des cordes ou des efpeces de liens qu’il fecoua par deux fois dans fe
Iourte ,en prononçant de toute là force des paroles que les autres
répétèrent après lui. Cela lignifie chez eux que l’on chaiTe toutes les
maladies de l’habitation.
Enfin un Kamtchadal purifia près du foyer deux de fes Filles jumelles,
en mettant furie foyer un poilfon qu’ils appellentKhakhalt-
eha, & dé l’herbe nommée Omeg ( i) ,q u ’il tira de petits facs qu’il
avoit pendus au-deffus de fon lit.
Peu de temps après les Serviteurs forçant des quatre coins de h
Iourte en fe croifant, prirent du Ioukola, & en régalèrent toutes
les Idoles appellées Ourilidatche. Tous les Kamtchadals & les Ses-
viteurs, enduilïrent les Idoles, les uns de Tolkoucha , les autres de
Sarane, ou de quelques autres mets ; ils fe régalèrent enfuite les uns
les autres- en paffànt d’un côté de la Iourte à T autre, pour fe donner
mutuellement à manger avec une cuiller.
Lorfque leur repas fut fini-, deux- Kamtchadals s’étant déshabillés
tout nuds, prirent dans leurs mains un Khomiaga ( vafe dans lequel
ils vonrpu-ifer de l’eau ; & reçurent des Serviteurs, en place
d’habits, de petites guirlandes qu’on avoit ôtées’ aux Idoles Ourilidatche.
Quand on leur eût mis fur le cou ces petites guirlandes, ils
fortirent de la Iourte , & allèrent vers la riviere pour chercher de 1 eau. Ils marchèrent a la file l’un de l’autre r le premier avait dans
fà main un feau ou Khomiaga & du Tolkoucha : le fécond avoir
aulfi un vafe pareil & un Loutchina ( c’eft un petit morceau de
fàpin long& menu qu’on brûle pour s’éclairer {i).
A lafortie de la Iourte, deux Kamtchadals , s’aflîrenr quelques
moments aupres de lechelle. Celui quimatchoit le premier , étant
parvenu au trou fait dans la glace pour y puifer de l’eau, la caflà avec
une efpece de pilon autour de ce trou, y puifa de l’eau en tournanc
(i) Obolarius aculeatus Stelt.
-■ (i) On- ¿enferc beaucoup eu. Ruflîe K. eff Pologne
* premièrement le Khomiaga ou feau contre le courant, & en-
fuite fuivant le fil de l’eau. Tous les autres fui virent fon exemple,
& chacun emporta autant d’eau qu’il avoir pu en puifer en
une fois. Ils s’en allèrent enfuite dans le même ordre qu’ils étoient
; venus ; & étant arrivés fur leur Iourte, ils y firent defcendre lés
; féaux avec des cordes Si avec beaucoup de précaution pour ne
' pas laiflèr tomber la moindre quantité d’eau , ce qu’ils regardent
comme une grande faute. Deux Garçons reliés exprès pour cela ,
les reçurent ; car les Serviteurs de la Iourte étoient allés eux-
mêmes chercher de l’eau. Ils reilerent fur la Iourte jufqu’à ce qu on
eût defcendu tous les féaux. Cependant ils crierent quatre fois de
toutes leurs forces, en battant des mains &c en frappant des pieds.
L’un d’eux entra dans la Iourte une Loutchina à 1a main ; mit
le bout de cette longue allumette dans le feu , & la trempa en-
fuite dans tous les féaux remplis d’eau , que l’on venoit d’apporter
; & après en avoir retiré un morceau de glace, il le jetta dans
le feu, & donna à tous les affiliants à boire (fe l’eau, comme de l’eàu
benite.
Les Femmes allèrent enluite dans lës: Bataganes avec ce qu’elfes
àvoient confervé des mets dont on s’étoit régalé, & elfes y refterenr.
Enfuite les Vieillards firent fortir tous fes Hommes, & à leurs prières
nous fûmes obligés de fortir; parce qu’ils avoient à faire une cérémonie
fecrete à laquelle perfonne ne pouvoir affilier excepté quelques
Vieillards & les deux Serviteurs. Cependant à force de prières, j’ob-
tin la permiffion d’y faire relier mon Interprété y ôc c’eft de lui
que je tiens ce qui s’y eft paffé.
D abord les Serviteurs ayant chauffé la Iourte, fuivant Tordre
des Vieillards, y apportèrent des poignées d’herbes féehes, & fesjon1-
cherent. Après cela ils étendirent dans la Iourte & fur tous fes bancs
des nattes faites d’herbes, & allumèrent dans les deux coins des va-
fes remplis de graille ; enfuite tous les Vieillards fe mirent à lier du»