matière la plus pure des montagnes, qui, fortant du centre,eft
d’abord liquide,. & fe durcit enfuite à l’air.
Du côté de cette ifle qui eft au Nord-Eft, il n’y a aücun endroit
ôù même les plus petits Vaideaux puiiîènt être à 1 abri, à l’exception
d’un feul qui a quatre-vingts fagenes de largeur : un Vaideau y peut
jetter l’ancre, mais feulement dans un temps calme ; car il y a dans
quelques endroits, à deux werfts de la côte, & dans d’autres à cinq,
des bancs qui font couverts de rochers, comme fi on les avoit mis à
deffein , fur lefquels on peut marcher à pied fec dans le temps de
la baffe màrée, jufqu’aux endroits les plus profonds. Lorfquek
marée commence à baidèr , les vagues s’élèvent dans cet endroit
avec tant de bruit & de fureur, que l’on ne fauroit les voir ni les
entendre fans effroi ; elles font couvertes d’écume & fe brifent
contre les écoeuils avec des mugiffements épouvantables.
Il y a dans cet ancrage une grande Baie du côté du Nord:
lès rochers qui fe trouvent aux environs du rivage dont ils paroif-
fent avoir été arrachés ,| les rocs en forme de colonnes , & d’autres
particularités, font juger que cette ifle a eu plus de largeur
& plus d’étendue autrefois, & que ces rochers n’en font que les
débris.
i°. Les rocs,qui font dans la mer, ont les mêmes couches qué
les montagnes.
i°. On apperçoit entr’eux des traces du cours d’une riviere.
30. Le s veines en font noirâtres ou verdâtres, & reffemblenta
Celles qu’on trouve dans les rochers qui compofent l ’ille.
4°. On eft affiné que dans tous les endroits où les montagnes
s’étendent en pente douce vers la mer, & où le rivage eft fabloneux,
le fond de la mer va aufli. en pente douce ; & par conféquent la
mer n’a pas une profondeur confidérable près des côtes : au contraire
, là où les côtes font elcarpées, la profondeur de la mer y eft
fouvent de vingt jufqu a quatre-vingts fagenes ; mais aux environs
de cette ifle, & fous les rochers même les plus efcarpés, l’eau eft
baffe ' ainfi ce n’eft pas fans raifon que l’on en tire la conjeéture
que ces rochers ne fe trouvoient pas là autrefois, mais que le rivage
étoit en pente douce ; qu’enfuite il a été emporté par les eaux de la
mer, ou qu’il s’eft écroulé par quelques tremblements de terre.
c0. En moins de fix mois, un endroit de cette ifle a changé entièrement
de forme, la montagne s’étant écroulée dans la mer.
La partie de l’ifle qui eft au Sud-Oueft, eft tout-à-fait différente
de celle dont nous venons de parler ; car quoique la côte en foit plus
r e m p l i e de rochers, & plus rompue ou entrecoupée, on y trouve
cependant deux endroits par lefquels des bateaux plats , que nous
appelions Scherbottes, peuvent s’approcher du rivage, & pénétrer
jufque dans les lacs, par des bras qui en fortent.
Le premier eft à cinquante werfts, & le fécond à cent quinze
werfts de la pointe de Tille qui eft au Sud-Eft. On apperqoit fort ai-
fément ce dernier de la mer, puifque la côte dans cet endroit fe
courbe du Nord à l’Oueft. Sur le Cap même, il coule une riviere
qui eft plus grande que toutes celles de cette ifle , & qui dans la'
haute marée a fept pieds de profondeur. Elle fort d’un grand lac qui
eft à une werft & demie de fon embouchure ; & comme cette riviere
devient plus profonde à proportion qu’elle s’éloigne de la mer,
lesVaîffeaux peuvent aifément la remonter jufqu’au lac, où ils
trouventjun ancrage sûr. Il eft environné, comme par une muraille,
de hautes montagnes qui le mettent à l’abri de tous les vents. La
marque principale pour reconnoître cette riviere lorfquon eft
en mer, eft une ifle qui a fept werfts de circuit, & qui eft au Sud
a fept werfts de fon embouchure. La côte depuis cet en d ro it, en tirant
vers l’O u e ft, eft baffe & fabloneufe l’efpace de cinq werfts. Les
environs de ces côtes font fans é,coeuils, ce qu’il eft aifé de ,con-
noitre parce qu’on n’apperqoit point d’endroits où Ton voie l’eau
bouillonner quand le vent fouffle.