eft l’idée bifarre que ce Peuple groifier fe forme de celui quil regarde
comme un Dieu.
A dix werfts de la riviere Oualkal-vaiem, eft la petite riviere
Kitkitanou, qui va fe jetter dans une petite Baie. Entre les embouchures
de ces deux rivieres, & prefque au milieug il y a deux
petites Baies qui ont communication entr’elles par un détroit. A
l’entrée de la Baie qui eft la plus voifine de la riviere Oualkal-
vaiem , on trouve fur une rive fort efcarpée un petit Oftrog appellé
Entalan : il eft entouré d’un rempart de terre. On n y entre que par
un feul endroit qui eft du côté de la mer. Vis-a-vis Entalan , il y
a dans la mer, à peu de diftançe de là côte, une petite Ifle où les habitants
de cet Oftrog vont pendant l’Eté.
A l’extrémité feptentrionale de la Baie où vient tomber la petite
riviere Kitkitanou ! eft le petit Oftrog Igimgit, qui eft bâti
fur un rivage fort élevé : il eft fortifié par un rempart de terre d’en-
yiron une iàgene & demie de hauteur. On y entre par deux portes,
l'une eft à l’Orient ,& l’autre au Midi, Après cet Oftrog commence
un Cap très bas qui s’étend en mer l’efpace de cinq werfts : fa largeur
depuis l’Oftrog eft d’environ huit werfts.
On trouve après avoir traverfé ce Cap_, une Baie dont la largeur
eft de huit werfts, & qui s’avance dans le continent environ de dix.
Elle a autant de largeur dans fon embouchure que dans fon milieu
, au-Iieu que toutes les autres Baies que j’ai vues ont l’entrée
fort étroite.
La riviere de Karaga vient fe jetter dans cette Baie par deux embouchures
: elle a fa fource près de celle de la riviere Lejhaia, dans
laquelle on paife ordinairement de la riviere de Karaga. Il y a fur
la rive feptentrionale de cette riviere, une haute colline fur laquelle
eft bâti le petit Oftrog Kitalgin , dans lequel chaque Balagane eft
entourée d’une paliffade. Indépendamment de cet Oftrog, on trouve
au long de cette riviere deux habitations de Koriaques. La pretniere
à huit Werfts de fon embouchure fur le bord de la petite
riviere Gaule , qui coule du Nord dans la Karaga ; la fécondé
à dix werfts fur le bord d’un lac ; à huit werfts duquel eft encore un
a u t r e petit lac qui mérite d’être remarqué , parce qu’il jette fur fes'
rives des bubës d’un verd clair, femblable à nos petites boules de
verre qu’on donne aux enfants. Ces bubes étant appliquées au front,
font enfler le vifage, fuivattt le rapport des naturels du Pays, Ils
difent encore que l’on y trouve un petit poiffon blanc de la longueur
d’environ trois werchoks ; mais ils s’imaginent que ce feroit un
grand crime d’en attraper.
Il eft parlé dans la defcription de M. Steller, d’un très grand lac
i aux environs de la riviere Karaga, & qui, fuivant ce qu’on lui en
a dit, mérite d’être remarqué pour trois raifons ( 1 ). 10. Parce que lês
eaux de ce lac augmentent & diminuent avec celles de la mer, quoi-
[quel’on n’ait jufqua préfent trouvé aucune communication en-
tr’eux. i°. Qu’il y a dans ce lac une efpece de poiffon de mer appelle
parles Kamtchadals Niki , qui ne fréquente jamais les rivie-
I res, mais que la mer jette dans le mois de Juillet fur le rivage en fi
l grande quantité, qu’il en eft tout couvert à quelques pieds de hauteur.
30. Qu’on y trouve des coquilles en abondance, avec de belles
perles'que les Koriaques ramaffoient autrefois, & qu’ils appelloienc
j Grains de verre blanc ; mais auifi-tôt que quelqu’un en avoit ramaffé,
il lui venoit des panaris ou tumeurs. Ils crurent que ce mal étoit oc-
I cafionné par ces grains de verre ; & s’imaginant que les efprits malfai-’
fants de la mer cherchoient par-là à fe venger, ils abandonnèrent cette
pêche. Mais en paffant par-là, non-feulement je n’ai point vu de
pareil lac , je n’en ai pas même entendu parler à qui que ce fût.,
quoique j’aie fait tous mes efforts pour m’informer avec exaétitude
chez les habitants de ce Pays, de tout ce qui pouvoit être digne d’at-
J M. Steller penfe qu’il y a une communication fouterraine entré ce lac & la mer.