
la place y 8c les citoyens étoient obligés de le
faluer. cette infulte fut caufe de la liberté helvétique.
Le fymbole de la liberté étoit, chez les
anciens, le petit chapeau que les maîtres don -
noient à leurs efclaves en les affranchiflant. Il
fe pourrait que ce chapeau , mal repréfenté par
les Suiffes devenus lib re s , eût donné lieu à
l ’hiftoire du bonnet de Griller. Licence , un fatyre.
L o i ; Cérès , q u i , la première, donna des
lo ix aux hommes, après les avoir arrachés à la
vie fàuvage., en les attachante la culture. Prima
dédit legesy dit Ovide.
Louange. On trouve dans les figures qui
accompagnent ŸIconologie de Céfar Ripa., une
penl'ée fine qui appartient fans doute au deflina-
teur ; car Ripa n’ en dit rien dans fon difcours.
La femme qui repréfente la louange, foufïle dans
une trompette, & d u bout oppofé de cet inftru-
ment fort une petite vapeur , pour témoigner que
la louange , dont on fait tant de cas, n’eft que
du vent.
L une, Les Poètes la confondent quelquefois
avec Hécate *, & quelquefois ils en font une
Divinité féparée qu’ ils nomment Luna , S élené,
-Phoebé,• elle eft traînée dans un char attelé de
•deux chevaux blancs. On lui donne aufli un cheval
blanc & un cheval noir , pour marquer l’éclat
argentin de fa lumière & la noire obfcurité
d e fon ombre. Ses vêtemensfont d’ uneblancheur
éclatante. Les modernes lui mettent un croiflant
f iir la t ê t e ; mais l’ auteur des hymnes attribués
à Orphée , lui donnent des cornes d e taureau.
E lle étoit fenfée préfider aux enchantemens &
aux maléfices , parce qu’ ils s’opèrent ordinairement
pendant la nuit. C/eft elle que , dans Théo,
c r ite , Implore la magicienne Simethé.
Médecine . Efeulape. Le ferpent lui eft con-
fa cré , parce que les anciens penfoient que ce
Teptile renouvelloit fa fanté & fa jeunefle, en
changeant de peau , & parce que fa chair étoit
d’un grand ufage dans leur pharmacie. On fait
qu’ elle eft epcore employée dans la thériaque.
Efculape lui-même e ft introduit fous la figure"
d’ un ferpent dans le Plutus d’ Ariftophane, &
c’étoit fouvent fous cette forme que les*anciens
le révéraient. Les Grecs l’ ont quelquefois repréfenté
imberbe, & quelquefois barbu. Ils plag
i e n t à côté de lui la Déefle H ygié ou la fanté.
f Efculape d’ Êpidaure étoit afiis fur un trône,
tenant d’ une main un bâton , 8c appuyant l’autre
fur un dragon, un chien étoit couché auprès de
lu i. Plus iouvent on fe contentoît de lui donner
un bâton entouré d’un ferpent. On repréfente
suffi la médecine fous la figure d’une femme qui
tient le bâton d’Efculape. Le coq étoit confacré
à ce Dieu , pour marquer la vigilance néceffei-
Te au médecin.
M édisanc e, E lle pourroît être figurée par
une femme d’une figure aftreufe : un ferpent lui
fortiroit de la bouche.
Méditation , une femme affife fur une bafe
de colonne, ayant en main un livre fermé,
d’autres livresfous fes pieds, & plongéedans une
profonde rêverie •, fa. draperie eft la rg e & ma-
jeftueufe ; elle a la tête appuyée fur fa main ,
& fon vifage eft en partie caché de fon vo ile ,
parce qu’une perfonne qui médite, tâche de n’ être
point diftraite par la vue des objets extérieurs.
, Modéstie ; elle eft vêtue de blanc & fans aucune
parure. Ses yeux font baiffés, fes jambes
font peu écartées l ’une de l’autre.* la draperie, qui
lui couvre le fe in , eft arrêtée par une large ceinture.
Ripa lui donne un feeptre furmonté d’ un
oeil , & dit que ce fymbole lui a été attribué
parles prêtres égyptiens. Cet oeil indique celui
de la raifon , fur laquelle eft fondé l’ empire que
la modeftie exerce fur les pallions.
Mort. La manière dont les modernes la re-
préfentent y eft trop connue , pour qu’ on puifle la
changer fans devenir obfcur. On fait que,
dans les Feftins y les anciens foi (oient fervir
fur table un fquelette d’argent. Cette repréfen-
tation rappelloit la penfee de la mort *, mais elle
ne figurait pas la divinité de la mort. Voye\ l’article
Mythologie. Horace donne à la mort une
tête noire & des ailes noires *, mors altra caput,
fu fe is circumvolat a lis. Elle étoit figurée chez
les anciens par Mercure, chargé d’ enlever les
âmes pour les conduire aux enfers, 8c par Iris
qui rempliffoit la même fonélion pour les femmes.
Ces divinités voloient fur la tête des mou-
rans, 8c leur coupoient le cheveux fatal :
DevoJat & fupra caput adftitit : hune ego Diti
Sacrum ju(Ta fe ro , teque ïfto corpore folvo.
Sic ait, & dextrâ crinem fecac.
Les morts douces 8c fubîtes étoient attribuées
aux flèches d’Apollon, & quelquefois
pour les femmes , à celles de Diane. Homère,
pour exprinîër que quelqu’ un a fini fes jours
fans douleur , & de mort fubite , dit qu’il a été
frappé des douces flèches d’ Apollon. La mort
prématurée a été diftinguée par une rofe qui pan-
che 8c fe flétrit. Malherbe a enrichi la poëfie
de cette idée des anciens -;
Et rofe, elle a vécu ce que vivent les rofes,
L ’efpace d’un matin.
Muses , filîes de Jupiter, pour indiquer le
feu célefte dont les nourriffons des mufes font
animés, & deMnémofine , c’ eft-à-dire de la mémoire
, parce q u e , fans mémoire , on ne peut
être propre à cultiver les mufes. On fait qu’on en
compte neuf.
Ca l l io p e , la mufe du poème épique y tient
des guirlandes de laurier pour les diftribuer .aux
poètes qui font dignes de les recevoir. Elle a
CT main ou auprès d’ elle les poèmes d’Homere. Clio , la mufe de l’hiftoire couronnée de
laurier & tenant une trompette. Près d’ elle eft
l’hiftoire d’Hérodote ou celle de Thucydide ,
les plus célèbres hiftoriens de l’ antiquité , dont
les ouvrages foient parvenus jufqu a nous. Erato , la mufe des poëfies érotiques. Sa cou-
renne eft de myrthe ou de rofes y parce que fes
•ciants font confacrés à l’amour. Euterpe préfide aux inftrumens-de mufique,
& ils lui fervent de fymbole. E lle eft couronnée
de fleurs. Melpomènè, la mufe de la tragédie y porte un
feePpotrley m&n iuen , pmoiugfnea rldy.rique , eft defignee par
la lÿre, i TTerpsicohe , mufe de la danfe. h a lie , mufe de la comédie , tient un maf-
que. E lle eft couronnée de liè re , parce q u e ,
.chez les Grées,c’ étoit pendant les fêtes de Racchus ;
qu’on repréfentoit les comédies. Uranie , mufe de l’Aftronomie , eft couron- .
;rrée d’étoiles, & tient une fphère , ou un globe
■ cMéleuftes.ique.' Elle peut être defignee egalement
par’ Mercure ou par Apollon, parce que 1 un '
a inventé la lyre , & l’ autre le fiftre. Les Grecs,
pour cette raifon, ont quelquefois eleve un
autel en commun à ces deux divinites^Elle peut
être aufti figurée par Minerve qui a inventé la
flûte.. Nature eft défignée par Venus , -parce que
tout doit la vie a l’ amour. « C’eft toi , dit Pau-
» teur de l’hymne à Vénus qui porte le nom
» d’Orphée , c’eft toi qui donnes à tout la vie
y> dans le c ie l , fur la terre , dans ie§ mers &
■» dans l’abyme ». Lucrèce, en lui confacrant
fon poème de la nature des chofes, l’ a prife pour
m a i r e elle-même.
■Quæ quoniam rerurn naturam fola gubernas,
Tîec fine te quicquam dias in luminis oras •
Exoritut.
A l’ exemple des Egyptiens , on repréfente la
puiifance féconde & nutritive de la nature par
une femme qui a des cornes de taureau , 8c un
grand nombre de mammelles. Quand on veut
témoigner que le s myfteres de la nature font
impénétrables, on la figure par une femme
voilée. N écessité , c’ eft la force des évènemens que
l ’ homme ne peut changer. On l ’arme de clous ,
pour fignifier que ce qu’elle a une fois y en quelque
forte , attaché de fes clous , ne peut etre
-changé par aucun pouvoir humain. Il faut la
arepréfenter fous la figure d’ une femme pleine
«de vigueur , & fon expreflion doit être févère
<& menaçante, Horace lui donne des clous de
diamans, fi cependant les anciens n’ ont pas
donné quelquefois le nom du diamant à l’ acier
pour exprimer fa dureté : *
’Si figit adamantinos
ÜJumrms vercicibus dira Neceffîtas
.Ciavos, non animum rrietu ,
Non mortis laqueis expedies caput.
Négociation, Mercure, ayant en main le
caducée entouré de deux ferpensqui fe confondent
dans leurs p li s , fymbole dç la concorde
qui eft l ’objet des négociations.
N u i t , fille du Cahos & de l’ Erebe. Les
anciens ont fiippofé qu’ elle etoir mere de tout,
parce que la nuit régnoit avant l’ exiftence des
êtres. Ils lui donnoient un char attelé de deux
chevaux noirs , qui fuivoient, ou qu’ entouraient
les aftres. Son voile & fes vetemens
étoient noirs. Quelquefois , au lieu de ch a r , on
lui fuppofoit des ailes. Le coq lu i étoit con-
facré; . Orgueil , le paon déployant fa queue. On
pourrait défigner le fo t orgueil par le dindon
: faifant le. même mouvement. On figure aullî
l’ orgueil par Junon , Déeffe orgueill-eufe, à qui
le paon eft confacré.' Taix , Minerve tenant une branche d’ olivier.
On la défigne aufli par une femme qui tient
d’une main l’ olivier , 8c de l’autre la corne
d’ abondance. Paûvreté , femme maigre , vêtue d’habits
déchirés ,. aflife fur une gerbe de paille. L e
Pouflin T a repréfentée vêtue d’ habits délabrés,
& la tête ceinte de rameaux dont les feuilles
font fèches & flétries. Piété filiale , une femme qui allaite fa
mèPnel.aisir , le Pouflin l’a peint fous la figure
d’une femme parée de fleurs & couronnée de
' roPfelsu.ie ; les cinq Hyades, nymphes filles d’ Atlas,
& nourrices de Bacchus , qui furent changées en
étoiles. On les repréfente tenant des amphores
d’où elles verfent de Peau. Prières; elles font, dit Homère , filles du
grand Jupiter; elles font boiteufes, ridées &
ont le regard incertain. Cette image du poète
ne ferait pas heureufe dans un tableau. Il faudrait
, en peinture , donner aux prières une phy-
fionomîe timide 8c touchante : elles^oferoient
à peine lever les yeux. On verrait à la pofi-
tion de leurs pieds qu’ elles s’avancent avec
crainte , & à petits pas. Ce n’ eft pas abandonner
l’ idée d’Homère ; c’ eft traduire le langage de
la poëfie en celui de la peinture. Prudence. Raphaël l’a reprefentée par une
femme qui -a le vifage convenable à fonfexe ,
& derrière la tête un vifage de vieillard. Elle
fe cache en partie de fon voile tient en mafia