remonter ; ainfi ils fe lalfent & fuccombent bientôt. 3ç . Les rivières
étant peu profondes & parfemées de rocs, ils n ont pas d erîdroits
favorables où iis puiffent fe repofer.
Une chofe qui mérite d’être remarquée dans toutes ces efpeces de
Saumons, c’eft qu’ils nailfent & meurent dans la même riviere ;
qu’ils acquièrent leur groffeur dans la mer, & qu’ils ne fray ent qu’une
feule fois pendant leur vie. Quand ils fentent l’envie de s’accoupler,
leur inftinét naturel leur fait remonter les rivieres & fe chercher des
endroits commodes. Quand ils en ont trouvé de tranquilles & couverts
de fable, la femelle, comme l’obferveauffi M. Steller, cren-fe
une petite folle avec fes nageoires qui font au-deifous des ouïes ; elle
fe met fur ce trou j ufqu’à ce que le mâle vienne & quil commence
à fe frotter le ventre fur elle ; cependant les oeufs étant prelfés ;
fortent du ventre de la femelle, & font arrofés dans le meme inf-
tant par la laite du mâle. Ils continuent ce manege jufqu’à ce que
la petite folfe fe remplilfe de fable , après quoi ils pourfuivent leur
chemin en s’accouplant fréquemment dans les endroits qui leur
conviennent. Les oeufs & la laite qui relient dans le ventre du
mâle & de la femelle, fervent à leur propre fubliftance, de la même
maniéré que ceux qui font confommés de phthilîe, ne fe foutien-
nent que de leur propre fubftanee, & ils meurent fitôt qu’elle vient
a leur manquer.
On a fait en Sibérie des obfervations fort différentes de celles-ci.
Les Saumons qui remontent les rivieres profondes, fangeufes, &
qui prennent leur fourcede fort loin, y vivent quelques années, &
frayent tous les ans, parce qu’ils trouvent pour fe nourrir quantité
d’infectes qui nailfent dans ces rivieres. Ils fe retirent 1 Hiver dans
des trous profonds, d’où ils fortent au Printemps pour s avancer encore
plus loin & remonter la riviere. Ils frayent dans les embouchures
des petites rivieres, & c’eft-là où on les prend ordinairement
pendant l’Etg.
Les jéuttes Saumons regagnent la mer au Printemps , & ils y
relient, a ce que dit M. Steller, j ufqu’à ce qu’ils aient acquis toute
leur groffeur : ils reviennent la troilîeme année pour frayer. On a
fait à ce fujet quelques obfervations qui méritent d’être rapportées.
1». Le poiffon qui, par exemple , eft né dans la Bolchaia Rekà
{grande Riviere ), fe tient dans la mer , vis-à-vis l’embouchure de
cette même riviere, fe nourriffant de ce que la mer y apporte. Lorf-
que le temps du frai eft arrivé, il ne va point dans d’autre riviere
que dans celle où il eft né.
i . Chaque riviere ou ce poiffon fraye, fournit toutes les années
une égale quantité de la même efpece de poiffon. On trouve dans la
Bolchaia Reka des Saumons del’elpece quon appelle Tchawioutcha,
tandis quil ne s en trouve jamais dans la riviere O^ernaia , qui
fort du lac Kouril, quoique le fond de cette riviere & fon embouchure
foient de la même nature que celle de la Bolchaia Reka.
3°. On pêche des Saumons dans les rivieres de Brioumkina,
Kompanowaia , & jufqu’à Xltcha même ; mais on n’en voit jamais
dans aucune autre riviere.
4°. Il y a encore une autre cholê qui paraît extraordinaire, e’eft
que, quoique les poiffons qui remontent les rivieres au mois d’Août,
aient affez de temps pour frayer , néanmoins comme il n’en refte
pas affez pour que leurs petits puiffent acquérir une groffeur convenable
pour s’en retourner, ils emmenent avec eux un poiffon d’un
an de leur efpece, qui fuit le mâle & la femelle , jufqu a ce que le
temps de leur frai foit fini. Lorfque les vieux poiffons ont dépofé
dans des foffes & couvert leur frai , ils continuent de remonter les
rivieres ; mais le poiffon d’un an qui n’eft pas plus gros qu’un hareng
, refte auprès du frai & le garde jufqu’au mois de Novembre ,
temps auquel ils regagnent la mer avec les petits ; les Saumons font
fans doute la même chofe en Europe.
Cette différente d’âge a induit les Naturaliftes en une double er