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vérité dans tout fon jour; tantôt il ia cache fous le voile desfymboles.
S ’agit-il de fes genres ? Ils font affez variés pour fuffire à tout ce que
fefprit peut concevoir d’ images & de tableaux. S ’agit-il de fes procédés
& de fes effets ? Les uns font auïïi minutieux que les autres font fublimes.
S’agit-il de la poétique de cet art? Elle fe compofe de tout ce que
l ’imagination a de moyens & d’énergie. On lit dans le Diâionnaire ds
M. Watelet un grand nombre d’articles, ou plutôt de traités fur ces
différentes matières.
S ’il falloir indiquer quelque rapprochement entre nos travaux & les
fiens, nous les trouverions dans les mots Anatomie & Figure qu il a rédigés,
foit pour l’ancienne édition de l ’Encyclopédie , foit pour le Diâionnaire
qui fera partie de la nouvelle, & nous prouverions que plufieurs de nos
connoiffances ne lui étoient point étrangères, en faifant voir combien ce
qu’il a dit du fquelette & des mufcles eft exaft & précis.
Veut-on maintenant avoir une julle idée de ce que fut M. Watelet,
h qui tant de rapports étoient connus? Que l’on fe reprefente un homme
également verfé dans toutes les parties des fciences & des lettres qui
intéreffent les Beaux-Arts ; fe fervant avec le même fuccès de la plume,
du burin & du pinceau ; placé, pour ainfi dire, entre les poètes, les
phiiofophes & les artilles, & rendant communes à tous les richeffes
propres à chacun d’eux ; fouvent confulté, parce qu’il joignoit à l’affahihté
une vue qui s’ étendoit au loin, & un tact qui s’ appliquoit a tout ;
confultqnt plus fouvent encore, parce que nul n* rechercha de meilleure
foi l’inftruétion & les lumières ; applaudiffant avec tranfport au talent ;
habile k confoler & à faire renaître le courage dans les revers ; accueillant
les élèves, fur-tout lorfqu’ils avoient plus befoin de fes fecours que de
tes avis ; les recevant dans fa maifon , les traitant en père ou en ami,
& jamais en proteéleur ; en un m o t, aimant les arts fans faite & les
artiftes pour eux-mêmes , & formant des voeux qui étoient tout entiers
pour leurs progrès & pour leur gloire : tel fut M. Watelet aux yeux de
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f e s contemporains, tel il doit paroître aux yeux de la poflérité.
Jufqu’ici je l’ai repréfenté comme livré feulement h l’art de peindre ;
i f a traite dans un autre ouvrage ( i ) de l'origine & de la déjlination
des arts libéraux confidétés en général & fous leurs différens rapports.
J ’ajouterai même qu’il n’a montré nulle part autant de profondeur.
Interroge-t-on la nature? dit M. Watelet; on eft fur 4 a route des
fciences ; cherche-t-on k l’imiter? on eft fur celle des arts. Ceux-ci fixent-ils
votre attention, & demandez-vous quelle eft leur origine? femblables aux
races illuftres , leur génération fè confond avec celle des hommes. Leur
principe commun eft l’imitation. Avant M. Watelet, l’abbé le Batteux
l’avoit d it, & il avoit trouvé le. germe de cette idée dans Ariftote.
Que l’on obferve l’homme dans tous les temps de fa vie , & 'ôn fe
verra preffé par le defir d’exprimer ce qu’il fent, d’imiter ce qu’ il voit.
Qu’on le fuive avec le fecours de fhiftdire dans l’étude progrèffive des
arts, & l’on âppercevra qu’en imitant il a amis en' ulàge des moyens
de divers ordres; que fes repréfentations ont d’abord été fimples, &
quelles font enfuite devenues complexes ; c’eft-a-dire, qu’après avoir
d’abord rendu les formes par des formes, plus habilè k tromper, il a
enfin repréfenté les reliefs par des traits & par des couleurs. Recherche-
t-on quelles font. les' liaifons des Beaux-Arts avec nos hefoins? M. Wa*
telet répond qu’ils doivent être confidérés comme autant de langages :
le plus fimple & le plus ancien eft le langage d’aétion ou la pantomime.
Celui des fons articulés ou ■ la parole - lui a fuccédé. Celui des fons
modulés, plus tardif, dut à la joie fes premiers accens ; & ces trois
moyens d’-expreffion , images.de la penfée, font anffi prompts & auffi
peu durables qu’elle. Ils ont ceffé, & leur tracé n’eft déjà plus. L a
peinture, la fculpturé & l’architecture conftituent trois- autres langages
( i ) La première partie de cet ouvrage elt imprimée depuis long-tems. J ’ai appris avec dauleu r
d-.i dépuétaire des papiers de M. "Watelet qué' la fécondé était reliée imparfaite. A V :; <it
TEditeur.
Beaux-Arts. J ortie I. c