s’enfuivît des crifpations de nerfs ou convulfîons. Quoiqu'ils van,
tent beaucoup ce remede, & qu’ils difent qu’il produit fon effet
& foulage fur-le-champ, j’ai néanmoins beaucoup de peine à le
croire.
Dans les douleurs des jointures, ils fe fervent d’une efpece d’ex-
crefcence ou champignon qui vient fur le bouleau , ( on en
fait de 1 amadoue ). Ils 1 appliquent en cône fur la partie malade
en allument la pointe, & laiffent brûler le tout jufqu’à la rh^r vj,
ve : ce qui la met en macération, & occafionne une grande plaie,
Quelques-uns pour la fermer, mettent de la cendre même de cet
agaric ou champignon, d’autres n’y mettent rien du tout : ce re.
jnede eft connu dans toute la Sibérie. Ils font ufage de la racine
de la plante Lioutik ( i ) , & de celle appellée Omeg cicuta (ipfcon;
tre leurs ennemis , empoifonnant leurs fléchés avec la première j
qu ils regardent comme un poifon , contre lequel il n’y a point
de remede.
(i) Anemoiies & Ranunculus.
l~} Cicuca. Gmel pag. 203.
C H A P I T R E X I X .
De leurs Funérailles.
■ L es Kamtchadals au-lieu d’enterrer leurs morts les'donnent à
■ manger aux chiens ; les autres Peuples de ces Contrées les brûlent*
Boules enterrent avec quelques cérémonies. Mais les Kamtchadals
■lient le cadavre par le cou avec une courroie, le traînent hors de leur"
■Iourte, & le laiffent, enfuite pour être la pâture de ces animaux-.
■Ils donnent deux raifous de cet ufage ; la première eft, que Ceux!
■qui auront été mangés par les chiens, en auront de très bons
■dans l’autre monde. La fécondé, c’eft que les mettant aux environs
■de leurs Iourtes , lesEfprits malins qu’ils croient avoir occafionné
■leur mort, voyant ces cadavres,, feront contents de la mort de ces
■victimes, & ne feront point de mal aux vivants. Cette fecond’e rai-
■fon ne me paroît pas vraifemblable , car ils abandonnent toujours
■leurs habitations, fi quelqu’un d’eux vient à y mourir; & ils vont
■Rétablir dans d’autres Iourtes,qu’ils conftruifent à une grandediftance
■des premières. Ils ne traînent point non plus avec eux ces cadavres
■qui, fuivant leur opinion, pourraient lesdéfendre des Efprits mal-
wàifants dans la nouvelle habitation ou ils fe tranfportent. Peut-être?
Baufü ne regardent-ils cda comme un préfervatif contre la malignité
■des Efprits, que pppKil ce qu’ils aient confiruit une nouvelle habi-
■tation. Ils jettent hors de la Iourte avec le cadavre , tous les habits
& toutes les chauffures du défunt ; non pas qu’ils croient qu’il en
■ait befoin dans l’autre monde , comme quelques-uns de ces Peu—
■pies fe 1 imaginent, mais par la crainte feule que ces habits ne les
■faffent auffi mourir : car quiconque porte ces habits, meurt im-
■ feilliblement, fuivant eux, plutôt qu’il ne devrait.