rapporterai toutes les circonftances qui l’accompagnerent. Pour le
fécond, je n’ai pu favoir s’il fut violent & s’il caufa beaucoup de
dommages aux Habitants, puifqu il n arriva qu après mon départ de
Kamtchatka ; & M. Steller n'en dit rien.
Du côté de l’Oueft de l’Iile dont je viens de parler , eft une Ille
déferte défignée dans les Cartes fous le nom à'Anthinogene {i ) ; mais
elle eft appellée par les Kouriles Ouiakoujatch , c’eft à-dire rocher
efcarpé ; les Cofaques l’appellent Alaid. Cette Ille eft éloignée
d’environ cinquante werfts du Continent. Sa figure eft ronde ; elle
n’eft compofée que d’une feule & haute montagne qu’on peut ap-
percevoir par un temps ferein de l’embouchure de la Bolchaia Reka,
Les Habitants de Lopatka, ou de la Pointe méridionale des Kouriles
&des deux Illes précédentes , y vont avec leurs canots pour
la pêche ou la chalTe des Lions & des Veaux marins qui s’y
trouvent en grande quantité. Par un beau temps, on voit la fumee
fortir de fon fommet.
On trouve dans la relation de M. Steller, la Fable-fuivante fur
cette Ille, Elle lui fut racontée par les Kouriles qui habitent aux environs
du grand lac de ce nom.
Cette Montagne étoit autrefois fituée, lui dirent-ils , au milieu
de ce lac , & comme par fa hauteur elle ôtoit la lumière à toutes les
autres Montagnes voiiînes , celles-ci indignées contre elle lui cherchèrent
querelle, de forte qu’elle fut obligée de s’éloigner &defc
tenir à lecart en mer ; cependant pour laiifer un monument de fon
féjour dans le lac , elle y laiffa fon coeur , qui en langue Kourile en
appellée Outchitchl, & en Rulîè Serdtfe-hamen, ou Coeur de rocjiet.
En effet, ce rocher eft placé au milieu du lac Kourile, & a une forme
conique. Elle prit fa route par l’endroit où c o u l e l a riviere O^r-
naia , qui fe forma à l’ocçafion de fon voyage, puifque quand la
(i) Sur la C^rte , ^nfinogeiî.
Montagne fe leva de fa placq,, l’eau du lac fe précipita après elle,
& fe fraya un chemin vers la mer : & quoique les jeunes gens de ces
Pays fe moquent de ces contes abfurdes, dit notre Auteur ; cependant
les vieillards Si les vieilles femmes les regardent comme très vrais j
ce qui peut faire juger de la bifarrerie de leurs idées Si de leur crédulité.
M. Steller ajoute qu’outre les Lions & les Veaux marins, il y a
dans cet endroit des Renards rouges Si noirs, des Béliers de montagnes
; mais qu’on y voit très rarement des Caftors & des Chats
marins, puifqu’ils ne vont point dans la mer de Pengina, à moins
qu’ils ne fe foient égarés.
La troifieme Me Kourile, eft celle de Sirin ki, celle à’Alaide
n’étant point mife au nombre des Mes Kouriles : fa fituation eft au
Sud-Oueft , de l’extrémité de l’Ifle de Poromoufir. Le détroit qui
l’en fépare, a cinq werfts de largeur. On a mis cette Me dans l’Atlas
Ruffe fous le nom de Dlakon. Les Kouriles des deux premières
Illes paffent quelquefois dans cette Me pour chercher de la Sarana ,
I & pour attraper des Oifeaux dont ils font leur nourriture.
La quatrième Me Kourile s’appelle Onnekoutan , & n’eft pas iï
grande que l’Me Poromoufir. Sa fituation eft du Nord-Eft au
Sud-Oueft. On ne peut y aller de cette derniere en un jour fur des
canots. Le nombre de fes Habitants eft affez grand ; ils tirent leur
origine des Kouriles de la fécondé Me , comme je l’ai déjà dit : fes
Habitants, & même des Familles entières, pafTent quelquefois pour
rendre vifite à ceux de l’Ifle Poromoufir , & leur payent volontai-
renjgnt des tributs en peaux de Caftors & de Renards ; ce qui peur
faire juger que les autres Habitants de cette Me ne refuferoient
pas de payer des tributs, fi on envoyoit des gens pour les foumettre
& les affûter de la clémence de S. M. Impériale , & de la puifîànte:
protection qu’ils peuvent en attendre- contre leurs ennemis, qui
viennent de temps en temps faire des incurfions chez eux. Au refte,