ait jamais paru à l’embouchure de la Riviere Bolchaïa. D ’ailleurs,
il eft difficile de croire que des Navigateurs Japonois fe l'oient
expofés à commercer avec tant de peines &c de dangers, dans des
Contrées inconnues.
De tous les Ouvrages que j’ai vus de ces Peuples, aucun ne m’a
plus étonné qu’une chaîne qu’ils avoient faite avec une feule
dent de Cheval marin : elle avoit un pied environ de longueur.
Les premiers anneaux étoient plus grands que ceux d’en bas, & ils
étoient auffi ronds & auffi unis que s’ils euffént été faits au tonr.
Cette chaîne fut apportée du Cap Tfchoukotzkoi par le VaifTeau
appellé Gabriel. Les Cofaques l’avoient trouvée dans une Iourte
abandonnée par les Tfchouktfchi ; ce qui eft caufe qu’on ignore à
quoi elle leur fervoit. Mais il eft étonnant que des gens auffi fau-
vages ayent pu faire avec un fimple inftrument de pierre cette
chaîne, qui eût paffé chez nous pour un ouvrage curieux : je crois
que celui qui l’a faite y aura mis plus d’une année.
Les Koriaques font des cuiraffes avec de petits os , qu’ils coufent
enfemble avec des courroies. Les piques dont ils fe fervent en
guerre , font auffi faites d’os ; elles ont trois pointes , & font enfoncées
dans de longs manches de bois : l’os eft fi poli, qu’il en
eft luifant.
Il fera queftion dans la fuite, de leurs Traîneaux, & de la maniéré
deles eonftruire, ainfî que des Chiens dont ils fe fervent pour les
tirer. Par rapport aux Canots , nous ne parlerons ici que de la façon
de les faire, du bois qu’on y emploie, & des endroits où l’qn
fait ufage de ces bateaux.
Les Canots des Kamtchadals, appellés Bats dans leur langage
, fe font de deux maniérés & fuivant différentes formes ; les
uns font nommés Koiakhtaktim, & les autres Taktou. Les premiers
ne différent en rien de nos bateaux de Pêcheurs : ils ont la proue
plus haute que la pouppe, & les côtés font plus bas,
Les
Les Taktous pnt l’avant & l’arriere d’égale hauteur ; mais les
côtés font recourbés dans le milieu ; ce qui les rend très incommodes.
En effet, pour peu qu’il faffe de vent, ils fe rempliffent d’eau
dans l’inûant. Les Kamtchadals ne fe fervent des Koiakhtaktim que
fur la Riviere du Kamtchatka, depuis fa fouree jufqu a fgn embouchure.
Ils emploient les Taktous fur la Mer orientale & fur celle de
Pengina. Lorfqueces derniers Canots font revêtus de planches & de
peaux, on les appelle Baidares ( N os XIII & X IV. ), & c’eft avec ces
Bâteaux que les Habitants des Côtes de la Mer des .Caftors vont à
la chaffe des Animaux marins. Ils fendent le fond de ces Baidares,
les recoufent aveç des fanons ou barbes de Baleine, & les calfatent
avec delà mouffe, ou de l’ortie battue & brifée. Cet ufage eft fondé
fur çe qu’ils ont remarqué que les Baidares qui n’ayoient point été
fendues s’entr’ouyoient aifément par la violence des vagues de la
Mer, Les Kouriles des Ifles , & ceux qui habitent la Pointe njéri„
dionale du Cap Lopatka, conftruifenr leurs Baidares avec une quille ;
ils les revêtent auffi de planches aveç des fanons d.e Baleine, & le?
calfatent avec de la moufle.
Tous les Habitants du Kamtchatka font leurs Canots avec du
bois de peuplier. Les Kouriles n’ayant point de bois propre à les
eonftruire , fe fervent de celui que la Mer jette fur leurs Côtes, &
que le vent pouffe, à çe qu’on croit, des Côtes du Japon & de
l’Amérique,
Les Kamtchadals Septentrionaux, les Koriaques fixes & les
Tchouktchi font leurs Baidares de peaux de jeunes Veaux marins ;
parce que n’ayantni fer, ni bois propres à la conftruction, il leur
eft plus facile de les faire de cuir.
Les Canots leur fervent à tous pour la Pêche, & à tranfporter
leurs provifions. Deux hommes fe mettent dans chaque Canot ; l’un
eft affis a la proue, & l’autre à la pouppe. Us remontent les rivières
avec des perches ; mais ils ont tant de peine, qu’ils relient quelque-
Tome Ifi g