entiere. Cela provenoit fans doute de la nature de ee bois qui prend
plus l’humidité que les autres bois réfineux. On crut d'abord qu’ij
ne pourroit jamais tenir la mer , & que 1a moindre çhaige le feroit
çouler à fond ; cependant il en' arriva tout autrement, çar après
avoir reçu fa cargaifon , il ne prit pas plus d eau qu auparavant ; &
il n’y avoir point deVailfeau qui fût meilleur voilier, ni qui pût
mieux louvoyer.
Les côtes orientales du Kamtchatka font plus abondantes en bois ;
on y voit croître abondamment ,' près de la mer, fur les montagnes
même, & dans les plaines les plus beaux bois d’aune & de bouleau,
Cen’eft qu’au-delà de la riviere Joupanowa que l’on trouve des fo.
têts d.e Mélefe ouLarjx: elles s’étendent jufqu aux montagnes,d’où
la riviere de Kamtchatka prend fa fource, On voit au® des bois de
Mélefe, le long de cette riviere, j ufqu a l'embouchure de celle d’£-
lowka , & en remontant cette derniere jufque près de fa fource. Il
croît encore dans ces heux des fapins ; mais ils ne font ni aflez grands,
ni aifez gros pour être employés à L charpente, ni à la çonftruction,
Aux environs de l’Ifthme étroit qui joint le Cap du Kamtchaiki
au continent, on ne trouve plus de bois, excepté de petits cédrçs
qui viennent à la hauteur d’un homme & quelquefois moins ; des
bouleaux, des aunes & des peupliers rabougris ; aulïï ces lieux ne
peuvent-ils être habités que par les Koriaques à Rennes qui y fopï
paître leurs troupeaux.
CHAPITRE
C H A P I T R E I I.
Variations de l ’Air & des Saifins au Kamtchatka.
L ’Automne & l’Hiver durent plus de la moitié de l’année , de
forte qu’il n’y a que quatre mois de Printemps & d’Eté. Les arbres
ne commencent à & couvrir de feuilles qu’au mois de Juin, & les
gelées blanches paroilferjc dès les premiers jours d’Août, comme,
on l’a déjà dit.
L’Hiver efl: modéré Si confiant, de forte qu’on n’éprouve ni des
froids violents, ni de grands dégels comme à Iakoutsk. Le mercure
du Thermomètre de M. de Lille a toujours été entre cent foixante
& cent quatre-vingts degrés. On a remarqué feulement que dans le
mois de Janvier, il efl defcendu jufqu’à, deux cents cinquante degrés
; ce qui arriva à caufe d’un froid extraordinaire que nous, eûmes
deux années de fuite. Ce mois efl toujours plus froid que les autres,’
& le Mercure dans ce temps-là efl ordinairement entre cent foixante-
quinze & deux cents degrés. Les Kamtchadals m’ont cependant affûté
n’avoir jamais reffenti de froid au® rigoureux que celui qu’il fit pendant
m on féjour dans ce Pays. Comme j’étois étudiant, ils avoient
l’idée ridicule que j’étois caufe de ce froid ; parce qu’ils appellent un
Etudiant Chakainatch, mot qui lignifie glacé : mais j’ai bien de la
peine à croire que les Hivers précédents aient été plus doux, puif-
que pendant quatre années de féjour que je®s au Kamtchatka, le froid
relia conllamment au même degré. La feule chofe qui rend le temps
de l’Hiver fort incommode, c’ell qu’il y a fouvent d’affreux ouragans
meles de tourbillons qui couvrent entièrement de neige toutes les
maifons -, ils font plus fréquents à Kaintchatskoi-Ollrog inférieur.
Tome II. T t