D ’Iakoutsk on. defcend la Lena , jufqu au canton nomme Tar-
manka, qui eft à dix werfts de cette Ville , en face de 1 Ifle des
Ours, fituée fur cette riviere. Cette Ifle s appelle en langue du
Pays Efeliala. On lui a peut être donné le nom d’Iarmanka, parce
qu’en Eté il s’y trouve beaucoup de gens qui vont à Okhotsk , Si
qui y reftent quelques jours pour préparer ce qui eft néceffaire au
voyage, pour tenir prêts leurs Chevaux, arranger les balots, égaler
les fardeaux dont les Chevaux doivent être chargés, afin que
chaque balot foit de deux poudes & demi ; car chaque Cheval à
bâts porte rarement au-delà de cinq poudes , fi ce n’eft qu on
met par - delïùs quelques provifions, ou d’autres bagatelles. Au
refte , cet endroit qu’on appelle larmanka, ou Foire, n’eft point
habité.
Le premier endroit confidérable que l’on trouve enfuite , eft
Koumakiai khortiga, c’eft-à-dire une colline ou monticule fablo-
neufe au haut de laquelle les Iakoutes ont fufpendu fur des arbres
une grande quantité de crinières de chevaux , quils mettent pour
offrandes dans cet endroit, afin de pouvoir la monter & la def-
cendre fans aucun danger. D ’Iarmanka à cet endroit, il y a environ
trois werfts. Entre cette monticule & larmanka, il y a a gauche
un lac que les Iakoutes appellent Namtaga , qui a deux werfts de
circuit.
On trouveenfuite une autre monticule appellée Boulgouniaktak,
le petit lac Oliong , Boukouloug, Efe-Elbiot , Oufoun-erga,
Soubtour Si Dolgota , qui font des déferts. Ces différents cantons
ne font gueres qu’à une werftles uns des autres. Le premier endroit
où nous campâmes après être partis d’Iarmanka , fut ce dernier
défert.
Le lendemain nous traversâmes la riviere Sota , qui eft à une
werft de l’endroit où nous nous étions arrêtés : elle a fa fource
à cent werfts, dans une chaîne de montagnes. L ’embouchure par
laquelle elle fe jette dans la Lena , eft à fix werfts ou environ de
l’endroit où nous la paiïàmes. On fit manger les Chevaux près du
lac Koutchougoui Tilgiaktak. Entre ce lac Si la Sola, on trouve
les endroits fuivants : favoir , les déferts Kouterdiak Si Ourafagag,
le lac Olbout , le défert Miogourte, Kaigaramar Si les lacs Ou-
lakhan Si Tilgiaktak. Ces différents endroits font prefque à une
égale diftancê les uns des autres, Si celui où nous fimes rafraîchit
hos Chevaux eft à environ onze werfts de la Sola.
Nous traversâmes le même jour Bariniaktatk , Siginakh , les
déferts Koromok Si Konmoror , Si nous paflaraes la nuit près du
lac appellé Ourion Khamous , c’eft-à-dire Rofeau blanc : il eft
éloigné de treize werfts de l’endroit où nous avions fait manger nos
chevaux. Les environs de ce lac font habités fur la gauche de la
route par des Iakoutes,qu’on y a tranfportés en 1735 pour entretenir
la pofte.
Le jour fuivant nous pa(Fimes les lacs Khatili Si Tchoupt-
choulag. Nous fîmes rafraîchir nos Chevaux au bord du lac Ari-
lak , qui a de l’Occident à l’Orient trois werfts de long, fur unç
werft ou une werft Si demie de large. Nous campâmes pour la
troifieme fois fur le bord du lac Talba, où il y a une pofte entretenue
par les Iakoutes. Entre l’endroit où nous fîmes manger
nos Chevaux, Si celui où nous nous arrêtâmes pour paffer la
nuit, on trouve le canton Kordiougen , & les lacs Koutchougoui
Si Naarigana, le premier fur la droite, Si le fécond fur la gauche
de la route, l’un en face de l’autre; enfuite le grand lac Ou-
lakhan-Nofragana, dans lequel fe jette vers fon extrémité fupé-
rieure la riviere Tangaga , qui fort d’une chaîne de montagnes,
& dont le cours eft de quarante werfts. Nous côtoyâmes cette
riviere en la remontant, Si nous paffames une petite riviere appellée
Kouloudjou, qui fe décharge du côté du Nord dans la riviere
de Tangaga , près de l’endroit où nous la paflames, a quatre