D e s c r i p t i o n
qui apportent leur offrande , jettent la pierre fur les autres : on eft
Voit un tas confidérable dans cet endroit.
A peu de diftançe de ce canton, la petite riviere Tenge tombe
dans la mer, & à trois werfts au-dela commence une Baie qui s’étend
vers le Nord lefpace de fept werfts, & cinq werfts dans l’intérieur
du continent. La riviere Ningiti (i) qui a fa fource à peu de
diftançe de celle de Pallana, vient tomber dans cette Baie : les Co-
faques l’ont appellée Pankara , à caufe d’un OftrogKoriaque de ce
nom, qui étoit fitué au Midi de ce Golfe, mais qui a été abandonné
par ces Habitants qui fe font établis fur le côtéfeptentrional du Golfe
eu ils fe font conftruits fur une haure colline un Oftrog qu’ils ontap.
pellé Changot ou Khangot.Cet Oftrog eft entouré d’un rempart de
terre de la hauteur d’une fagene, & de la largeur d’une archine : il
eft revêtu en dedans d’un double rang de pieux placés à peu de dif-
tance les uns dés autres.Ils font attachés avec des perches en travers,
& l’on a conftruit deux battions avec des embrafures de chaque
côté. O n y entre par trois.côtés, l’un à l’Orient, l’autre au Couchant,
& le troifieme au Nord. Les Koriaques fe propofent d’abandonner
cet Oftrog pour paffer dans un autre qu’ils viennent de
conftruire fur la pointe intérieure de cette Baie ,.& qu’ils ont appellê
Ouakang-atinum. Je n’avois point encore vu d’Oftrog fortifié chez,
ces Peuples jufqua cet endroit. Dans les autres cantons, les Oftrogs
ne font autre ehofe que desIourtes.de terre environnées dé plufîeurs-
Balaganes , comme des tours, fans aucune fortification extérieure I
il n’en, eft pas de même en ¿avançant du côté du Nord; on ny
trouve: pas une feule habitation- de Koriaques qui ne foit défendue
pat quelques remparts, outre davantage de la fituation. Ils difent
qu’ils fortifient leurs.habitations pour fe mettre en fureté contre les
incurfions des.Tchouktchi. Cependant comme ces derniers ne font
(i) Sur la Caere. ».Nbungim.
jamais venus les attaquer dans ces lieux, il faut qu’il y ait une autre
raifon qui les porte à prendre tant de précautions, & il eft aifé de
voir que c’eft pour fe garantir des Ruffes : auffi les endroits où ils
font plus fur leur garde font ceux où les Cofaques paiTent plus fréquemment.
On trouve après la riviere Ningin , cellé d'Ouàlkal-vaient l
jufqua laquelle il y a quarante werfts. Cette riviere eft appellée
par les Koriaques Scheka, parce que Kout qu’ils regardent comme
un Dieu, eft le premier qui habita ces lieux. Dans le temps qu’il
faifoit fon fejour fur les bords de cette riviere, il mettoit toujours
devant fa Iourte une hure de Baleine ; & ces Peuples ,
en mémoire de ce Dieu , y placent encore aujourd’hui un arbre
au - lieu d’une hure. Les Cofaques appellent cette riviere
Koutova.
A quatre werfts de fon embouchure eft la petite riviere Piita-
gitch, qui vient du Nord & fe jette dans la riviere Oualkal-vaiem :
cette riviere fortd’un petit lac qui n’eft qu’à deux werfts dé fon embouchure
: il eft fans nom,cependant il mérite d’être remarqué, en
ce que les Koriaques, pour preuve du féjour que Kout a fait dans
cet endroit, montrent une Ifle qui eft dans ce lac : elle eft prefque
en pente douce des deux côtés Ils difent que Kout y alloit ordinairement
pour prendre des oeufs d’oifeaux ; que cette pente s’y
eft formée à l’occafion d’une querelle qui s’éleva une fois entre
lui & fa femme. Kout, difent-ils, traîna dans cet endroit fit femme
par les cheveux, & cette difpute furvint pour des oeufs qu’ils ra-
maifoient enfemble. Voici comme la chofe fe paffa. La femme avoit
dans ce moment le bonheur de trouver les plus gros oeufs, tandis
que Kout fon mari ne trouvoit que les plus petits ; ce qui le fâcha
fi fort, que regardant le bonheur de fa femme comme la caufe de
fon infortune, il voulut les lui enlever ; mais comme elle lui réfifta,
ù en tira vengeance de la maniéré dont on vient de le dire. Telle