
 
        
         
		trente livres.  Ces animaux font auffi vifs a  la  courfe que  les Chevreu 
 ils^   en  courant  ils  replient  leurs cornes fur leur dos. Lort  
 qu’ils courent fur des montagnes remplies de  précipices affreux, ils  
 fautent de rochers en  rochers a  une très  grande  diftance,  &  gra-  
 viffent de leurs  quatre pieds fur  les  plus pointus.  Leur  fourure eft  
 très chaude ; la graiffe qu’ils ont fur le  dos, & qui a autant d’épaif-  
 feur que celle des Rennes paiTe, ainfi que leur chair , pour très délicate, 
  On fe fert de leurs cornes pour faire des cuillers & d autres efpe-  
 ces de petits vafes: les Kamtchadals en portent memed entières a leur  
 ceinture  : elle leur tiennent lieu  d'uftenfiles lorfqu’ils voyagent. 
 Il nous refte à parler des Rats &  des Chiens du Kamtchatka. 
 Des Rats & des Chiens du Kamtchatka, 
 On y remarque deux efpeces de rats. La première eft connue fur  
 les bords de la Bolchaia Reka \ grande Riviere ) ,   fous le nom de  
 Naouftchitch ,  8c  au  Kamtchatka fous celui  de  Tegauàchitch. La  
 fécondé eft  appellée  Tchelagatchitch.  La  troifieme  Tchetanaouft-  
 chou, e’eft-à-dire en  langue Kamtchadale Rats rouges. La première  
 efpece a le poil un peu rougeâtre &  la  queue  fort  courte.  Ils  font  
 prefque de la même groffeur que les plus grands de  l'Europe ; mais  
 leur cri eft différent ;   il approche  de celui  du  Cochon de  lait  : jJs,  
 reffemblent  pour tout  le  refte aux efpeces de Belettes que nous appelions  
 Khomiaki, 
 La fécondé efpeee eft fort petite s eeux-ei  fe t i e n n e n t   ordinaire,  
 ment dans les maifons habitées,   fe promenant fans a u e u n e   cramte,  
 & fe nourriffant de ce qu’ils dérobent. 
 La troifieme efpece tient un peu de la nature de§yjjelons : elle ne  
 fait aucunes provifions ; mais elle dérobe celle des raesde la première  
 efpece, qui vivent dans les plaines, les bois  Si les montagnes. Ou  
 pn trouve un quantité prodigieufe.  - 
 Les Tegoulichitch ou Rats  de la première efpece,  ont  des  i# 
 fort grands, propres, couverts d’herbes,  & partagés en différentes  
 chambres ou cellules.  Dans les unes eft la Sarana nettoyée , & dans  
 les autres, celle qui ne l’eft pas ; dans quelques autres on  trouve différentes  
 racines qu’ils ramafTent pendant l’Eté avec une diligence 8c  
 une aétiviré extraordinaires, pour s’en nourrir pendant l’Hiver. Dans  
 les beaux jours, ils tirent dehors ces racines, & les font fécher. Us fe  
 nourriffent pendant 1 Eté de baies, & de tout ce qu’ils peuvent trou»  
 ver  dans les  champs, ne touchant pas à leurs provifions, qu’ils ré,  
 fervent pour l’Hiver. H n’y a qu’une manière de trouver leurs trous,  
 e’eft de fonder la terre qui s’ébranle ordinairement au-deffus. 
 On y trouve quelquefois, outre  la Sarana ( 1 )  ,  de  l’Anacamp,  
 férus, de la Biftorte, des plantesSanguiforba, Lioutik ou Anemoi-  
 des  &  Ranunculus, ainfi  que des noix  de Cèdre, que les femmes  
 Kamtchadales coeuillent pendant l’Automne  ;  ce  qui  o.ccafionne  
 parmi  eux  des fêtes  & des  divertiffements. 
 Ce qu’il  y  s  de remarquable dans ces Rats, fi l’on  peut  ajoutes  
 foi à ce  que l’on en dit,  e’eft qu’ils changent  de  demeure comme  
 les  Tartares,  &  dans  des  temps marqués  .  ils  abandonnent  le  
 Kamtchatka pour quelques années,  fans qu’il  en  refte aucun,  excepté  
 les rats de maifon. Leur émigration eft un préfage d’un temps  
 pluvieux 8c d’une mauvaife année pour la chaffe; mais lorfqu’onles  
 voit revenir au Kamtchatka ,  leur  retour eft l’augure d’une bonne  
 année & d’une chaffe abondante ;  & l’on envoie des exprès par-tout  
 pour annoncer cette bonne nouvelle, comme très importante pour  
 tout le Pays. - 
 Ces animaux s’affemblent par  troupes  en prodigieufe quantité,  
 & partent  ordinairement au  Printemps.  Ils  prennent direétement  
 leur route vers le  couchant, traverfant à  la nage, quoiqu’avec bien  
 de  la peine, les  lacs, les  rivières ,  8c  même  les  golfes,  Plufieurs  
 fuEcombent  en  traverfant  à  la  nage  une  riviere  ou  un  lac,  ils. 
 (1 ) -dnacampferos ,  vutgb faba crojpi, 
 Tome  II, JD dd