges
qui l’ accompagnoient.
La comparaifon de nos vieux manuferits,
avec ceux que les autres nations chargeoient,
dans le même temps, d’ornemens femblables ,
dépofe en faveur de notre fupériorité, 8c nous
aflure une g lo ire , dont en effeta l’objet n’ eft
pas confidérable , mais qui vaut bien celle de
plufieurs artiftés Italiens des mêmes fiècles ,
que l’ Italien Vafari n’a pas cru indignés de
fes éloges.
En fuivant les différens âges^ de nos miniaturiftes,
on les voit faire des progrès à mefure
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que les ténèbres de l’ ignorance fe diffipent ,
8c ces progrès deviennent plus fenfibles fous
le règne de Charles V , qui protégeoit les
lettres & les arts encore au berceau. Le duc
de B e r ry , frère de ce prince, les favorifoit ,
& recherchoit les manuferits qu’ ils ornèrent de
leurs travaux. Ils ne paroiffent pas même avoir
déchu fous le règne malheureux de Charles V I.
On peut v o ir , à la bibliothèque du Roi , le
manuferit de Salmon qui fut vraifemblable-
ment préfenté par l’auteur à ce monarque infortuné.
Il eft orné vde miniatures très-foignées.
Las têtes du Roi , du duc de Bourgogne , & c .
paroiffent être des portraits , 8c ce font les
feuls qui nous reftent de ces princes. Ce manuG
crit a appartenu àM. le duc de la Valière.
On peint en miniature fur ivoire 8c fur vélin.
Dans l?un & l’ autre genre le travail doit être
favamment épargné , 8c l’artifte doit laiffer
travailler le vélin où l’ ivoire qui lui fort de
fond. Comme ce genre rend par lui-même à
une certaine froideur, il faut bien fe garder
de le finir d’ une manière léchée ; des touches
vives , juftes & fpirituelles doivent re veiller
& animer les travaux. Ce genre eft
fufceptible de tout ce qu’on appelle efprit dans
l’art de deffiner 8c de peindre , ou plutôt il
ne peut vivre que par l’ efprit. Voyc.% ce mot.
Nous parlerons des procédés particuliers à la
miniature, dans le diétionaire de la pratique
des arts. ( Article de M . L ev e sq u e J .
-M IN U T IEU X , ( a d j.) . Se dit d’ un artifte
qui entre dans les plus petits détails de la nature.
Quoique cette expreflion fe prenne pref-
que toujours en mauvaife part , il y a cependant
des efprits qui font partifans de l’ excès
de sde tails, 8c qui regardent le minutieux
comme le degré de vérité le plus exquis. I l
faut convenir qu’il y a des genres qui admettent
les minuties, d’ autres où: elles ne font
pas fupportables.
Sous ~ quelqu’acception que l’ on prenne le
mot minutieux , il ne peut fe rapporter qu’à
l ’ exécution ; fort différent en cela de l’ adjeélif
mefquin , qui n’ eft guère applicable qu’au
Jly le . Aufïi voit on des ftatues & des tableaux
dont le caraétère de deffin eft mefquin, &
q u i, loin d’ être minutieux , n’ont pas même
le degré de détails néceflàires aux vérités les
plus communes. D’ un autre côté, il eft rare
qu’ un artifte minutieux ait une manière grande
8c large ; mais il peut n’ être pas mefquin, défaut
, qui fuppofe une petiteffe de formes , une
féchereffe de g oû t, qui peut fort bien fe ma-
nifefter fans aucuns détails.
Mais fans s’appéfantir fur la différence de
ces. deux expreffions, différence qu’on aura
déjà fùffiiamment tèntie , revenons au minutieux
, 8c examinons d’abord, s’ il doit être ja