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 qui peut leur faire plaiiir ; ils ne fuivent pas en  cela l’ufage des Kamt-  
 chadals,  qui  forcent  leurs  Convives à manger plus  qu’ils  ne veu.  
 lent.  Leurs meilleurs mets,  c’eft de la  grailfe, &  de la chair entrelardée; 
  & en général tous les Peuples barbares & errants,  regardent  
 la chair bien graife comme un mets  exquis.  Ils  l’aiment il paüion-  
 nement,  qu’un  Iakouti  confendroit  plutôt à perdre un ceuil, que  
 de  fe priver  de  manger  d’un  morceau de chair  de  Jument  bien  
 grafle, où entrelardée ; & un Tchouktchi, d’un Chien gras. Quoi,  
 qu'un  Iakouti  foit  convaincu  que  le  vol  d’une  feule  bête  d’un  
 troupeau  fera  puni  par  la  confifcadon  de  tous  fes  biens,  il  ne  
 peut s’empêcher, quand l’occâfîon  s’en préfente ,  de voler  une Jument  
 qui lui paroît bien  grade,  fe  coniblant de  fon malheur  par  
 le fouvenir d’avoir goûté d’un morceau auiïi délicieux. 
 Le vol chez toutes ces Nations fauvages , excepté chez les Kamr-  
 chadals, eft nop-feulement licite, mais même loué& eftimé , pour-  
 vu toutefois qu il ne fe fade  pas dans la famille ,  Si qu’on foit allez  
 adroit pour n etre pas découvert.  Car  on  punit  lévérement  le  voleur  
 qui  eft pris fur le fait,  bien moins pour  le vol  en  lui-même,  
 que pour avoir manque dadredè.  Une  Fille  chez  les Tchouktchi  
 ne peut époufer un homme, qu’il n’ait donné auparavant des preuves  
 de fa  dextérité à voler. 
 Quant au meurtre,  il  n eft puni que  quand on le  commet fur  
 quelqu un de fa  famille ou de  fes concitoyens ; dans ce  cas les parents  
 du défunt ne manquent pas  d’en tirer vengeance  : s’il leur eft  
 étranger, perfonne ne s en embarrade & n’y prend aucune part. Le  
 meurtre eft d autant plus commun parmi  eux  ,  qu’ils n’ont  aucune  
 idée  des  peines  &  des  châtiments de l’autre  vië, 
 Une chofe fort louable  dans  cette  Nation  ,  c’eft  que malgré  
 l’amour extrême qu’ils ont pour leurs  enfants ,  ils les accoutument  
 des 1 âge le plus tendre à la fatigue & au travail. Us les traitent comme 
 d u   K a m t c h a t k a .  
 des EfclaVes  ,  ils  leur  envoient  chercher du  bois & de  l’eau, leur  
 font porter des fardeaux , avoir foin des  troupeaux de Rennes,  &  
 les emploient à d’autres travaux  de  cette nature. 
 Les  riches  s’allient  avec  des  familles  riches  ,  &  les  pauvres  
 avec les pauvres,  iàns  avoir  aucun  égard pour  l’efprit  ni pour la  
 beauté.  Us prennent  d’ordinaire leurs  femmes dans leurs familles, 
 : comme,  par exemple,  leurs  Coulînes germaines,  leurs  Tantes,  
 ¡leurs Belles-Meres ; ils en exceptent leurs Meres,  leurs Filles,leurs  
 Soeurs, & leurs Belles-Filles.  Il  faut  qu’ils  touchent leurs Futures,  
 de même que chez les Kamtchadals ; & l’on ne marie  point les jeunes  
 gens,  qu’ils n’aient  fatisfait à cette  cérémonie.  Celui  qui veut  
 lie marier , quelque  riche qu’il foit  en troupeaux de Rennes  ,  doit  
 travailler pour obtenir fa Future , trois, & quelquefois même  cinq  
 années,  chez fon futur Beau-Pere : on leur permet  de coucher  en-  
 jfemble, quoique la Future  n’ait  pas  encore été touchée.  Au  relié  
 telle eft enveloppée  jufqu a  ce  que  la  cérémonie  du  mariage  foit  
 Iachevée, mais ce n’eft  que  pour la  forme.  Ils n’obfervent  dans  la  
 ¡célébration de  leur  mariage  aucune cérémonie  qui  mérite  d’être*  
 [remarquée. 
 Ils époufent jufqu a  deux ou trois femmes  ,  & les entretiennent  
 [dans des endroits féparés , donnant à chacune,  des Bergers  &  des  
 [troupeaux de Rennes.  Us  n’ont  pas  de  plus  grand plaiiir que  de  
 [ palfer d un endroit dans un autre,  pour examiner  leurs troupeaux.  
 U ne chofe étonnante,  c’eft qu’un Koriaque ,  fans  favoir  prefque  
 j compter,  s’apperçoit au premier coup d’oeuil, & dans un nombreux  
 troupeau,  d’une Renne  qui  manqué,  &  il pourra  même dire de  
 quelle couleur elle eft. 
 ls n ont point de  Concubines  ;  cependant  quelques-uns d’eux  
 en entretiennent, on les appelle dans leur langue Keiew : mais loin  
 en faire autant de cas que les Kamtchadals, ils ont du mépris pour  
 e les; & c eft un outrage très grand chez eux,  que  d’appeller quel