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exemple, les Volcans, les hautes Montagnes, les Fontaines bouillantes
, les Bois, &c. font habités par des démons qu’ils craignent
& refpeélent plus que leurs Dieux.
Ils appellent les Dieux des Montagnes Kamouli , ou petits Génies.
Ce que nous nommons Génie r s’appelle en Kamtchadal
Kamouletch. Ces-Dieux , ou, fuivant eux , ces Génies malfaifants
habitent les grandes Montagnes , & particulièrement les- Volcans;
auffi riofent-ils s’en approcher. Ils prétendent que ces mauvais Génies
vivent desPoiffons qu’ils attrapent à la pêche ; ils defcendent
pendant la nuit des Montagnes, & volent jufqua la Mer pour y
chercher leur nourriture ; ils emportent un Poiflon à chaque doigt,
ils les font cuire à la façon des Kamtchadals , & ils fe fervent de
graillé & d’os de Baleine, au lieu de bois. Lorfque les Kamtchadals
pallènt par ces lieux, ils y jettent toujours quelque viéluaille qu’ils
offrent à ces mauvais Génies.
Les Dieux desBois s’appellent Quchaktchoü. Ilsdifent qu’ilsref-
femblent aux Hommes ; que leurs Femmes portent des Enfants qui
croiffent fur leur dos , & qui pleurent fans celle. Ces Efprits, fui
vant l’opinion fuperfticieufe de ces Peuples, égarent les Hommes
de leur chemin, & leur font perdre l’efprit.
■ Ils appellent le Dieu de la Mer Mitg ; ils lui donnent la
forme d’un Poiffon. Son Empire s’étend fur la Mer & fur les Poif-
fons ; il envoie les poiflbns dans lesrivieres, afin qu’ils y prennent du
bois pour lui conftruiredes Canots, & jamais dans l’intention qu’ils
fervent de nourriture aux Hommes ; car ces Peuples ne peuvent
croire qu’un Dieu puiffe leur faire du bien.
Ils racontent plufieurs fables fur Piliatehoutehi, dont nous avons
déjà parlé, & que M. Steller appelle Bilioukai. Ils difent qu’il habite
fur les nuées avec plufieurs Kamouli , que c’eft lui qui fait
briller les éclairs, qu’il lance la foudre, & fait tomber la pluie. Us regardent
l’arc-en-ciel comme la bordure de fon habit. Ce Dieu, à ce
qü’ils imaginent, defcend quelquefois des nuages fur les montagnes,
& il eft dans un traîneau tiré par des perdrix. 11$ regardent
comme un grand bonheur d’àppereevoir les prétendus
traces que laiffe ce Bilioukai 5 elles ne font autre chofe que de petits
filions que le vent a laiffés fur la furface de la neige ; ce qui arrive
fur-tout dans les ouragans : ils craignent aufli ce Dieu. Ils prétendent
qu’il fait enlever leurs Enfants dans des tourbillons par fes
Satellites, pour lui fervir de bras ou de girandoles, fur lefquels il
fait mettre des lampes remplies de graiffe pour éclairer fon Palais.
Sa femme eft appellée Tiranous.
Us reconnoiffent auifi un démon, fuivant M. Steller ; ils le repré-
fentent très rufé & trompeur ; ils l’appellent par cette raifon Kanna.
On montre aux environs de l’Oftrog inférieur du Kamtchatka, uni
aune fort élevé & fort vieux, qui paffe pour être fa demeure. Les
Kamtchadals décochent toutes les années des fléchés contre cet arbre
;~de forte qu’il en eft entièrement hériffé.
Gaetch eft, a ce qu’ils prétendent, le chef du monde fouterrain ,
où les hommes vont habiter après leur mort. Il a autrefois habité la'
terre ; ils donnent à un des premiers enfants de Koutkhou l’empire
fur les vents, & ils attribuent à fa femme Savina la création de
l’Aurore & du Crépufcule.
Us regardent leur Dieu Touila, comme fauteur dés tremblements
de terre , étant perfuadés qu’ils proviennent de ce que fore
chien Ko^ei , qui le traîne quand il va fous terre , fecoue la neige
qu’il a fur le Corps.
Toutes les idées qu’ils ont de leurs Dieux , & de leurs Démons
ou mauvais Génies, font fans liaifon, fi abfurdes & fi ridicules, que
ceux qui ne connoiffent pas ces Peuples auront de la peine à croire
ces faits ; ils tâchent cependant de rendre raifon le mieux qu’ils peuvent
de tout ce qui exïfte : ils cherchent même à pénétrer ce que
peuvent penfer les Poillous &' les Oifeaux ; mais ils ont le défaut de