
un point d’ unité qui en impofe au fpeélateur.
Que le tout enfemble d’ une ordonnance,
pittorefque joue avec fon fond. I l n importe
par quel effet. Le parti fera beau toutes les fois
qu’ il fera nettement décidé, 8c q u e , flans la
maffe, il ne fé trouvera point d’objets qui
percent avec le champ ’fur lequel ils lont en
©Ppofition.
I l faut introduire dans le tableau une couleur
ainfi qu’ une lumière plus brillante- que toutes
les autres, & une nuancé ainfi qu’une ombre
plus vigoufeufe qiie; tous les' antres tons des
jmaffes d’obfcur. Ces effets ménagés pour faire
la plus forte illufionh doivent être réfetvés
pour l’ endroit où fe paffe le plus grand interet de
la fcène. Ailleurs les acçidens de lumières 8é
de couleur feront très- modérés 8c ne feront
fenfibles, que. pour relever l’éclat 8c la valeur
de l’ aélion principale & de Veffet dominant.
( Article extrait du traité de peinture de M .
£ ) ANDRÉ B A R D O N .)
St vous voulez avoir du. plaifir, (on pourroit
ajouter & du fuccès) en p e ig n a n t i l faut
avoir tellement penfé à -l’ économie .de votre
ouvrage qu’il foit entièrement fait avant qu il
foit commencé fur la toile : il faut, dis-je, avoir
prévu i9effet des grbuppes , le fond, & le clair-
obfcur de chaque ch ofe , l’ harmonie des couleu
a frefque 8c d’une même couleur , à l’imitation
rs , l ’ intelligence de tout le fu je t , enfôrfe <
que ce que vous mettrez fur la toile ne fo.it i
qu’une copie de ce que vous avez dans la peniee. i
( Note de de P i l e s fur le vers 442 du poème ;
de la Peinture de Dufresnoy. )
E F FUM E R , ( v . aft. ) Ce terme fignifie en ,
peinture rendre .certains o.bjets moins ferijîble's ,
les moins prononcer pour qu’ ils appellent moins
la vue. On d it, il faut effumer cette partie 9
ce contour, & c . ( Article de Tançiennè Encyclopédie.
) ' I l fe peut que ce terme s’ emploie .
dans quelques atteliers , nous le rapportons 1
comme douteux, & nous croyons du moins qu il
eft peu en ufage. (L.)
É G
ÉG R A T IG N É E , . Man ié r é , ég ra t ign é e .
Efpèce de peinture'monochrome, ou, fi l’onjyeut, j
de deflin, que les Italiens 'nomment en un
feul mot fgraffitto. ^
C’ eft un genre de peinture qui confifte dans,
la préparation d’ un fond noir de ftuc fur lequel
on applique un enduit b lanc , & en otant cet.
enduit av,éc une pointe de fe r , ,on découvre pari
hachures le noir qui fait les ombres , ce ?qui
forme une forte de clair-obfcur imitant 1 efi-,
tampe. ; -
Les- gens de l’art favent que Polydore de Ca-
ravage, qui a exécuté la plupart de fes ouvrages
des bas - reliefs , s’ eft fouvent fervi , dans
cette forte de peinture, de la manière égratignée.
Elle, a beaucoup de force , & réfifte mieux aux
injures du tems que toute autre ; mais elle a un
effet li dur y & fi défagréable à la y u e , que
tout le monde a pris le parti de ' l’abapdonner..
André Cofimo , qui a le premier employé les
ornemens dans, .les ouvrages de peinture moderne
, eft aufli, je crois , le premier ,qui a travaillé
le clair-oblcur dans la manière égratignée.
( .Article de M. le Chevalier d e J aucourt ,
dans Vancienne Encyclopédie. ) .
ÉÇRATIGNÈÇ y gravure égratignée, f e dit
d’ une gravure faite d’une manière fi timide que
le cuivre eft plutôt' égratigné que coiîpé.:(L.) ,
É L
• É LÉGANCE.' ( fubft. fém.) I l eft des termes
vagues, comme je 1 ai déjà.fait obferver, qui fans
être définis avec précifion , font à peu près fends
par lé plus grand nombre des hommes fpiritueis
& inftruits. Le mot Élégance éft de bette clâffe.
Ce mot. paroît appartenir d’ origine aux beaux
arts-, il éft employé dans tous & 's’applique, par
conféquent, à des objets fort différefis les uns des
autres. -
Dans l’ arcbiteOiufs, ' on‘dit ùn bâtiment
g a n t , une colonne élégante 9 'dè$ profils- élégàns :
dans. la poëfie'&:T’élôquehcè^ôn loue un ftyle
élégant, des. vers remplis ^élégance- Dans le
monde, on dit aufïï un jeuné homme élégant,
& quelquefois un élégant, pour défigner celui
dont le foin ou là prétention eft .de montrer ^élégance
dans fa figure , fon maintien , fa parure ,
enfin dans tout ce qui lin appartient, dans tout
ce qui le t.oûche.bû qui l’ entoure. Mais dans'ce
dernier fens la dénomination'prend, dans l’ëfprit
de ceux qui.s’ en/fervent ,'..ü>iê^eln'fë Tégereiftene
ironique, que comporte ce mot, parce qu’ il eft
vague , à peu près comme le mot agréable, auquel
il fert qùélqüëfofs (fe.'fÿnônyme -, car . dans
la converfation on dît, a' Toccafion d’ un jeune
homme frivole 8c rëchérche;,'qii’ il eft un élégant
ou un agréable. Èe mot 'élégant .a , dans
l’art de la peinture, ,aihfi?quë dans l’ art décrire
un Cens plus précis. Véiégàncey pëflt être définie,
à ce que je penfe, ■ comme une portion de la grâce,
jointe à une portion-de là beauté ; 8c dans les
arts, il ne fe prend jamais én mauvaife part. Le
peintre, pour atteindre a la beauté, doit pofîedèr
la connoiffance parfaite des proportions 8c les
juftes rapports des pàrtiesventr’ ellës'. Ce même
artifte, pour faifir. la grâce, doit favoir mettre
un parfait accord, entre les affections morales
Amples, les mouveme.ns phyfiqües qu’ elles oçca-
fionnent & les traits qu’ ils expriment. C’ eft de
ces connoiffances réunies que réfultera la yéfitabla
élégance, en ayant foin cependant d’éviter
ce1 qui s’approche- trop des attestions, ferieufes',
triftes ainfi que des proportions fortes, mâles &
prononcées.. ^ 1 1 v' ‘
Mais fi l© peintre veut parvenir à l’élégance,
fans être foutenu par ces deux guides aimables,
la beauté' 8c la 1 grâce, alors indécis & loti Vent
égaré, il penfera trouver l’élégance dans quel- 1
ques licences ingénieufes,& il pourra tomber par
cette méprife, dans ce qu’on appelle 'maigreur ',
dans Xa jéchereffe & dans l ’efféminé,
La jeunëffe offre les modèles de l ’ élégance
dans, les formes’; mais les Jgens dn kôttde -Ce
trompent fouvent dans l’ applicatiôrtv' q'iftoh fait
de cette qualité. C’ eft ce qu’il eft fabile d’appêr-
cevoir, lorfque dans des fêtes ou des affemblées ;
on entend fe récrier fur l’élégance.die quelques
jeunes-perfonnes, dont la taille eft grande, à la
vérité, mais difproportionnée, foit pafune conformation
vicieufe; foit parce que la nature'n’ eft
pas. encore développée également & complètement
danstoutes fes parties. ■
- G é f t fans doute d’après ces erfeu-ts & les
prétentions qui fe font établies', qiie le mot
élégance,'dans l’ufage qu’on en fait hors des
arts, a reçu l’ indécifion qui T’ accompagné &
cette difpofition à fe prêter à l’ ironie.
Parmi ceux qui fe vouent à la peinture & qui
n’ ont point encore afl'ez obfervé, le mot élégant
peut conferver*unfens un peu vague, & lés jeunes
artiftes parmi nous courent la plupart après l’éle^.
gatice, avant de connoître en quoi elle confîfte
véritablement.
/ Vous donc qui participez aux érreurs du Public
dont j ’ai parlé, oc qui avez peut-être la prétention
d’être vous-mêmes au nombre des élégans,
foyez certains que vous êtes plus éloignés de
eonnoître la véritable élégance, que ceux qui
n’en ont encore aucune idée-; car il eft .plus
difficile de reétifier une idée faüfle;, à laquèlle
on s’ eft livré^ que d’ en prendre une qu’on n’avoit
pas.
Il eft à craindre que vous ne fafliez confifter
l’élégance plutôt dans le maintien & peut-être
même dans les draperies de vos figures que dans
les proportions & danslenud. Vous quibâtifTez
& vous qui maîtrifez Vos architeéles , vbus ferez
confifter l’élégance dans des ornemens fouvent
inutiles 8c de mauvais goût & dans une incor-
reétion affeâée des profils, plus que dans la
pureté du trait, & vous qui écrivez, vous croirez
voir l’élégance dans certains choix de mots à la
mode., de tours maniérés , d’épithètes am'bi-
<ieufes, plus que -dans le goût fin , juftement
mefuré. du f t y le , dans la propriété des termes
& dans le j ufte accord de toutés cès chofes avec
le cara&ère de l’oüvrage & de la pehfée, |
Pour revenir à vousy jeunes àrriftes^ foyëz
perfuadés ( & peut-être l’aurez-vous vérifié
fans qu’ on vous y engagé') qu’une taille prolongeé
8c mince fans uiie jufte proportion avec les
différentes parties qui l ’accompagnent & fans
embonpoint ; qu’une- figure allongée , qu?unë
colonne effilée, yiw'proûbépargné, ne conftituent
poiiit Pëlégdnée y'Oii'-'né' pfènnent ce nom que
parmi ceux 'qui ëxërcenfTesnrts fans véritable
cofinoiflance dès principes, ou dans lés difeours
vagues dès gens de goût qui les ont formes.
( Article de M . J ^ a t e l e t . )
' L ’É legance n’eft pas la beauté : elle offre une?
idée inférieure au beau , plus vqifine de
l ’agrémenté Loin -d’ emporter avec elle - l’idéè'
d’ uflëgrande 'pureté,;elle feùt fe trouver avec
une forte de négligence qu’accompagne qüel-
qù’ impèiîféélion. On ne.dit pàsqiie l’Apollon du<(
Vatican > quë la Vénus de Médicis font des
figurés élégantes ; on trouveroit plutôt une certaine
élégance dans la Vénus Callipyge. I l
fënible que la qualité:d?élégantes cüUviendroit
mieux aux figurés du Cofrége qu’ à oellés de
Raphaël. L’élégance n’ effpàs précîfement le contraire
de'la rôideur, mais ëlïe y ëft bppofe'è &
fuppofë de lafoüpleffe& de' là flexibilité. Mengs
né’s’ ëft donc pas trompé quand il a dit qu’ elle
cohfifte dans ïà grande variété des lignes courbes
8c des angles,;; car la flexibilité d?un contour
ondoyant ëbnfifte dans cette variété-, 8c cette
variété femblé conftituer l’élégance du Corrége,
bu du moins contribuer pour beaucoup à produire
cette élégance. ( Article de M . L e f e sq u e ).
É LÈV E . ( fubft. mâfc. ) E lè v e & Difciple
font fynonymes ; mais le dernier dé ces termes
eft ordinairement d’ ufage pour les fciences 8c
lé premier pour les arts. On dit, Platon fut d ifciple
de Socrate & Apelle fut élève de Pamphile;
I l feroit fans doute à fouhaiter que lés Philo-
fophes né fuflent difciples que de la fagefie, &
qu e l esp e i n très nefuffen t é le v is que de la natuie;
il y-âuroir, il eft vrai, moins d’artiftes 8c moins
de philofdphes'. Mais les ïcienëës & lé s arts y ’
; gagneroiëntï Aujourd’ hui nous abondons en
1 ârtîftés ; eft-ce un avantage pour les arts.? Le
nombre de ceux qu’on y deftine s’ accroît de nos
jours dans une proportion trop grande, comparé
: au nombre des hommes qui doivent remplir
d’autrës.profëflions utiles, & à l’ emploi raifon-
nable qu’on doit faire des talens , dans un
royaume même très-floriffant.
Le lu x e , la mode, l’ éfpoir-fouvent chimérique
de la fortune entraînent un nombre infini de
pères de famille à marquer à leurs entans une
deftinée qui n’étoit pas celle que leur avoir
marquée la, nature On peut dire de.cette foule
qui fe précipite à'nos écoles de deflin : combien
d’appelés 8é combien peu d’ëlüs ! Que deviendra
cependant la plus grande partie dé ce peuple,
confacré aux aèts faits-difpofitioûs 8c fouvenc
même au mépris deTeurs difpofitibiïs.naturel les ?
; une vie nialheureufe les menace & c’ eft ainfi que
u v. * : 1