
vue de la porte du Palais des Tuileries ^ pique
la curiofité ; on fe hâte d’approcher pour jouir ,
à une jufre diflance , des beautés qu’ elle promet
d é jà q u a n d on-arrive fur la place où elle s’élè
ve , on en embraffe l’ enfemble •, on s’approche
davantage pour en admirer les détails -, mais fi
l on pouvoit monter fur le focle elle devien-
droit gigantefque. ( Article de M. L evesç>ue. )
G I,
GLAC IS, (fub fl. mafc.) fignifie, en terme de
peinture, l’effet que produit une couleur tranf-
parente qu’on applique légèrement, & en en
frottant une autre qui fe trouve déjà plâcée 8c
sèche. La couleur avec laquelle on glace doit
Iaiffer appercevoir celle qui fe trouve deffous,
lui donner, par le choix qu’ on en fait, un ton
plus b rillan t, plus coloré , plus fin que celui
qu’ elle a v o i t , 8c qui contribue par-là à la v igueur
de l’Harmonie.
On ne glace qu’avec des couleurs qui ont
peu de corps, qui ne font pas propres à empâter ,
qui font tranfparentes , telles que les laques, les
jt i l s de grain.
La manière de glacer e fl de frotter avec une
brofle un peu ferme- la couleur dont ont forme
g la c is , fur celle qui doit en voir augmenter
fbn luflre. I l r e f ie , en conféquence de ce
procédé, fort peu de la couleur avec laquelle '
on g la c e , fur la première , ce, qui joint à
la qualité néceffaire aux couleurs pour qu’ elles
foient propres à faire, des glacis , doit Iaiffer
craindre avec raifon aux peintres qui fe fervent
d e ce moyen , que l’ effet brillant qu’ ils ambitionnent
ne foit. que uaffager -, 8c qu’ il nes-’éva^
nouiffe ou nè s’é vn ^ ré avec la laque ou le
f t i l de grain qu’ils employent.
■" Au r e f ie , cette pratique a été cependant
mife en ufage par des maîtres célèbres. Rubens
1 a fou vent adoptée, pour rendre fon coloris
plus brillant.
Les glacis font auffi très-propres à accorder
un tableau,, & à le rendre, plus harmonieux^
mais , je le répète, encore , les dangers que font
courir les couleurs qu’on e fl obligé d’ employer ,
font plus grands que l’ avantage qu’ on en retire.
Le mérite d’un tableau peint, comme on
d i t , à pleine couleur & dans la pâte (lorfqpe
cette .couleur n’eft pas tourmentée, 8c que le
fond fur lequel on peint efl folide ) l’ emporte
fur !e brillant paffager des tableaux où l’on
prodigue avec adreffe l’art de glacer. La couleur
employée comme je l’ ai d i t , & comme
l ’a fait la plus grande partie des peintres célèbres
, a l’avantage de ne point s’ altérer, 8c
s’ il s’opère quelque changement par l’ effet du
tems, il e fl à l’avantage de cette manière.de
peindre franchement, parce que les tableaux
où elle efl employée prennent en vieilliffans
un ton plus vigoureux 8c plus d’accord , tandis
que les tableaux où l’on s’efl férvi des g la c is ,
(e^ défaccordent partiellement 8c perdent ou par
1 évaporation , ou par les plus petits foins qu’on
prend pour les nettoyer , lè brillant peu folide
& la legéreté de leur glacis. "
; C eft aux artifles qui doutent de ces vérités
a faire des, épreuves plus propres à les convain^
cre que les raifonnemens. Ce feroit auffi à la
chymie , dirigée par le£ „peintres ( fi e lle
daignoit fe prêter a cette condefeendance ) à
éclairer fur la nature phyfique des couleurs-, 8c
à en découvrir de folides ou fidèles , qu’on pût
fubflituer à celles qui ne le font pas.
I l y a beaucoup à defirer fur. cet objet & jamais
l’ occafion n’a été plus favorable , puifqùe
la chymie efl plus éclairée & plus répandue
que jamais , & que les lumières philofophiques
doivent engager les fciences 8c les arts à fe
porter une bienveillance mutuelle , 8c à. s’aider
fans celle , comme la charité morale , dans les
fièqles où l’on s’ en occupe , prêche aux hommes
de fe fecourir 8c de s’aimer ( Article de M . Wa -
TELET. ) ' .... I U -A -ÿ-v M ' ,
Le G l a c i s e fl ainfi nommé du mot
glace dont il imite , la tranfparençe. I l s’emploie
principalement dans la peinture à l’huile.,
C’elt une couche de couleur tellement lé-
gère qu’ elle doit Iaiffer appercevoir la teinte
qui eft deffous.
i l y a des peintres qui peignent 'eh glaçant
même au premier coup ;xcomrae Rubens 8c fôn
école. Alors l’ imprellion du tableau fert à la
teinte que prend le g la c is , 8c fait partie de
la maniéré de peindre de l’artiffe qui l’ emploie.
Les glac is placés ✓ ainfi fur des fo n d s bien fecs
font durables, légers & puiffans de teinte.
Mais l’ufage le plus général dek g la c is e fl
“ de donner, d’après .la première couche , les
teintes à volonté lur diverfes parties dé l’ouvrage
j, d’ en augmenter la vigu eu r, la légèreté,
l’harmonie, 8c d’affurer la jufteffe des effets de
lumière. Alors le «lacis' efl un moyen efficace
de perfe.&ion pour l’ a r t , & un remède aux
défauts échappés dans la première couche. L’ancienne
École Vénitienne , & beaucoup de peintres
françois ont Life de 'glacis dans cette intention.
Quelque foit le bon effet dii.g la c is fur un
tableau déjà peint pour donner d e eja puiffance
à certaines couleurs '8c poiir mettre, comme
nous difons, I ls accords, c’e fi phyfiquément
un moyén funefte au tableau. L’auteur l’ emploie
peu de tems après avoir fini fon ouvrage
dans la pâte ; les huiles de lü.première couche
ne font pas encore- 'évaporées: On répand par
le g lacis un efpèce de vernis ou de g la c é ;
mais l’h u ile , dé la première couché n’ en tend
pas moins à pouffer' au-dehors, elle fe trouve
arrêtée
affrétée fous le g la c is , 8c y forme une croulé
d’ un ■ jaune noir qui donne cette teinte aux parties;
glacées.
Celé principalement à l ’ufage fréquent des
g lacis que beaucoup d’excellens ouvrages doi»
vent la teinte noire qui les gâte.
A ce propos, il n’ eft pas inutile d’obferver
que les gens, ignorans dans la pratique de peindre
Sç qui le mêlent de nétoyer les tableaux.ne
lavent prefque jamais diflinguer les parties
glacées de celles qui ne le font pas : d’où il
arrive que , voulant enlever tout ce qui leur
paroît craffe 8c faleté dans certains endroits,
ils parviennent auffi à tout-, ôter jufqu’ à la
.première, couche exclufivenient, qui alors leur
paroît être le vrai ton du tableau. Ceÿ.endroits I
cependant , trop crus pour les partie^ de pâte -
laîffées par l ’auteur fans g la c is , ôtent d’autant
plus, l’harmonie entre les teintes, que les glac is '
.ont été, comme d’ordinaire, placés fur les
parties ombrées.
Mais ce point effentiel fera plus amplement
difeuté dans l’ article ixétoyage. Revenons à
l ’art, .de glacer. ,
Éuifqu’il n’y a point d’autre moyen connu
d e retoucher les tableaux à l’h u ile , nous allons
nous occuper de présenter les procédés qui nous
ont paru les plus raifonnables pour prodiiire le
moins de changement pofïible dans l’ouvrage.
i ° I l faut fe-faire une loi de ne jamais glacer
avec le blanc de plomb ni les/autres couleurs
minérales., telles que le cinabre, le minium, le
jaune de Naples, 8cc. non-feulement ces couleurs
produifent des glacis lourds & dénués
de cette tranfparence qui doit former leur ca-
ra â e re ; mais elles jauniffent 8c changent de
teintes par l ’effet de Éair extérieur, lorfqu’elles
pe font pas mêlées avec des terres.
z°. On ne. doit pas glacer avec des teintes
dans -lefquels il entre du blanc;, car l’objet
feroit de diminuer une, teinte trop brune 8c
çe but ne feroit pas rempli. Au bout de quelques
tems, les parties de ..blanc mêlées avec les
huiles & Les autres couleurs aquierent de l’é -
paiffeur, & perdent le peu de tranfparençe
qu’ elles avaient quand on 1-esapofées. Le brun
du deffous difparoît, le tableau prend un ton
4>lafar,d. & .devient monotone & plat. Carie
Vanloo , dans £es derniers .ouvrages, glaçoit,
avep toutes couleurs,,- content de l’ effet brillant
qu’ ell es. faifoient en fçrtant de fès mains.
Cette méthode mal entendue a caufé l’étrange
changement qul-s’ efl opéré en peu d’années
dans le^ coloris de fes tableaux. On pourroit
cirer plusieurs autres peintres de notre, école
q u i, par l’emploi des glacis de blanc &. autres
couleurs lourdes ou minérales, voyent périr leurs
tableaux avant ; eu x .;, . "
3°. IL pfi( auf|i.: des,,terres, telles que les.
^ ^ glacent 4 ij^pileme-n,t.>& fans tranf-
Xeausc -Arts. Tome 2.
patence, -à moins qu’elles ne foient d’ une lé-
■ gereté rare , broyées exceffivement 8c employées
avec beaucoup d’ intelligence.
4°. Les meilleurs g la c is fe font avec des
couleurs légères, faites defucs , de refîne & c .
telles que les carmins , les laques , les flils -
de grain , & furtout l’ afphalte 8c mieux encore
la mumidy compofée de réfines e.lle; fe trouve
dans le corps des momies. & faifoit leur embaumement.
On glace encore avec les cendres
d’outremer broyées à un degré impalpable.
5°. I es glac is de ffils-de grain , laques , bleu
de Pruffe 8cc. noirciffent par la nature des couleurs
dont ils font formés ; mais on affoiblit
cet inconvénient par les petits foins, qui. vont
faire le fujet de cet ^article : ils concilient dans
le choix des huilés à ^employer. On employé
ordinairement celles qui font fecative.s 8c avec
raifon, parce que c ’e fi le caraélère des g la c is
de fécher très-difficilement. L’huile appelle©
huile g ra jfe , efl celle qui fait fécher les couleurs
le plus rapidement-, mais elle e ft brune
par la nature des drogues qui la compofent &
par fa: curffon. Ce.défaut croît encore avec le
tems. I l feroit donc bon d’ employer des huiler
fécatives blanches , dans lefquelles il n’ entrâc
pas de terre d’ombre & qu’on ne fît pas cuire.
Si lafaifon e fl humide & qu’on ne préfume
pas que les g la c is sèchent aifément, on peut
mê le ra cette huile blanche un peu de vernis.
Les Flamands en ufent, dir-on , en peignant;
& quoique ce moyen paroiffe contribuer à la
trop grande fécherèffe & à faire écailler les
peintures, cet accident e fl moindre que la
noirceur que l’huile grafle brune donne à l’ouvrage..
Ces diverfes obfervations pratiques tiennent
tellement à l’art des glac is qui e fl lui-même
un point d’exécution, que nous avons été entraînés
à les expofer 3 puifque d’ elles dépend
l’ effet dès g la c is & parconféquent l’ harmonie
dè tout l’ erçfemble d’ une machiné pittorefqüe.
Concluons par'dire que l’ ufage des glacis ne.
peut guèrei avoir un fuccès fo lid e , que lorfque
le peintre l’emploiye dès la première couche
manière qui caràélérife ceux de Rubens & de'
fon école...Lés glacis employés.par* eux fur une
imprejjion du une; ébauche y ie ille 1 & dure
toutes difpofées à les recevoir, ont peu changé
p mais auffi quel peintre jaloux'd’une grande
recherché de rorinès pourra , fans rëvenir fur
fon ouvrage , réuriir du premier coup le c o -'
loris 8c l’ effet à toutes les parties qui dépendent
du déïîin :?
Nous avons dit que les- glacis s’ employoîent
principalement dans les'peintures . à l’huile,'
Cependant il en exifle dans la .détrempe & dans
\z gouacher genres dans lefquels.plusieurs cou-
leiirs,. placées au fécond CQup , donnent, par .