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d’habitation , elles les portent derrière le dos,ou devant Îeur feîn.
: Les Koriaques ont beaucoup de foin des malades : ce font les
Chamans qui traitent toutes les maladies, comme on l’a déjà dit •
ils ne connoiffent point l’ufage des drogues, ni des fimples.
Ils brûlent leurs morts avec les cérémonies fuivantes. D'abord on
les. revêt de leurs plus beaux habits : on les fait traîner par les Rennes,
qui étoient les plus chéries du mort, jufqua l’endroit où l’on
doit les brûler. On place fur un grand bûcher le cadavre avec tous
les uftenfiles qui lui appartenoient ; fes armes, fa lance, fon arc,
fes fléchés , fes couteaux , fes haches, fes chauderons , ôte. On y
met le feu, & tandis que le tout eft en proie aux flammes, on égorge
des Rennes qui l’ont apporté. Ils en mangent la. chair , & jettent ce
qui relie dans le feu. On reconnoît la Renne qui a été la plus aimée
du défunt, lorfque le traîneau qu’on lui fait tirer paffe fans faire
entendre- aucun bruit, fur un pieu mis exprès par terre.’ Us attellent
quelquefois jufqu’à dix paires de Rennes, pour faire ce choix,
Us obfervent encore cette différence , qu’ils mettent à ces Rennes
le poitrail fur l’épaule gauche, & non pas fur la droite, comme ils h
font ordinairement.
L ’anniverfaire du défunt ne fe fait qu’une fois, & un an après h
mort. Ses parents prennent deux Kargins , c’eft-à-dire , deux jeunes
Rennes qui n’ont point encore fervi , & une grande quantité
de cornes de ces animaux, qu’ils ont amaffées exprès pendant l’année,
Lorfqu’ils font arrivés à l’endroit où l’on a brûlé le corps , ou fut
quelque hauteur, fi l’endroit où étoit le bûcher fe trouve trop éloigné
, ils égorgent les Rennes & les mangent, & ils enfoncent les
cornes dans la terre. Le Ghaman ou Prêtre les envoie au mort,
comme fi c’étoit un troupeau de Rennes. De retour chez eux, ils
fe purifient en paifant à travers deux petites baguettes que l’on a
mifes exprès pou: cela ; & le Prêtre fe tenant auprès de ces baguettes
frappe ceux qui paient à travers , avec une petite verge qu’il
tient à la main en prononçant certaines paroles, afin que les morts
ne les falfent point mourir.
Quant aux autres coutumes de ces Peuples, elles font les mêmes
que chez les Kamtchadals. Leurs armes, & l’occupation des
hommes &i des femmes, font entièrement femblables. . ,
Les Koriaques attaquent pour l’ordinaire leurs ennemis à l’im-
provifte ; & leurs armes font l’arc, la fleche, la lance, qu’ils ar-
ipoient autrefois d’os & de cailloux. Leurs femmes ont les mêmes
occupations que celles des Kamtchadals : elles travaillent a préparer
les peaux , à faire les habits , les fouliers ou botines ; elles apprêtent
auffi le manger, ce que les Kamtchadals ne font point. Les Femmes-
Koriaques favent encore mieux préparer les peaux, & elles les rendent
plus molles. Elles les enduifent avec la fiente de Rennes , au
lieu d’oeufs de poiffon, & elles emploient des nerfs de ces animaux
pour coudre.
La principale différence de cette Nation avec celle des Kamtchadals,
eft dans la langue', qui fuivant M. Steller , a trois Dia-
leétes. Le premier qu’on peut regarder comme la langue fonda-
mentalë, eft celui que parlent les Koriaques fixes , qui habitent le
long de la Mer de Péngina, & les Koriaques à Rennes : cette langue
a une prononciation mâle & forte. Le fécond Dialecte eft
celui dont fe fervent les Olioutores : cette langue eft appellé’e par
les Rulfes , la fécondé langue des Koriaques ; elle eft beaucoup
plus dure que la première. Le troifieme Dialeéke eft celui des
Tchouktchi ; la prononciation en eft plus facile , plus mo'élleufe.&
accompagnée d’une èfpece de fiflement; au relie il y a une fi grande
reffemblamce, entre ces trois idiomes, que ces trois Peuples peuvent
s’entendre aifément.
Nous donnons ici un Vocabulaire des différents Dialeétes des
Koriaques, pour fatisfaire la curiofité du Leéteur.
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