
no MYT tion de banquet de Trimalcion. Dans des
comportions gaies & bacchiques, on voit fur
plufieurs bas-reliefs le vieux Silene avec un
corps d’ une groffeur démefurée & chancellant
fur un âne qui lui fert de monture. Dans lé
tableau d’Herculanum qui repréfente la lutte
de l’ Amour 8c d’ un jeune Ægîpan , il eft d’ une
proportion pefante. Ôn nommoit Silenes les
Satyres avancés en âge.
T r ito n s. On voit à la Villa-Albani deux
têtes colloffales de ces dieux marins inférieurs.
E lles font caraélérifées par des efpèces. de nageoires
qui forment les fourcils & par
d’autres nageoires fcmblables qui paffent au
deflous du nez, furies joues & fu r ie menton,
& tiennent la place de la barbe. On les voit
ainfi. repréfentés fur plufieurs urnes funéraires.
L ’ expreiïion que leur ont prêtée les artiftes
femble indiquer le calme de la mer. Les épithètes
qui ont été quelquefois données .à ces
dieux par les poètes, n’ont pas feryi de modèles
aux fçulpteurs.
V enus , déeffe de la beauté .dont elle eft le
premier modèle. Ordinairement elle eft n u e ,
ainfi que les grâces & quelquefois les heures
ou faîfons.
Vénus a toujours les yeux petits & la paupière
inférieure tirée en haut, differente en cela
de Junon dont la coupe de l’oeil eft grande
& arrondie. Quels que l'oient les attributs de
V én u s , elle a toujours des regards tendres &
languiffans, & des yeux pleins de douceur :
mais les anciens ne lui ont jamais donné tes
regards lafcifs qui ne lui ont été prêtés que
par quelques modernes. E lle peut être confia
dérée comme la déeffe de la volupté, 8c non
comme celle de l ’impudence.
‘Vénus plus généralement nue , étoit quel^
quefois drapée. Te lle l’a repréfenté Praxitèle;
Wincîcelmann conjeélure que la Vénus drapée ,
belle ftatue qui a paffé d’ Italie en Angleterre,
en eft une copie. Ce que nous avons dit en
parlant du fatyre ouvrage du même ftatuaire,
& de fes nombreufes imitations,; peut donner
affezde fondement à cette conjeéture, -fi bailleurs
elle eft foute.nue par la beauté & le ftyle de
l ’ouvrage.
Sur quelques bas-reliefs antiques qui. re-
préfentent l’ enlèvement de Proferpi.ne, on voit
auffi Vénus drapée & la têteceinte d’un diad'ême.
Quand cette déeffe eft entièrement drapée,
elle a deux ceintures; l’ une, pomme les femmes
la poitoient , au deffous du fein ; & l’autre
au deffus des hanches ; Wincîcelmann prétend
que cette fécondé ceinture étoit le c e lle , ef-
pèce de talifman, qui corrfenoit tous les
mpyens de féduire & de plaire. M. Heytie ij’ ad-
mec pas cette conjeélure.
M Y T
wincîcelmann refufe de reconnoitre pour'
Vénus, une figure à qui l’on a donné ce nom,
& qui fe trouve dans un tableau antique du
palais Barberini. E lle a des mammelons appa-
rens, & c’ eft ce qui bleffe le lavant antiquaire,
parce que Venus eft ordinairemen caraétèrifée
par un fein virginal. Mais le peintre antique a
peut-etre voulu figurer venus nourricière,
A lm a V én u s, fymbole de la nature. Parce-
que nous connoiffons quelques idées dès anciens
artiftes, nous n’avons pas le droit de
prononcer que nous les connoiffons toutes, &
que jamais aucun d'eux ne s’eft cru permis
d abandonner les idées les plus générales.
Wincîcelmann avoit un penchant à généra-
lifer qui lui a procuré des conjeélures très
ingénieufes, & qui a dû quelquefois l’égarer.
Les Vénus que l’ on appelle de Médicis, par
leur conformité avec celle qui porte ce nom
par excellence., font, en très grand nombre :
on les trouve fur des .■ médailles antiques 8c
peut-être en refte t-il aujourd’hui plus de cent
ftatues de différentes- proportions. On n’eft
pas cependant obligé de croire que toutes
ayent eu originairement cette pofition. l ’adref-
fe ou plutôt la fraude des fçulpteurs Italiens
modernes eft affez connue. On fait que d’ un
morceau de ftatue antique, ils favent faire
une ftatue entière qu’ ils vendent chèrement
comme un chef-d’oeuvre de l’antiquité, quoique
ce ne fpit qu’uneproduétion moderne fou vent
très-médiocre. Quelques parties de ftatues de
femmes, trouvées dans des décombres, ont donc
pu fervir à faire un grand nombre de ces Vénus.
Mais on n’ en peut pas dire autant des médailles
; 8ç d’ailleurs il fandra toujours convenir
qu’ il nous refte de l’antiquité beaucoup de Vénus
dans l’attitude de celle de Médicis : d’où
il faut conclure que cette Vénus fu t , plus que
toutes les autres, révérée des anciens, foit que
cette vénération aifyété religieufe ,dfoit qu’elle
ait eu pour objet la beauté de l’art qui brilloit
dans le premier modèle , d-où il a péfulté ctant
de copies.
C’eft cette Vénus qiPGvide avoit fous les
y e u x , ou d.u moins dans la penfée , lorfqu’ il dit :
» quand elle fe montre fans v o ile , elle retire
» à demi en arrière fes charmes inférieurs 8s
» les cache de fa main gauche ».
Ipfa Venus pubem. quofies vflaniina point,
P ro tegitufj IcevA femireduéla manu.
Une médaille des Cnidiens , des pierres pré^
cieufes gravées'à Cnide femblent prouver, ou
dumoins rendre très probable, que le modèle
de cette Vénus fi eftimée des anciens , fi fou vent
répétée par leurs artiftes , fut la fameufe Vénus
de Ç n id e , ouvrage de Praxitèle. En e ffet, la
vénus que les Cnidiens affrétèrent de multi*
l plier fur leurs médailles & fur les pierres gra«
M Y T vé e s, dut être celle qu’ ils revéroient dans
leur temple, celle qui recevoit leurs pre*
miers hommages. ,
I l eft vrai que la .Vénus Cnidienne des médaillés
& des pierres gravées n’ eft pas exactement
celle de Médicis : elle lui reffemble par
la partie inférieure; mais la partie fupérieure
eft différente.
Mais il faut reconnoître que dette partie
fupérieure n’a pu être, dans la ftatue , telle
qu’on J a voit fur les- pierres gravées 8c fur les
médailles. Quoiqu’on ne puiffe pénétrer la
raifon de ce changement, il eft certain que
Praxitèle n’a pu compofer ainfi le haut de la
ftatue. Un bras étendu, tenant , une draperie
légère au - deffus d’ une caffolette , auroit
produit dans la fculpture de ronde-boffe une
maigreur 8c un défaut de folidité que le grand
artifte auroit été loin de fe; permettre. ^ Or
puifque les pierres g ravé es.8c. les médaillés
ne nous donnent pas une repréfentation fidèle
de la partie fupérieure de ce chef-d’oeuvre fi
célèbre dans l’ antiquité, nous pouvons croire
que cette représentation nous a ere a peu-pres
confervée dans la ftatue qu’on nomme de
Médicis & dans celles qui ont la même attitude.
La Vénus de Médicis eft-elle de la main de
P ra x itèle , ou feulement une copie; l’art a t-il
fait des progrès depuis Praxitèle jufqu’ au temps
où vivoit le copifte, & la copie eft-elle plus
belle que n’étoit l’ original ; l’ art au contraire
avoit-il dégénéré, & la Vénus de Médicis;, malgré
toutes fes beautés, ne nous dpnne t-él^e
qu’ une foible idée de la perfeétion que Praxitèle
avoit imprimé, à fa ftatue de, Cnide?
Toutes queftions qu’ il feroit téméraire de;,
vouloir réfoudre. La Vénus; de Médicis eft un
dès plus beaux' ouvrages qui nous relient des.
anciens : y eût-il un temps où ils produifirent
des ouvrages encore plus parfaits , c’ eft ce qué
nous ne pouvons favoir. Mais ce dont, il-faut
être averti, c’ eft que toutes les p'açtiiës-de cette
figure ne font pas antiques: le 'bras droit a
été reftauré depuis l’ épaule, & le bras gauche
depuis le coude ; les jambes ont été brifées,
8s font compofées aujourd’hui de parties antiques
8c modernes.
I l nous refte à parcourir d’après M. He yne ,
différentes maniérés dont les anciens ont repréfenté
Vénus.-Ceux qui defireront de plus
grands détails pourront lire fon mémoire dans
le Recueil de pièces intérejjhntes concernant
les antiquités, les arts &c. On peut auffi con-
fulter le (avant mémoire de M. Larcher, 8c
celui de M. l’ Abbé de la Chau.
. Vénus anadyomene ou fortant des eaux,
tableau d’Apelles. Elle effuyoit fes cheveux de
lès deux mains. Ce n’étoic qu’ une figure à mi-
eorps. 11 fe peut, comme le conjeélure M.
Heyne ? qu’ un bas-relief de Rome, qui fe
MYT ni trouve dans l’ admiranda, fo it , pour la figure
de Vénus feulement, une copie du tableau
d’Ap elle s , faite par un fculpteur fans talent*
La déeffe eft affife fur une coquille portée par
deux tritons; un amour lui préfente un miroir.
<
Sur une médaille de la colonie de Corinthe*
frappée en l’honneur d’Agrippine, la déeffe
s’ effuie les cheveux d’une feule main.
C’ eft une Vénus fortant du bain, & non une
Vénus anadyomene , que celle qui fe voit
tantôt à demi drappée, tantôt entièrement
couverte, effuyant fes cheveux d’une feule
riiain , 8c tenant quelque fois un miroir. i
Il faut diftinguer plufieurs fortes de Venus
victorieufes.
iiV. On entend quelquefois par Véniis Vic lrix ÿ
cette dééflè viétoriëüfe de Junon & de Pallas
qui-lui difputèrenfc le prix de la beaute. Venus
obtint la préférence : elle tient la pomme que
lui donna Paris.
â“ . D’autres fo is , on entend par Vénus
viclrix cette déeffe viétorieufe de Mars. E lle a
défarmé le dieu de la guerre, & s’ eft elle-
même revêtue de fes armes; on la voit alors
coëftee du cafque, tenant en main la lance y
& portant quelquefois le bouclier.
3 °. Vénus viclrix indique encore cette déeffe
procurant la viétoire aux Céfars, & devenue
viétorieufe par leurs mains. E lle eft debout
entre des enfeignes légionaires. E lle porte le
pïèd fur la proue d’ une galère , & tient une
viétoire et une branche de palmier ou d’oli-
^ vier. ' ; ';*•; ' 1 A
4° Enfin quand Vénus eft confidérée comme?
ayant mis fin a la guerre c iv ile , en donnant
la viétoire à Jules | Céfar, elle tient un caducée.
M. Heyne croit que le fiirnom de viclrix •
n’a été donné à Vénus que par les Romains:
1 ce qui n’ empêche pas que les Grecs n’aient eu
- des Vénus aririçes,.Les plus anciens monumens
la rêpféfentent avec le cafque & le bouclier,
Ç’ eft cette Vénys qui recevoit le culte des.
Spartiates.
Wincîcelmann parle d’une Vénus qu’ il appelle
viétorieufe & dont on voit une ftatue
antique à Café r t e , dans le palais des Rois de
Napies, E lle porte un diadème, & fon pied
■ gauche eft pofé fur un cafque. Si- ce monument
eft romain, ou fait par des Grecs pour
les Romains, ce pourro.it être une Vénus g é -
' nitrix.
Jules-Céfar qui avoit l ’orgueil de faire remonter
fon origine aux amours de Vénus &
d’ Anchife , regardoit cette déeffe comme fa,
mère , & lui dédia un temple Tous le nom
I de Vénus g éniirix. On voit la déeffe, fous
I cette dénomination j armée 4e la lance & d»
- boucher.
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