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tances de [a fociéte' ; & fi cette dernière part a été h plus forte, pourquoi
le blâmerions-nous d’avoir facrifié fa gloire à fon bonheur, & l’amour-propre
à l’amitié ?
Celle de fes occupations qu’il préféroit, & à laquelle il revint toujours,
fut l’étude des arts* *
S ’il en eft un dont les principes méritent d’ être recueillis, & orjiés
par la main des poètes., n’eft-ce pas l’art, de peindre ? Déjà Dufrefnoy
8c Marfy en avoient tracé les éîémens dans des vers latins , aulîi bons
peut-être qu’il foit poffible d’eri faire à préfent ; mais là Mule Françoilè
qui compte maintenant plus d’un fuccès dans ce genre ( i ) , ne s’étoît
pas encore effityée, lorfque M. Watelet réfolut de s’y livrer j il ne fe
diffimulà pas les difficultés de fon entreprife. Compofer un poëme fur
la peinture , n’efi-ce pas en effet s’aftreindre à montrer fes rapports avec
tous les arts, avec tous les événemens , avec toutes les paffions ? N ’eft-ce-
pas embraffer la nature entière ? Les Dieux 8c leur puilfance ; le ciel 8i
fes merveilles| la terre avec tous Tes fîtes & fes tableaux , fes plaines 8c
leurs moiflons , fes montagnes & leurs volcans, fes forêts & leurs
ombrages,Tes mers , leur calme 8c leurstempêtes y le tems & fes époques,,
l’hiftoire 8c fes leçons la fable & fes menfonges , l’homme lui-même,
enfin , avec toute fa grandeur 8c l’a misère ; toutes ces images le préfentent
en foule au poète étonné , que l’alcendant de fon génie peut feul élever
à la hauteur d’un auffi grand fujet.
Averti par cette penfëe, M. Watelet connut fis forces , ‘ & , déterminant
la marche 8c les limites de fon. projet, il fut les mefùrer avec:
celles de fon talent.
L e deffin, la couleur 8c l'invention forment la divifion dé fon-
poème (a) : il dit dans fes vers quelles font fes proportions des différentes.
( r ) Voyez la. Peinture * poëme en trois chants, par M. Lemière. On trouve dans ce poème ^
écrit »vèc enthoufiafme ,.u a gra^d nombre de tableaux élégament & fortement deflinés..
(*) L’Art de peindre^
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parties du corps, comment on en exprime fes attitudes & les contours ;
comment doivent être dirigées les lignes de la perfpe&ive ; de quelle
fubftance l’artifte doit fe fervir pour colorer fes pinceaux ; & ces détails
onr tous reçu les formes de la poéfie ; 8c lorfqu’il traite de l’élcgance &
du goût, il ne manque jamais de donner à la fois le précepte 6c
l’exemple..
Qu’on ne croye pas cependant que tout le mérite de ce poëme
didaétique fe borne à l’enfeignemenc 8c à l’expefition. Qu’on jette les
yeux fur la belle defcrïption des couleurs du prifme , qu’on life les
Adieux d’Andromaque & d’Hecfior, & le tableau du vainqueur de Porus,
8c les attributs des héros d’Homère ; & l’on ne pourra refufer à M. Watelec
le double laurier qu’il a mérite, comme peintre & comme poète, en
chantant les Beaux-Arts.
Les réflexions qu’il a publiées à la fuite de ce poëme ont réuni tous
les ftiffrages. Leur difiribution eft vraiment pinorefque ; eu tête de
chaque article eft le portrait du peintre le plus célèbre dans le genre
qui en eft le fujet; de forte que ce n’eft pas l’auteur, mais le peintre
lui-même qui parle & qui enfeigne. On ne lit point un livre, on affifte
aux leçons des grands arciftes, & l’on s’ inftruit à leur école.
Avec eux on recherche , dans l’examen des ftatues antiques , comment
de la réunion des parties proportionnées d’un corps, naît fon enfèmble ;
on compare le jeune faune avec l’Antinous , celui-ci avec le gladiateur,
& l’Hercule avec le Laoeoon ; & parcourant ainfi, dans ces chefs-d’oeuvre
des arts ,. le cercle des divers,âges & des différentes conditions de la
vie , on y découvre ces règles précités , ces dïmenftons exaftes, d’où
réfùlte la beauté des formes donc elles font lamefure, & qu’une étude
profonde a retrouvée & fait revivre parmi nous.
Des proportions, & de I’enfèmble naiffent l’équilibre & le mouvement y
& cèft Léonard de Vinci que TVÏ. Watelet interroge far cette partie de'
iarr. Ceft par fon organe qu’il expofe comment les efforts & l’appui *