nourriture des Kamtchadals, la Chlamda ( i ) & la Morkownie Pout-
chki ( i ) . Cette derniere eft la tige d’une plante creufe & remplie
de file comme l’Angélique.
La Chlamda eft une efpece d'Ulmaria ; fa racine eft grolfe,
noirâtre au-dehors , & blanche en-dedans. Elle pouffe quelquefois
deux ou trois tiges qui s’élèvent à la hauteur d’un homme, & fon
épaiffeur près de la racine eft d’un bon pouce : ces tiges vont en diminuant
vers le haut ; elles font vertes , un peu velues en dehors
& creufes dans l’intérieur, comme on l’a déjà dit. Les feuilles viennent
fur de longues branches qui fortent de la tige : leur forme eft
ronde : elles font divifées en fept parties dentelées inégalement ;
par-defTus elles font vertes & liffes , blanchâtres, velues, rudes en
delfous, & parfemées de grandes veines rougeâtres. Vers l’endroit
où les branches fortent de la tige , il y a deux feuilles femblables
aux premières qu’on vient de décrire, à l’exception quelles font un
peu plus petites. Les branches ou les petites tiges font triangulaires;
elles font rougeâtres , dures & velues, & ont une petite canelure
par en haut. Il fort au long de ces branches quâtre ou fîx feuilles
femblables à celles qui font proche la racine. Au haut de la tige,
font des fleurs pareilles à celle du Sorbier ou Sorbus aucupam.
Chaque fleur eft de la grandeur d’un de nos fous d’argent : elle
a cinq petites feuilles blanches renfermées dans un calice qui a auffi
cinq feuilles couvertes de duvet, & qui pendent en bas. Il y a quatre
piftils ovales qui font au milieu de la fleur, ils font applatis par les côtés
& couverts de duvet aux extrémités : dans les piftils font renfermées
deux femences un peu longues, lorfque cette plante eft parvenue
à fa maturité. Les piftils font entourés d’une dixaine d’étamines
blanches qui s’élèvent au-delfus de la fleur , & dont les bouts d’en-
(i) XJlmaria fruclibus hifpidis. Stell.
• ( r ) Chce-rophillum -feminibus hyibus , nitidis > petiolis ramiferis Jimplicibus. L iQn'
cliff. ioi.
d u K a m t c h a t k a ;
hailt font auffi blancs. Elle fleurit vers la mi-Juillet, & les femences
en font mûres vers le milieu d’Août. La racine, la tige & les
feuilles de cette plante font fort aftringentes.
Les Ruifes & les Kamtchadals mangent les jeunes tiges de
cette plante dans le Printemps, comme on mange dans nos Villages
l’Angélique : auffi en apportent-ils tous les jours plufieurs paquets.
Ils gardent la racine pour l’Hiver & l’emploient pour faire
leur mets ou efpece de pâte appellée Tolkoucha. Us la mangent
auffi pendant quelle eft verte avec des oeufs de poiiTons ou du Caviar
fechés. M. Steller compare fon goût à celui des pommes qui çroif-
fent en Afie.
On appelle Morkownie Poutchki, une plante commune dans
ce Pays ; fes feuilles reifemblent beaucoup à celle des carottes : ils
en mangent les tiges au Printemps ; cependant ils n’en font pas
tant de cas que de la Chlamda, quoiqu’elle ait le même goût que
les carottes. Ordinairement ils en font aigrir les feuilles comme
des choux, dont ils font enfuite une boiflon qui leur tient lieu de
Kwas.
Il y a encore une plante d’une efpece particulière qu’on appelle
au Kamtchatka Kotkonnia ( i ) : elle croît abondamment fur le
bord des rivieres. Sa racine eft d’un goût amer & défagréable,
épaifTe environ d’un doigt, & longue de près de deux pouces. Elle eft
ftoire en dehors & blanche en dedans. Elle a quelquefois cinq tiges,
mais plus fouvent deux ou trois ; ces tiges font hautes d’un quart d’ar-
chine, & groifes comme une plume d’Oie : elles font d’un vert jaunâtre
& liifes : elles ont à leur extrémité trois feuilles ovales & rangées
en forme d’étoile, du milieu defquelles fort une petite tige de la
longueur d’un demi-pouce ; & e’eft celle-ci qui porte la fleur. Son
calice eft de trois feuilles vertes & oblongues ; & la fleur elle-même
0 ) Tradefcantïct. fructu molli eduli,
A aa. i j