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place ; ce qu’il réitéra une trentaine de fois. Dans cet intervalle, les
vagues ayant poulie une grande herbe marine de l’Amérique, dont
le bas eft: creux & fait comme le cul d’une bouteille, & le haut fort
en pointe, cet animal fe jetta delfus, la faifit ; & la tenant dans fon
mufeau, il s'approcha en nageant du vaifleau, & fit avec cette
herbe toutes les lingeries qu’on auroit pu attendre du plus joli
Singe.
On a obfervé cette particularité finguliere dans tous les animaux
marins, c’eft que plus on les voit fe jouer dans l'eau pendant un
temps calme, plus on doit s’attendre à quelques tempêtes violentes.
C H A P I T R E X.
Des Poijfons.
N o u s fuivrons le même ordre en parlant des poiifons, que celui
que nous avons obfervé dans la defcription des plantes & des racines.
Ainfi il ne fera queftion ici que des poiifons , ou qui font la
nourriture des habitants de ce pays, ou qui étant en grande quantité,
font connus de tout le monde, parce qu’on en prend fou vent,
quoiqu’ils ne foient point employés à leur nourriture. L ’on donnera
dans la fuite , avec le temps, une defcription détaillée tant des poif-
fons, que des plantes, dans un Ouvrage particulier.
D e la Baleine.
Nous commencerons par la Baleine, tant parce qu’elle furpaflè
tous les autres poiifons par fa grolfeur, que par rapport à l’ordre qui
exige qu’on la place immédiatement après les bêtes marines, au
nombre defquelles quelques-uns la rangent à caufe de fon organi-
fation qui efl: la même, de la maniéré de s’accoupler & de faire fes
petits.
Il y aune grande quantité de (i) Baleines aufli-bien dans l’O céan
que dans la mer de Pengina ; ce qu’il eft aifé d’appercevoir,
lorfque le temps efl: calme, par les efpeces de jets d’eau qu’elles font
fortir d’une ouverture qu’elles ont fur la tête. Elles s’approchent fou-
vent fi près du rivage, qu’il feroit polfible de les tirer à coups de
fufil : quelquefois elles viennent s’y frotter, pour détacher peut-être
(>) Phifeter. Aat.