
& de l’harmonie dans l’ exécution des différentes
parties de cette grande entreprife.
Quelques détails fur les objets qui pouvoient
être communs à plufieurs fciences, feront voir combien
i l étoit néceffaire que les rédacteurs s’enten-
diffent, & fur les chofes, & fur les noms, & fur
les mots, afin d’éviter les doubles emplois Sc les
répétitions.
L a Minéralogie, par exemple „ qui traite des
productions du règne minéral, eft bien diftinCte de
la fcience qui traite du règne végétal & du règne
animai ; cependant la plupart des objets de la
Minéralogie font communs avec la Métallurgie,
la Chimie , la Matière médicale ; un dictionnaire
de Minéralogie, qui ne feroit pas partie de l ’Encyclopédie
méthodique , devroit embrafïer tous ces
objets ; mais comme on traitera particulièrement
de la Chimie , de la Métallurgie , & c ., dans les
dictionnaires particuliers , qui font eux - mêmes
partie de l’Encyclopédie par ordre de matières,
on n’auroit pu en parler dans le dictionnaire Minéralogique
, fans fe répéter. I l étoit donc bien
néceffaire de connoître exactement les limites dans
lefquelles la Minéralogie doit être renfermée. L a
Chimie ne traite des minéraux , que pour connoître
la nature de leurs parties intégrantes ; on emploie,
pour y parvenir, les diffolvans lès plus aCtifs, le
fe u , les acides. L e Minéralogifte ne confidère les
métaux que dans leur état naturel ; i l les juge ,
le s compare fur leurs rapports extérieurs ; il cherche
leur origine dans le fein de la terre ; i l obferve
leur accroiffement leur dépériffement. Un dictionnaire
de Minéralogie ,_faifant partie de 1 Encyclopédie
méthodique , ne doit donc comprendre
que les noms & les dénominations qui défignent
les minéraux dans leur état naturel.
L e métalliirgifte diffère du minéralogifte , en
ce qu’il n’ a en vue que les métaux & les demi-
métaux. Son travail s’étend fur toutes les mines
métalliques; il obferve leurs indices fur la furface
<Je la terre ; il fuit leurs veines, leurs filons dans
toutes, leurs directions. Un laboratoire de Chimie
fuffit pour la Docimafie, qui eft l ’art d’effayer les
mines en petit ; le Métallurgifte travaille fur les
grandes maffes, &c. Son laboratoire, ce font les
volcans, les montagnes, les antres profonds , les
entrailles de la terre , le fond des vaûes mers,
en un mot, la furface du globe. -
Il en eft de même de la matière médicale, qui
comprend la defcription des drogues employées par
les l médecins. L e minéralogifte doit donner les
noms des drogues (Impies tirées du règne minéral,
mais il ne faut pas qu’elles y foient décrites relativement
au choix que les apothicaires en font
pour la Pharmacie.
’ Un des défauts de l’ancienne Encyclopédie eft
dans PimperfeCtion de la nomenclature ; on o’y
trouve prefque jamais ce qu’on y cherche l il y a
des fciepçes où e lle eft imparfait«* de plus des trois.
quarts ; comme la Marine, &c. Il a donc fallu
que chaque coopérateur comprît dans fon plan de
travail la nomenclature la plus exaCte de tous les
mots qu’il doit traiter. On y eft parvenu, en cherchant
dans les ouvrages originaux , qui ont été
publiés fur la fcience que traite chaque rédadteur,
tous les mots qui ont pu échapper aux premiers
auteurs . de l ’Encyclopédie.
Une autre attention, non moins importante que
la précédente, concerne les mots communs à plusieurs
fciences & arts , & qui font tout à la fois
du domaine , foit du géomètre, foit du phyficien,
foit du naturalifte & du chimifte. L article A i r ,
par exemple, fera également traité par le chimifte,
le phyficien, le médecin; tous doivent en
parler, mais tous-doivent le faire différemment,
& fans fe répéter. L e chimifte pariera de la d é - .
compofîcion de l ’air & de fes différentes efpèces.
L e phyficien l ’envifagera comme élément, & parlera
.des différentes expériences auxquelles on le
foumet ; il doit le confidérer comme un des grands
moyens que la nature emploie, foit comme re£—
fort de la végétation , foit comme une des prin-,
cipales caufès des météores & des vents ; le médecin
confidère plus particulièrement 1 air , par
rapport à fa falubrité, à fon aCtion fur le corps
humain , à fa quantité dans les alimens.
Non feulement on s’eft attaché particulièrement
à compléter la nomenclature de chaque partie;
mais afin de ne laiffer échapper aucun des mots
communs ou équivoques, on a d abord dreffe une
table exaCte de ces derniers mots, extraite de l’Encyclopédie
, de fon fupplëment, des Queftions fur
l ’Encyclopédie , où il-y en a un grand nombre, &
de la table de ces noms, inférée dansUe trentième
volume du grand Vocabulaire, dont la lifte des
mots eft beaucoup plus confidérable que celle
d’aucun dictionnaire; & on a communiqué aux auteurs
de l’Encyclopédie méthodique cette table
des mots communs & équivoques , afin que chacun
d’eux connût d’abord ceux qui etoient de fon
ohjet & de fon plan. Avec toutes ces attentions,
nous ne croyons pas qu’aucun mot de la langue
puiffe échapper dans cette Encyclopédie.
Dans celle nouvelle édition on évitera le feul
reproche, peut-être fondé, qu’on a pu faire, ju£-
qu’à préfent aux dictionnaires. On les regarde
comme des ouvrages fuperficiels , qui font plus
faits pour être confuftés, que pour être étudiés.
Ce reproche eft fondé en général, mais non pas
pour tous les dictionnaires. Nous en pourrions citer
plufieurs , qui font des traités complets de la fcience
qu’ils embraffent, & c’eft ce qu’on fe propofe
dans cette nouvelle édition de l ’Encyclopédie. Chaque
dictionnaire fera complet dans fon genre, 8c
comprendra tout ce qu’il y a de v ra i, d utile, de
réel dans la fcience ou l ’art qu’il a pour objet.
Dans l ’ancienne Encyclopédie on n’a pas donné
affez d’étendue aux articles de toutes les connoif-
fances utiles, & on en a donné beaucoup trop
( yu y
aux .planches. Ceux qui ont .lu ce grand ouvrage,
favent qu’il arrive fouverit que l ’on ne trouve pas
ce que l ’on y cherche. Non feulement la nomenclature
y eft imparfaite , mais il y a des milliers
d’articles de peu d’utilité, qui font d’une longueur
démefurée, & une infinité d’autres très-utiles, fur
lefquels on trouve à peine quelques lignes. Il eût été
très-utile de travailler à de nouveaux dictionnaires,
fi chacun d’eux ne devoit pas l’emporter fur ceux
que nous poffédons. Leur étendue doit donc être
•déterminée.fur leur utilité, fur l’état aCtuel de la
fcience, & fur les progrès qu’elle a faits.
Quant à la manière de , traiter chaque article ,
on ne pouvoit rien preferire en particulier fur cet
objet : mais la table générale de tous les objets
que chaque dictionnaire doit embraffer , étant
dreffée , i l étoit facile de diftinguer dans cette
table les mots principaux de l’art & de la fciencej,
les rapports & l ’analogie qu’ils ont entre eux ;
c’eft par ce travail préliminaire , auquel chacun
des rédacteurs s’eft affujetti, qu’ils ont pu con-
-noître , fans fe tromper, les mots qui n’exigent
qu’une (Impie définition, & ceux qui étant, pour
ainfi dire, la c le f de l ’art ou de la fcience , doivent
être traités avec l ’étendue convenable, puifqu’une
foule de mots leur font fubordonnés.
Aux articles, par exemple, de la Minéralogie,
les mots , fu c lapidifique , concrétion , minéra-
lifation , &c . , font les principaux de cette fcience ;
i l faut donc les traiter avec une certaine étendue ,
& donner un précis des opinions des meilleurs
auteurs fur chacune des opérations de la nature.
I l en eft de même, en Chimie , des mots métaux,
métallifation , acides. , &c.
Chaque traité contiendra des définitions claires ,
nettes, & précifes de tous les termes de la fcience
ou de l’art ; une exposition très-fuecinCte des di-ffé-
rens fyftêmes; & i l ’article qui indiquera la fcience
qu’on traite , on donnera une idée générale des
principaux objets de cette fcience, on y fera mention
des meilleurs auteurs, & on fera Thiftoire
abrégée de la icience, afin de faire connoître les
progrès fuccefllfs qu’elle a faits. L e grand art ,
dans une pareille entreprife , eft d’être concis,
ferré, de-dire beaucoup en peu de mots, d’éviter
les répétitions, les fuperfluités. L e ftyle , etr général',
doit être (Impie, clair, & toujours relatif
au fujet. Chaque chofe doit avoir fon coloris , &
l ’on conçoit que la Littérature exige un autre ton
que la Marine ou l’Art Militaire. -
Chacun de ces dictionnaires fera précédé de d i t '
cours préliminaires , lefquels feront fuivis de ta- •
bleaux d’analyfes , qui indiqueront l ’ordre encyclopédique
de tous les mots de chaque dictionnaire.
M. d’Alembert a fait voir , dans le difeours
qui eft à la tête de la première édition de l ’Encyclopédie
, en quoi confiftoit l ’ordre encyclopé-
dique , & de quelle manière il pouvoit s’allier
avec 1 ordre alphabétique ; mais s’il a prouvé que
cette liaifon fût poffibiê pour un dictionnaire qui
renferme, pêle-mêle, toutes les eonnoiflanees humaines
, combien n'eft-il pas plus facile de la réalitér
dans des dictionnaires qui chacun n’embraffent
qu’un l'eul objet, & qui , étant précédés de tableaux
analytiques, dans lefquels l ’ordre des mots
& des chofes eft indiqué, rendent l ’ufage de ces
dictionnaires auffi commode que s’ils éioient des
traités fuivis & particuliers de chaque fcience ou
art? L a divifion que nous avons adoptée ne nuit
donc pas à l ’ordre encyclopédique. Dans la première
édition de l ’Encyclopédie , on a employé
trois moyens, pour concilier l ’ordre alphabétique
avec l ’ordre encyclopédique; le fyftême figuré qui
eft à la tête de l ’ouvrage ; la fcience à laquelle
chaque article fe rapporte , & la manière dont
l ’article a été traité, en mettant d’ordinaire à chaque
mot le nom de la fcience ou de l ’art dont
i l dépend. Dans l ’édition aCtuelle , on n’a employé
qu’un feul moyen, mais beaucoup plus (impie
, plus naturel ; c’eft de mettre à la tête de
chaque dictionnaire l ’ordre dans lequel les mots
doivent êlie lus , comme fi chaque dictionnaire
n’éloit qu’un traité didactique. Par ce moyen, le
leCt eur vo it, pour ainfi dire, d’un feul coup-*»
d’oeil le tableau de chaque fcience, & la liaifon
de tous les mots qui y ont rapport, ou plutôt de
toutes les idées qui en font les élémens.
L ’art des renvois fuppofe un efprit jufte & méthodique
; mais il faut bien prendre garde de ne
pas trop les ;multiplier. Ils deviennent prefque
inutiles pour plufieurs dictionnaires dans celte nouv
e lle édition, puifqu’on mettra à la tête de chaque
ouvrage le tab leau, ou Y ordre dans lequel on
doit lire les principaux articles de chaque dictionnaire
, comme f i c’étoïent des \traités fu iv is .
Ainfi, le leCteur , en parcourant ce tableau, verra
d’un feul coup-d’oeil & fans être obligé de recourir
à des renvois toujours incommodes, qu’en Phyfî-
que, par exemple , après le mot mouvement, on
doit lire les mots vueffe ( i ) , puijfance , fo r c e .
fo rce d’inertie , force ^motrice , fo rc e morte, fo rce
vive , fo rce projectile , lois de la nature, lois
du mouvement, choc des corps , communication
du mouvement, &c. De forte que le renvoi ne
devient néceffaire , que quand le mot n’eft pas-
défigné dans le tableau. Dans tous les c as, fi on
l ’indique , on fera exaCt à l ’y placer. L ’ancienne
Encyclopédie fourmille d’omiflîons à cet. égard.
Une autre attention qu’auront les rédacteurs
c’ eft de ne renvoyer qu’à l ’ouvrage même, & oon
à d’autres ; une Encyclopédie devant effentielle-
ment, & par fa natute, contenir le fyftême entier
" (î) Si on recher choit-ces mots dans l’ancienne Encvclor-
pédie, on feroit obligé d’ouvrir tous les volumes in-folio : ces
matières étant réunies , le lefteut n’eft obligé de recourir
qu’au volume qui les renferme, & cet exemple fait fentir
d’une manière bien convaincante l’utilité & la commodité
d’une Encyclopédie par ordre de matière.«,