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C H A P I T R E IX.
D e la maniéré de voyager dans des traîneaux tirés par des Chiens,
& des différents Harnois.
I —i E s Chiens du Kamtchatka ne différent en rien de nos Chiens,
domeitiques. Ils font pour l’ordinaire de taille moyenne , de différentes
couleurs, comme les nôtres, mais plus communément blancs,
noirs Si gris, que de toute autre couleur.
Ceux dont on fe ièrt pour le traînage font coupés, & l’on en met
ordinairement quatre à un traîneau ( N°. X. )r, deux proche le traîneau,
& deux en avant. Ces quatre Chiens s’appellent au Kamtchatka
un Narta, de même qu’on appelle chez nous un attelage, plu-
fieurs Chevaux réunisà une voiture.
Les harnois néceflàires pour l’équipage des traîneaux , font \'A~
laki, le Pohegenik, îOu^da ou rênes, & les Qekeiniki ou colliers.
Les traîneaux font faits de deux morceaux de bois courbés ; ils
choififfent pour cet effet un morceau de bouleau qui ait cette forme
ils le féparent en deux parties, & les attachent: à la diftance de treize
pouces pat le moyen de quatre traverfes ; ils élevent vers le milieu
de ce premier chaflis quatre montants qui ont dix-neuf pouces d’é-
quariflàge environ. Ils établiflentfur cesquatre montants le fiége, qui
eft un vrai chaflis, de trois pieds de long.fur treize pouces de large ;:il
eft fait avec des perches légères & des courroies. Pour rendre le traîneau
plus folide, ils attachent: encore fur le devant du traîneau un
bâton qui tient, par une de lés extrémités, à la première traverlé ,
& par l’autre, au chaflis qui forme le liège.
Les Alaki, ou les traits, font compofés de deux courroies larges
& fouples qu’on attache fur les épaules des Chiens, à une efpeee
de poîtraiL II y a au bout de chaque Alaki une petite courroie avec
un crochet qu’on place dans un anneau qui eft fur le devant du
traîneau.
Le P ohegenik eft une longue courroie qui fert de timon ; elle
eft attachée par un crochet à un anneau qui eft affermi fur le devant
du traîneau, & par l’autre bout au milieu d’une petite chaîne.
Les Chiens font attachés à l’extrémité de cette chaîne, qui les empêche
de s’écarter.
L *Ouçda ou la bride, eft une courroie garnie d’un crochet Si d’une
chaîne qu’on attache aux chiens de la volée ; elle tient par une de fes
extrémités au traîneau, ainlî que le Pohegenik, Si par conféquent
elle eft plus longue. Les Ocheiniki ou colliers font faits de peau
d’Ours, dont le poil eft en dehors j ils ne fervent que pour l’ornement.
Les Kamtchadals conduiiènt leurs Chiens avec un bâton crochu
de la longueur d’une archine & demie , ou d’environ trois pieds : ils
nomment ce hâton Ochtal. On attache à une de lès extrémités plu-
fleurs grelots qu’ils fecouent pour faire aller les Chiens avec plus de
vîteffe. Us les arrêtent en enfonçant le bâton dans la neige. Quand
ils veulent aller à gauche, ils crient ouga , en frappant fur la neige
avec ce bâton, ou fur le traîneau. Us crient kna , kna , quand ils
veulent aller à droite, & le Conducteur met en même-temps un
de fes pieds fur la neige , afin de retarder leur vîteffe par le frottement.
Us ornent quelquefois ce bâton, ainfî que leurs traîneaux, de
courroies de différentes couleurs, pour plus d’élégance. Ils s’affeyent
fur le côté droit du traîneau, les jambes pendantes ; ce feroit un
deshonneur de s affeoir dedans, ou de fe faire conduire par un guide,
parce qu’il n’y a que les Femmes qui s’y affeyent Si qui prennent
des Guides.
Un attelage de quatre bons Chiens vaut au Kamtkatka quinze
roubles { ou 75 liv. de France ) , Si avec leurs harnois vingt rou-
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